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Chroniques
Ce n’est pas le moment
Par Synda Tajine
07/03/2023 | 17:59
4 min
Ce n’est pas le moment


« Mouch waktou [Ce n’est pas le moment] » avait répliqué Hamma Hammami lors de la manifestation du weekend à l’adresse de la foule qui scandait « Ghannouchi, assassin ! ». Lui voulait dire que le contexte impliquait des combats plus urgents, mais son message avait été mal accueilli par ceux qui avaient encore espoir que justice soit rendue au sang des martyrs Belaïd-Brahmi. C’est que, lorsqu’on est un homme politique de la trempe de Hamma Hammami, on ne peut se permettre de tomber dans des pièges aussi grossiers. Les assassinats de ses camarades Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi sont des combats intemporels. Les grandes causes sont toujours d’actualité, peu importe si d’autres combats, importants aussi, sont à mener.

 

La tristement célèbre « Mouch waktou » n’est pas propre au militant Hamma Hammami. On nous avait toujours dit que ce n’était pas le moment lorsqu’on avait parlé de libertés individuelles, de liberté de conscience, de libertés sexuelles, de dépénalisation du cannabis, d’homosexualité et de combats féministes. Les libertés des femmes et l’égalité entre les deux genres ne sont pas l’urgence du moment. Elles ne l’ont d’ailleurs jamais été. Pas du temps d’Ennahdha qui considérait la femme comme « la complémentaire » de l’homme, ni de celui de Kaïs Saïed qui a décidé de jeter aux oubliettes la loi sur l’égalité successorale. Le droit des femmes devra-t-il attendre des jours meilleurs pour être, enfin, mis sur le devant de la scène comme étant le droit de la population entière ?

 

On pourrait être tentés de dire que dans le marasme actuel, les femmes peuvent attendre. Que leurs droits ne sont pas prioritaires à une crise économique qui risque de nous entrainer plus au fond ; à une montée en puissance des répressions et des arrestations arbitraires des opposants politiques ; au racisme ambiant ; aux pénuries ; à l’inflation ; aux problèmes d’éducation, de transport, de chômage… La liste est infinie. Et pourtant, les violences faites aux femmes ne connaissent, elles, pas de répit.

 

Une situation qui a alarmé le Comité des Nations Unies pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes. Le Cedaw a en effet, pointé du doigt « le taux élevé de violence sexiste à l'égard des femmes, en particulier le nombre élevé de féminicides, qui a augmenté pendant la pandémie du Covid-19, mais la non-adoption du projet de loi incriminant le viol conjugal ».

Le Cedaw s’est dit également alarmé face aux discours de haine et le harcèlement qui menacent les femmes dans la vie politique et publique et la faible représentation des femmes aux postes de décision dans l'appareil judiciaire et le service diplomatique.

 

Alors que la Tunisie s’enfonce, chaque jour un peu plus, dans l’inconnu à cause de l’incertitude politique qui prévaut, les vrais débats sont souvent oubliés et supplantées par des questions qu’on pensait déjà résolues. Au lieu de se consacrer à l’essentiel, de s’atteler à l’édification et à la réforme, on creuse de nouveaux trous qu’on perd un temps précieux à combler et on s’invente de nouveaux problèmes qu’on pensait avoir déjà résolus.  

 

Les droits des femmes sont-ils ce luxe inatteignable pour le Tunisien. Une préoccupation de riches – semblable au stress, aux maladies mentales ou à la notion de bien-être - qui n’a pas de place dans le quotidien de celui qui se bat pour son quota de farine, pour l’éducation de ses enfants, pour son salaire, pour son transport et pour un soupçon de dignité.

La femme doit-elle se taire à partir du moment où elle n’est plus brûlée sur un bucher, enterrée vivante ou lapidée sur la place publique ? Doit-elle s’estimer chanceuse puisqu’elle a acquis le droit de vote, la liberté de divorcer et le privilège de faire des études et de travailler ?

La fin des inégalités, des violences de toutes sortes exercées sur elle, des discriminations de genre sont-elles réellement des problèmes de riches ? Les inégalités salariales, les préjugés sexistes, les féminicides et les violences en tout genre sont-elles un véritable sujet ? Peut-on en parler ou faudra-t-il attendre d’avoir résolu la crise économique, la débâcle politique, les violences policières, la corruption, la contrebande et la faim dans le monde ?

