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Chroniques
Boire la coupe jusqu’à la lie
Par Houcine Ben Achour
10/10/2019 | 20:30
3 min
Boire la coupe jusqu’à la lie

Dimanche prochain, le marathon électoral prendra fin. Mais ce ne sera pas fini pour autant puisque un autre marathon prendra le relais et dont on n’imagine déjà pas la fin. L’installation du nouveau président de la République, celle des nouveaux élus à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et la mise en place des commissions parlementaires, la désignation d’un chef du gouvernement chargé de former un nouveau gouvernement et de solliciter la confiance d’une majorité parlementaire… Autant dire, ce processus risque de durer au moins jusqu’à la fin de l’année, dans la meilleure des hypothèses. En tout cas, cela va rallonger d’autant la durée de vie du gouvernement de Youssef Chahed.

Après la terrible sanction essuyée dans l’élection présidentielle et la débâcle de son parti aux élections législatives, c’est avec un moral en-dessous de zéro que Youssef Chahed et son gouvernement sont désormais chargés d’expédier les affaires courantes, en attendant la formation d’un nouveau gouvernement.

Visiblement, le gouvernement s’y plie. A preuve, la tenue ce jeudi d’un conseil ministériel consacré au projet de budget de l’Etat 2020. A cet égard, une question s’impose : Youssef Chahed aurait-il décidé de se faire violence, résolu à boire la coupe de l’échec jusqu’à la lie ? Car enfin, il ne sert à rien d’élaborer un projet de budget dont on sait pertinemment qu’il sera modifié. Qu’avait-il à s’embarquer dans un tel processus ? Pourtant les raisons ne manquent pas pour éviter cette vraie-fausse obligation. Un projet de budget ne peut aucunement faire partie des affaires courantes chargées d’être expédiées par un gouvernement sortant. D’autre part, à quoi servirait un tel projet dès lors qu’il est probable sinon certain qu’il sera modifié par le prochain gouvernement qui y reflétera ses choix socioéconomiques.

A la place, n’était-il pas préférable pour le gouvernement d’invoquer l’article 50 de la loi organique du budget qui stipule que, si le projet de loi de finances n’est pas adopté dans un délai ne dépassant pas le 31 décembre – ce qui semble être le scénario le plus vraisemblable -  il peut être procédé à son exécution en matière de dépenses, par tranches de trois mois renouvelables par décret présidentiel. Quant aux recettes, elles sont recouvrées selon la législation en vigueur. Bien entendu, l’Assemblée des Représentants du Peuple en sera informée avant l’adoption du projet de la loi des finances de l’année.

Youssef Chahed a fait le choix d’élaborer un projet de budget. Faut-il considérer son choix comme étant un dernier baroud d’honneur, avant que les apparitions médiatiques ne deviennent de plus en plus rares ? En tout cas, la sortie est hasardeuse pour prendre date. Car, ce projet de budget de l’Etat est totalement irréaliste, dangereux même. Laisser fuir les dépenses de la sorte (+15% de hausse des dépenses) sans perspectives d’accroissement significatif du budget d’investissement constitue un rétropédalage aux conséquences désastreuses et sur les finances publiques et sur l’activité économique.

Youssef Chahed et son gouvernement affichent un bilan économique à mille lieues des promesses formulées lors de son investiture en août 2016 et réitérées le 14 janvier 2017 devant les étudiants de l’IPEST. A l’époque, on avait promis une croissance économique de 5% en 2020, un déficit budgétaire limité à 3% du PIB, un budget des rémunérations qui ne dépassera pas 12,5% du PIB, un taux d’endettement plafonné à 70% du PIB, une inflation ramenée sous la barre des 5% et un taux de chômage ne dépassant pas 12% de la population active. Aujourd’hui, on est loin du compte. Le projet de budget 2020 éloigne davantage cette perspective. Et ce n’est pas la délégation du FMI actuellement en visite-staff qui dira le contraire.

Décidément, Youssef Chahed veut boire la coupe jusqu’à la lie.

Par Houcine Ben Achour
10/10/2019 | 20:30
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Commentaires (7)

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Manixsv
| 11-10-2019 19:17
Ennardah etant le premier parti aux legidlative, Chahed, son précédent premier ministre se place pour garder le poste pour lequel il aurait deja dû demissionner....

