
Par Sofiene Ben Hamida
L’annonce de la décision de Ghazi Chaouachi de quitter Attayar a relancé les supputations sur une éventuelle sortie de crise politique qui se fera sous forme de rapprochement entre Carthage et le Bardo, au détriment de la Kasbah bien entendu, et dont l’adjuvant serait le secrétaire général sortant d’Attayar. Seulement, ce scénario, compte tenu de la complexité de ses paramètres, ne permet pas une véritable sortie de crise. Il signifie tout au plus le départ de Hichem Mechichi.
Dans un style télégraphique, le secrétaire général d’Attayar Ghazi Chaouachi a annoncé dans la soirée de vendredi dernier qu’il se retire du parti. Cette démission met à nu ce qu’on savait déjà : c’est que les choses ne vont pas bien à l’intérieur d’Attayar et que la nomination de Ghazi Chaouachi à la tête du parti au début d’octobre dernier, n’a pas totalement comblé le vide laissé par la décision de Mohamed Abbou de quitter la vie politique.
En effet, Chaouachi n’a pas réussi à créer un courant fort à l’intérieur du parti capable de faire face au courant dominant conduit par les époux Abbou. Le principal point de discordance entre les deux courants, c’est la position à l’égard du parti islamiste Ennahdha. Les deux clans s’accordent, avec leur allié dans le bloc parlementaire, le mouvement Echâab, à soutenir sans réserve, le président de la République Kaïs Saïed. Mais, alors que le premier courant adopte une position radicale contre le parti islamiste, l’accusant de malversations, de corruption et d’être l’un des responsables majeurs des problèmes du pays durant la dernière décennie, Chaouachi et ses amis - tout en partageant cette même vision des choses - sont plus diplomatiques au niveau du discours envers Ennahdha et ne ferment pas totalement les portes au nez du parti islamiste en vue d’une éventuelle possibilité de réconciliation entre les deux formations politiques.
C’est probablement pour cette raison que le départ de Chaouachi a rouvert la porte aux pronostics sur une éventuelle sortie de crise. Cette hypothèse repose sur une possible rencontre entre le président de la République et le président du Parlement, fruit d’une énième médiation de la part du secrétaire général de l’UGTT Noureddine Taboubi. Au cours de cette rencontre, les deux hommes enterrent la hache de guerre, délimitent les sphères des prérogatives de chacun et se mettent d’accord sur une personnalité, en l’occurrence Ghazi Chaouachi, pour remplacer l’actuel chef de gouvernement Hichem Mechichi. Que ce dernier soit confronté à une motion de censure au sein du Parlement, ou contraint à présenter sa démission au président de la République, le résultat est le même et son successeur consensuel serait Ghazi Chaouachi.
Mais quand bien même ce scénario trouve son application dans les faits, son impact sur la situation économique et sociale reste mineur. Le pays a besoin en effet d’une vision nouvelle pour trouver les solutions aux problèmes structurels du modèle de développement tout en offrant? dans l’immédiat, des lueurs d’espoir aux contingents de chômeurs et aux laissés-pour-compte. N’en déplaise à certains, le débat national proposé par l’UGTT reste une urgence et, pratiquement, le seule issue qui s’offre encore au pays pour sortir de la crise économique, sociale et politique sans précédent.
En définitive donc, ce scénario permettra, tout au plus de faire baisser d’un cran la tension politique dans le pays, de contourner le problème réel du régime politique mis en place depuis 2014 et de reporter encore une fois la confrontation inéluctable dont l’un des acteurs est le président de la République, à la limite de l’anarchie, qui affiche son aversion pour le système politique existant sans dévoiler les contours du modèle de substitution qu’il propose alors que l’autre acteur est le chef des islamistes et actuel président de l’ARP qui s’accommode bien de ce système et s’en accapare pour en devenir pratiquement le seul maitre.



D'un autre côté, on peut s'imaginer qu'il serait très malaisé à Kaïs Sayed, après plus d'un mois de crise politique et connaissant sa rigidité sur les principes moraux et sa ténacité quant au résultat qu'il veut absolument obtenir, de se contenter d'un simple départ du Chef du gouvernement. C'est très peu vu la trahison de Mechichi et son entêtement à conserver sa fonction, l'insolence de certains députés de Qalb Tounis à l'égard du chef de l'Etat et les man'?uvres souterraines de Ghannouchi. C'est carrément plus qu'il veut.
Or, l'initiative du déblocage venant du côté adverse du Président, mettrait celui-ci en position de force et le conduirait à imposer d'entrée de jeu des conditions impossibles à satisfaire. Le problème est crucial surtout que le retard du lâchage de Mechichi par Ghannouchi risque de coûter très cher à ce dernier. L'enjeu ne sera plus alors l'entente sur la personnalité du chef du gouvernement, mais le partage du pouvoir. Combien de ministères régaliens pour l'un contre des ministères régaliens pour l'autre. Sans des concessions majeures de ce type le dénouement de la crise n'aurait aucun sens car cela signifierait qu'on retourne au point de départ. De plus, sans ces avantages le président se verrait rougir d'humiliation en s'apercevant qu'il se serait fait rouler dans la farine par le gourou.
La fin de la crise passera peut-être par le contournement de la Constitution.
je ne cesse de me sentir déçu, triste et regrétant envers la plupart de nos chers journalistes et chroniqueurs. Non pas à cause de leurs opinions, chose sacrée que des milliers de nos militants en ont payées de leurs corps et âmes durant des décennies, mais pour la faiblesse des positions qu'ils s'en associaient tout en se mêlant entièrement dans des querelles futiles, dëpassées et tranchées par la constitution. Au lieu de se consacrer aux justes et impératifs tâches envers le pays et le peuple, et garder le minimum de respect de leur métier et morale du média.