 

Le monde fête demain, 8 mars, comme chaque année, la journée internationale des droits des femmes. Des générations de femmes se sont battues, depuis des années, pour que la femme puisse enfin avoir son mot à dire, exprimer ses opinions et montrer au monde ce qu’elle est capable d’accomplir. Ou, au moins, éviter de mourir sous les coups d’un conjoint, et être considérée comme un être humain à part entière. Aujourd’hui encore, le chemin à parcourir reste long et malgré tous les défis qui se posent à nous au quotidien, ceux que rencontrent les femmes, à cause de leur condition de femme, sont tout sauf secondaires…

 

 

Par Synda Tajine
07/03/2023 | 17:59
4 min
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Commentaires
Gg
Un homme sur deux est une femme.
a posté le 09-03-2023 à 15:58
Alors en quoi est-il gênant qu'une femme soit commandant de bord d'un avion, ou d'un avion de chasse, ou dirige une entreprise, même grande, ou soit chirurgienne, ou dirige une nation etc...
Question de compétence, un point c'est tout. Une femme peut même être aussi con qu'un homme, c'est pas peu dire!
SARAH
Mais surtout pas pour le femmes Putschsites!
a posté le 08-03-2023 à 18:33
Joyeux anniversaire pour la Journée internationale de la femme. Vive nous les femmes, merci à toutes les mères, filles, collègues et amies !
Sael
réaction
a posté le à 17:55
et dans un autre article sur BN, vous appelez à plus de solidarité entre femmes...hhh
Zarzoumia
Femme je vous aime
a posté le 08-03-2023 à 14:43
Il n'est jamais le moment car on vit hors du temps. L'anachronisme est une culture pour nous. On trouve toujours les excuses pour arrêter le temps voire revenir dans le temps mais jamais avancer dans le temps. Incapables d'envisager un avenir, on est foncièrement nostalgiques pour ne pas dire conservateurs, conformistes, passéistes, traditionalistes, réactionnaires ou rétrogrades.
On a grandi avec les poètes qui pleurent les ruines (bouka ala atlal) au point qu'on ne peut qu'engendrer la ruine pour le plaisir de pleurer un passé glorieux chimérique. La ruine des nations et la ruine morale est notre culture.
Malheureusement, la condition de la femme n'échappe pas à cette culture.
Le jour où on comprendra qu'on naît pas femme, on le devient, beaucoup de choses iront mieux.
Femme je vous aime.
Lol
C'est toujours le moment
a posté le 08-03-2023 à 11:23
Ces politiciens aux intérêts changeants ne sont pas un repère.
Hama, Najib , ben sedrine, ... Ne sont plus ce qu'ils étaient pendant la dictature de zaba.
Les femmes ne doivent pas attendre l'aval d'un homme ou d'un politicien pour lutter pour leurs droits. Il y a encore tellement de choses à changer, et pas seulement les lois.
Rien ne vous empêche de militer si vous êtes aussi convaincue alors au boulot
Abidi
Militant
a posté le 08-03-2023 à 07:13
Mme si hamma hammami est un militant,moi je suis le tche , et d'ailleurs entre militant vous vous reconnaissez car vous et hamma avez fait trembler Ben Ali
ESSAI
Egalité
a posté le 08-03-2023 à 05:33
Je ne fete ni ne célèbre plus rien
DHEJ
Ce n'est le lieu non plus!
a posté le 07-03-2023 à 21:43
Un article marmite!
Sael
Reaction
a posté le 07-03-2023 à 20:49
1. Oui, parce que la famine ne discrimine pas, contrairement aux gens. Quand les gens auront faim, et ce sera la merde (guerre civile ou guerre), vous, comme la majorité d'entre vous, resterez chez vous en sécurité, pendant que nous, hommes, vous protégeront de ceux qui vous violeront, vous aggresseront, et vous tueront. C'est une loi universelle, historique, que la majorité des féministes, même parmi les plus radicales, accepteront volontiers le moment venus.