Au fait il n'aurait pas annulé sa demande de renonciation à la nationalité Française ?

Baraka
| 11-10-2019 15:44
Pour réduire notre déficit ,il est impératif de revoir a la baisse les salaires des députés, ministres secrétaires d'?tat, président.....et autres hauts salaires des fonctionnaires de l'état.....
Moins 30% sur ces salaires pendant les cinq prochaines années.

Rationnel
| 11-10-2019 13:28
La majorité du budget en Tunisie est déjà décidé, le gouvernement a une marge de manoeuvre réduite:
Le budget va augmenter de 15%, donc ça sera au alentour de 47 milliards de dinars.
Avec une inflation de plus de 7%, ce n'est qu'une augmentation réelle de 8%. Une augmentation de 3 milliards de dinars de 2020.
Les nouveaux problèmes vont nécessiter un montant plus important, le litige BFT peut engendrer une dépense de 1 milliard de dollars soit 2,85 milliards de dinars, presque toute l'augmentation. L'augmentation de 15% ne sera pas suffisante.
La CPG a fait faillite et ses dettes sont garanties par l'état donc le gouvernement est tenu a les rembourser. La CPG a son tour a des factures impayées auprès d'autres sociétés étatiques dont les dettes sont garanties par l'état ( 800 millions de dinars).
D'autres dépenses s'aggravent comme les déficits des caisses de retraites.
Après les dépenses nécessaires comme les salaire, le remboursement de la dette, les dépenses de gestion, il ne reste qu'un petit montant pour faire des choix, environ de 1 milliard de dinars. A titre de grandeur, une seule usine auto coûte 3 milliards de dinars. Volkswagen va dépenser 150 milliards de dinars pour rejoindre la révolution des voitures électriques pou 8 usines (4 en Allemagne, 2 en Chine, 1 au USA, 1 en Czeck). .
Chahed et son équipe peuvent compléter le cote pré-determine du budget et laisser le prochain décider sur les 2% du budget qui restent.
On doit expliquer aux gens que vu les conditions financières on peut espérer grand choses. Des partis promettent ponts et merveilles et personne ne dit la vérité.

Nephentes
| 11-10-2019 11:00
Depuis que je hante votre rubrique commentaires j'ai toujours essayé de souligner que le peuple tunisien avait en 30 années à peine culturellement et "moralement " régressé de manière tragi-comique,
et que les résultats de ce cataclysme sont désormais directement observables au niveau de notre société et de l'attractivité économique du pays

Youssef Chahed est juste le syndic de faillite....

Alors que les clowns bédouins qui font office de population se distraient comme il peuvent autour ce ces "élections" , comme une bande d'ivrognes se distraient autour d'un méchoui au bord d'une décharge sauvage,

Le rapport 2019 du Forum de Davos, devenue référence majeure en matière d'attractivité et de bonne santé socio-économique d'un pays

nous livre des résultats édifiants -et passés totalement inaperçus par notre Peuple Grandiose

Apres avoir été classés en 2002- 2010 parmi les nations émergentes les plus attractives du monde en termes de stabilité institutionnelles de robustesse du secteur bancaire de capital humaine de compétitivité de risque juridique etc...

Nous sommes piégés dans une spirale infernale de dégradation constante de nos performances en termes d'éducation, de productivité, de stabilité, de corruption, de gouvernance

mais nos mezzaoudias sont occupés à leur nouba...

On a les priorités et les centres d'intérêts que l'on mérite

Tounsi-Horr
| 11-10-2019 10:28
Le mérite de ces élections Tunisiennes, c'est de démasquer ce tas de ramassis d'entre nous qui osent encore et encore soutenir leur poulains malgré les nombreuses preuves contre lui
Wallahi je ne comprendrais jamais le fonctionnement neuronale de ces entités biologiques qui ne sont d'autre qu'une insulte à l'intelligence humaine

DHEJ
| 11-10-2019 10:12
Oups il est Chef du Gouvernement à vie pion de NAHDHA!

Nazou de la chameliere
| 11-10-2019 09:58
Balance des peaux de banane au prochain gouvernement.
Histoire que les tunisiens regrettent "le temps béni " de Chahed !!!
Alors non seulement il est médiocre, Mais évidemment mesquin !!