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Chroniques
Ben Ali aussi organisait des élections
Par Ikhlas Latif
05/07/2024 | 16:00
4 min
Ben Ali aussi organisait des élections

 

Fin du suspens. Après des mois de spéculations à propos de la date de l’élection présidentielle, le chef de l’État, dans sa grande largesse, a enfin concédé à nous balancer du concret, une date : le 6 octobre. Une date symbolique dans la mémoire collective qui a vite fait d’être récupérée par les amoureux du processus : « Ce sera le jour du glorieux passage de la désillusion vers l’espoir. Ce sera le jour de l’enterrement définitif du système d’avant le 25-Juillet », pouvait-on lire le soir-même de la signature de la convocation des électeurs. Le choix n’était pas anodin et le message était clair : passons définitivement à l’instauration de la nouvelle ère épurée, celle des patriotes et des honnêtes.

Arrêtons-nous aussi un peu sur cette manie de nous présenter l’annonce d’une date pour l’élection comme un privilège qu’on nous accorde. Tout d’abord, il ne s’agit aucunement d’un privilège et si cela est considéré comme tel, ça ne veut dire qu’une chose : que c’est le règne de l’arbitraire. Ensuite, à quelques mois du scrutin, la date est restée incertaine poussant certains à évoquer une annulation. Une situation qui n’avait rien de normal même dans les pays qui ne brillent pas par leur démocratie. Par ailleurs, ce n’était pas au président de fixer cette date, mais à l’Instance dite indépendante pour les élections qui s’est délestée volontairement de ses prérogatives au profit du chef de l’exécutif probable candidat à sa succession. Bref !

 

Maintenant que la date est fixée, plusieurs questions s’imposent. L’Isie qui guettait la fumée blanche de Carthage s’est empressée d’annoncer le calendrier électoral et les conditions de candidature. Comme on s’y attendait, les candidats devront présenter un bulletin numéro 3 attestant d’un casier judiciaire vide, alors même que le Tribunal administratif avait auparavant rejeté l’ajout de cette condition qui compliquerait la procédure.

Il faut savoir que si le dépôt de candidature peut se faire directement par le candidat ou une personne le représentant, le B3 ne peut être extrait que par la seule personne concernée. Quelqu’un qui est, par exemple, dans l’impossibilité de se déplacer pour déposer une demande de B3 puis retirer le document, sera lésé et ne pourra pas se porter candidat s’il le souhaitait.

Quand on sait que plusieurs candidats sont actuellement derrière les verrous, cette mesure ne peut que porter atteinte au principe d’égalité des chances que l’instance a pourtant l’obligation de préserver.

 

D’autre part, l’Isie a annoncé qu’elle commencera à exercer son contrôle sur la scène médiatique (exit la Haica), l’espace public et le financement des partis et des associations avant le début de la campagne. Le but de cette entreprise, affirme l’instance, est de traquer les phénomènes nuisibles notamment les fake news et la diffamation. De quelle manière appréhender cette annonce alors même que l’Isie a poursuivi des dizaines de personnes entre activistes, journalistes et politiciens sur la base du décret liberticide 54 pour de simples critiques ?

La candidate à la présidentielle Abir Moussi est par exemple sous l’effet de deux mandats de dépôt à la suite de plaintes de l’instance. Comment présumer de l’indépendance de l’Isie dans ce cas particulier si elle se trouve être juge et partie ?

Et pour ce qui est des journalistes, dans quelles conditions pourraient-ils couvrir cette campagne électorale, alors que l’Isie s’est arrogée les prérogatives de la Haica, tout en brandissant la menace du 54 ?

 

Indépendamment du rôle joué par l’Isie, peut-on dire que le climat général dans le pays permet de réunir les conditions d’une élection qui consacre les principes de l’égalité des chances, de l’intégrité et de la transparence ?

Le fait est là, une chape de plomb s’est abattue sur la scène nationale. Le régime a semé la peur en s’attaquant à toute voix critique et en rangeant les opposants dans la case des traitres/comploteurs. Quelles garanties pourraient donc présenter cette élection au même moment où les concurrents sérieux sont incarcérés ou sous le coup de poursuites et d’autres exilés ?

Peut-on compter sur des médias qui joueront pleinement et librement leur rôle, concomitamment aux multiples poursuites et à l’incarcération de journalistes pour avoir "commis" leur profession ? Des médias qui ont été pour la plupart mis au pas et expurgés des éléments "perturbateurs". Il ne reste que quelques journalistes qui risquent encore gros avec une épée de Damoclès qui leur scalpe pratiquement la crinière.  

 

Le verrouillage du pays a été mis en branle progressivement en prévision du climax électoral. En politique, il n’y a pas de coïncidences.

Ben Ali organisait des élections présidentielles et elles étaient bien organisées dans le climat qu’on connait tous maintenant. Les dés étaient pipés et ces scrutins ne constituaient qu’un simple passage, presque obligé, pour se donner la stature de la légitimité.