2. La citadine propriétère/directrice d'une entreprise et qui embauche des ouvriers et des ouvrières, ne discriminera pas. Salaire minimum reste salaire minimum, qu'importe votre sexe. C'est une règle générale, mais il existe des exceptions. Cela dit, n'oublions pas que des différences entre les sexes existent, qu'importe ce que certains idéologues et activistes 'pensent'. Donc non Madame, les inégalités concernant les femmes ne sont pas un luxe. Personne ne dit ça. Mais étrangement, celles qui se plaignent le plus sont celles qui devraient se plaindre moins que d'autres. Je parle en règle générale. Les premières féministes dans l'histoire sont des personnes issuent de famille de 'bourgeois', ou mariées à un 'bourgeois'. La majorité des rapports parlent d'égalité dans la politique, parmis les hauts gradés dans les administrations et les entreprises. La majorité des féministes ont un certain ni eau d'éducation, et donc, sont généralement issus d'une classe sociales, et c'est pour ça que la majorité des féministes se comparent généralement à ceux du même niveau social qu'elles, se comparent et critiquent ceux en haut de la hiérarchie sociale.

3. Changer la loi est une chose, changer la mentalité en est une autre. Si je suis pour l'égalité successorale, je sais aussi les risques qui vienne avec dans une société ou la majorité de la population est traditionalistes. Vous donnez le même salaire à une ouvrière agricole, les hommes voudront plus puisqu'ils le verront comme une insulte.

4. Donc oui Madame, donnons la priorité à l'économie, parce que ce n'est qu'en temps de paix relative que la société progresse, et que la violence envers les femmes arrêtera d'augmenter.

5. Le rapport entre "mouch waktou" et les assassinats/jugements est tellement abusé que vous devriez en avoir honte. Les hommes sont les premiers victimes d'assassinat, d'emprisonnement et de violence. Voulez-vous égaliser cela aussi tout en prétendant que la femme est l'égale de l'homme?
Gg
Différence ou inégalité?
a posté le à 16:10
"Cela dit, n'oublions pas que des différences entre les sexes existent, qu'importe ce que certains idéologues et activistes pensent"
En effet, il suffit de voir une femme et un homme nus, côte à côte, pour en être convaincu!

"Donc non Madame, les inégalités concernant les femmes ne sont pas un luxe"
En effet, c'est juste une connerie de mâle mal élevé et stupide.

Un homme et une femme sont différents, mais l'un(e) n'est pas moins que l'autre. Différents, et égaux.
Sael
Réponse
a posté le à 18:07
""Donc non Madame, les inégalités concernant les femmes ne sont pas un luxe"
En effet, c'est juste une connerie de mâle mal élevé et stupide."

Je ne comprends pas ce que vous essayez de dire?

"Un homme et une femme sont différents, mais l'un(e) n'est pas moins que l'autre. Différents, et égaux."

Je suis pour plus d'égalité, surtout dans les pays comme la Tunisie, mais il faut aussi une limite à cette égalité. 50%-50% de députés OK si 50%-50% d'éboueurs, de mineurs, d'ouvriers en construction...et cetera. '?a n'arrivera jamais, et c'est pour ça que les féministes parlent d'inégalités et d'oppression dans certains métiers. Deuxièmement, les USA ont un standard de sélection dans l'armée différent pour les femmes. Des hommes sont contre l'idée d'avoir des femmes sélectionnés selon un standard différent puisqu'ils craignent pour leur vie. Les études le démontrent, physiquement, les hommes dominent. Il y a des femmes qui arrivent à soumettre des hommes physiquement, mais généralement, les hommes dominent. Je ne vais pas m'aventurer sur le sujet des différences mentales et émotionnelles sinon on me traitera de conservateur cherchant à maintenir la société patriarcale et que cela s'explique certainement par les complexes que j'ai développé parce j'ai été rejeter par des femmes, et j'ai un petit pénis, et je suis moche, et con, et ignorant, et et et...
Gg
Ben Oui
a posté le à 19:08
"parce j'ai été rejeter par des femmes..."
Voila, je disais plus haut qu'une femme peut être aussi conne qu'un homme!
Désolé si je vous ai blessé.
Sael
Reaction
a posté le à 21:05
Je citais le genre de chose que certaines femmes disent à des hommes par vengeance pour ne pas soutenir le féminisme de dernière vague. Je ne parle pas de moi. Donc, pouvez-vous répondre à ma question ou continuer dans votre délire ?
Gg
'?crivez clairement
a posté le à 00:21
Et je vous comprendrai.
En matière de délire, vous êtes un bon, je vois.
Je ne vous salue pas, finalement vous n'êtes qu'un primate misogyne ordinaire!
Sael
Reaction
a posté le à 05:51
Pour être pilote de chasse, il faut une certaine condition physique que beaucoup de femmes n'ont pas.

Vous savez, ce n'est pas de ma faute si vous êtes physiquement, intellectuellement et académiquement inférieure à moi.