Par Ikhlas Latif
05/07/2024 | 16:00
4 min
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Commentaires
juan
mon programme ne diffère pas de celui de ben ali baba . suis donc un opposant !! ......
a posté le 07-07-2024 à 11:28
1. je me souviens de la dernière éléction de ban ali baba , ses 40 voleurs et une voleuse.
y avait 2 ou 3 candidats "opposants", qui déclarent: "note programme ne diffère pas de celui du président" ....
au choix: tu votes bonnet blanc ou blanc bonnet !!

2. aux US, un candidat , mème en prison, peut se présenter. citoyen US de naissance. c'est tout.
3. candidat double national.
pose problème de conflit d'intéret. je dis: il ne doit pas avoir un autre passport.
Chakchouka
Drôle de condition
a posté le 06-07-2024 à 23:26
"Quelqu'un qui a était élu président deux fois, n'a pas le droit de briguer un troisième mandat"

C'est quoi cette condition, est-ce que l'instance "indépendante" a peur que Ben Ali brigue un troisième mandat? De qui se moque t ils? Je parie que cette condition sera supprimée en 2029, si aucun changement radical n'est fait d'ici là.
Kchouk
Correction
a posté le 06-07-2024 à 11:26
Suspense svp
Zend
Le régime à besoin d'election
a posté le 06-07-2024 à 10:48
Le régime actuel a besoin d'élection , au moins pour son image extérieure.
KS ne peut pas continuer à gouverner sans élections.
Même si on connaît les résultats avec un taux de participation de moins de 12 % , KS aura la conscience tranquille en priant .. qu'il n'a pas usurper le pouvoir.
Mais les élections sont comme une pièce théâtrale, on a besoin de figurants.
Donc, il faut des figurants ..
Il y aura bien aux, moins un ou deux qui vont se sacrifier pour se présenter pour donner une légitimité.
Ces figurants auront la bénédiction du régime..
Hammadi
Il a saisi la chance
a posté le 06-07-2024 à 10:17
Il a saisi la chance que lui a ete donné par des politicards stupides.
Ces politicards ont la chance qu il s'attendaient toute leur vie ,se debarrassee de b2n ali et cceder au pouvoir,mais comme ils sont stupides ils ont fait tous pour la rater.
Maintenant ils se croient par ignorance ou par naivite qu ils pourraient accéder a nouveau au pouvoir.
KS et son equipe ont saisi la chance qui leurs a ete donné et ont allé jusqu'au bout et c est ce qu un vrai politicien doit faire quand la chance se presente.
Pour le peuple il s enfou pas mal de qui gouverne du moment qu il assure ses besoins de premières nécessités.
juan
very strange
a posté le à 15:26
piètiner le parlement et destour par un tank, une chance
ou un coup
go back to school.
Abidi
Ben Ali
a posté le 05-07-2024 à 23:43
Et pourquoi vous n'avez pas écrit un article quand Ben Ali était au pouvoir
hamadi
tu es la preuve que le ridicule ne tue pas
a posté le à 10:54
le monde ARABO-MUSULMAN a des siecles de retard, il n y aura jamais d éléctions,de constitutions,de droits.tous sont des dictateurs à la solde de l occident.pensez à la fin de : gueddafi,saddam,+ les 2 informateurs ben ali +moubarak.+le shah d iran.,et d autres de l amérique du sud.
Hassine
Moins de traquats
a posté le 05-07-2024 à 18:49
Une course avec un seul coureur on peut imaginer son charme
Sam
Reponse
a posté le à 16:14
Ha ha ha '?
Tout à fait! Une course avec un seul coureur c'est moins de tracas!
Tounsi
De quelles élections parlez-vous ?
a posté le 05-07-2024 à 16:55
De quelles élections parle-t-on ?

1. Sans cour constitutionnelle
2. Avec circulaire 35
3. Sans haut conseil de la magistrature
4. Avec circulaire 54
5. Sans ISIE INDEPENDANTE
6. Avec Haica violée puis assassinée
7. Sans médias libres
8. Avec des dizaines (bientôt des centaines) de prisonniers d'opinion
9. Sans aucun contre-pouvoir
10. Avec un Candidat qui fixe les règles, les dates, l'interprétation des lois, rédige la constitution, décide de qui est patriote et qui ne l'est pas, décide de qui peut candidater ou non...

Bref de quelles élections parle-t-on ? c'est un match de foot-ball entre l'Espérance et l'équipe lambda où l'arbitre est Chiboub (à l'époque de sa gloire), le juge de touche est Chiboub, le 4ème arbitre est Chiboub, le commentateur est Chiboub, le président de la fédération, de la Fifa et même du TAS est... encore Chiboub !
Vous voulez tout de même regarder ?!!! Si même ça pouvait être drôle :-(
riri
vous avez du courage vous lol
a posté le à 16:34
et vous avez écris 10 choses qui peuvent vous mettre en prison en Tunisie...

Votre opinion est un crime car c'est aussi une fausse infirmation visant a détruire le pays et déstabiliser le peuple souverain (oui parceque la Tunisie est devenu aussi fragile qu'un bout de papier).



MH
@Tounsi bonjour
a posté le à 18:07
J'approuve à 100%, surtout la n 10 et dire qu'il y a encore qui applaudissent cet intègre et patriote avec admiration. Il y en a même un sur ce site (bouss t****) ébahie par cette annonce présidentielle