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Baisse de l'euro : les Tunisiens ont-ils raison de s'en réjouir ?
24/08/2022 | 08:32
6 min
Baisse de l'euro : les Tunisiens ont-ils raison de s'en réjouir ?

 

L'euro a clôturé la séance du 22 août 2022 à une valeur égale à 0,9951 dollar, soit la plus faible valeur jamais enregistrée depuis l'introduction de cette monnaie en 2002. L'Union européenne suit depuis quelques semaines la dégringolade de sa monnaie et semble de plus en plus s'inquiéter en raison de l'incapacité de cette dernière de mettre en œuvre une véritable solution permettant de stopper ce phénomène.


La principale raison de la baisse continue de l'euro, en plus d'une l'inflation au niveau international, n'est autre que le conflit russo-ukrainien et ses conséquences, notamment sur le plan énergétique. Depuis le début de l'année et le lancement de l'offensive Russe en territoire ukrainien, l'euro a enregistré une baisse de près de 13%. Pour rappel, un euro valait 1,1374 dollar. Le déclenchement de la guerre aux portes de l'Europe menace la sécurité énergétique de l'Europe puisque la Russie est le principal fournisseur du vieux continent en gaz naturel. D'ailleurs, le président russe Vladimir Poutine menace depuis plusieurs mois de suspendre l'approvisionnement en gaz en fermant le gazoduc Nord Stream 1 du 31 août au 2 septembre.

L'ensemble de ces éléments a provoqué une flambée des prix du baril de pétrole qui a enregistré un chiffre record de 133 dollars l'unité à la clôture de la séance du 8 mars 2022. Par la suite, plusieurs tentatives de régulation et de contrôle des prix ont eu lieu. Ainsi, les USA ont transféré 4,7 millions de barils de leur stratégique pour l'introduire dans les réserves commerciales d’or noir. Ceci a causé une baisse du prix du baril et une stabilisation aux alentours de 96 dollars. Mais même avec cette baisse-là, l'impact économique sur la Tunisie reste assez conséquent. 

En effet, la Tunisie avait estimé, dans sa loi de Finances relative à l'année 2022, un baril de pétrole à 75 dollars, soit 21 dollars moins chers que le prix actuel. Sachant que la Tunisie consomme en moyenne 90.000 barils, l'écart en consommation journalière est égal à 1.890.000 dollars équivalant à 6.029.100 dinars. Or, le budget de l'Etat représente 57.300.000 dinars. L'écart entre le prix réel et le prix envisagé par la loi de Finances représente à lui seul près de 10% du budget de la Tunisie.

 

Pour ce qui est du gaz naturel, le prix ne cesse d'augmenter. Il est passé de 3,56 dollars le million de BTU à la date du 1er janvier 2022 à 8,27 le million de BTU à la date du 23 août 2022, soit une hausse de plus de 130% en huit mois. Ceci a accentué la crise de l'euro, mais notamment la Tunisie qui dépend elle aussi des importations en gaz naturel. La demande annuelle en gaz naturel du pays avait franchi la barre des 5.500 Ktep depuis 2020. Le ministère de l'Industrie, des Mines et de l'Energie a indiqué sur son site web officiel que 66% de la demande en gaz naturel est couverte par le gaz algérien. A noter que le prix moyen du gaz algérien avait enregistré une hausse de 83% en dollars, entre fin février 2021 et fin février 2022. Les prix ont, bien évidemment, continué à grimper suite au conflit russo-ukrainien. 

La chute de l'euro accompagnée d'une hausse du dollar est toujours synonyme de hausse du prix du gaz et du pétrole : deux matières qu'importe la Tunisie massivement. L'enveloppe dédiée à ces achats-là ne cessera pas de gonfler. En plus de cela, les produits dérivés (essence, fuel, diesel, gaz à usage ménager...) sont des marchandises faisant partie du programme de compensation. L'Etat tunisien payera donc une facture assez salée puisqu'il subira la hausse des prix et continuera à assurer la compensation afin de garantir l'accès aux citoyens à ces produits.

 

Toujours pour le cas de la Tunisie, la baisse de l'euro représente un danger économique puisque les pays européens représentent les principaux partenaires économiques et sociaux de notre pays. Une crise financière européenne conduira à une baisse des aides et des dons orientés vers les pays amis et voisins. C'est, donc, une menace pour les possibles accords pouvant être conclus dans le futur. Les pays européens et l'UE devront diminuer l'enveloppe destinée aux projets d'investissement et de développement à l'étranger puisqu'ils auront tendance à limiter les transactions en dehors de l'espace européen afin de favoriser une dynamique économique régionale.

 

Concernant les échanges commerciaux, la baisse de l'euro signifie une baisse des revenus de la Tunisie en matière d'exportation. Selon le bilan du commerce extérieur aux prix courants en juillet 2022 publié par l'Institut national de la statistique, les exportations tunisiennes vers l’UE représentent 68,6% du total des exportations. Celles-ci sont majoritairement payées en euro et la baisse de la valeur de cette monnaie signifie moins de revenus pour la Tunisie et une dévaluation des opérations. Ceci causera une baisse de nos stocks de réserve en euro. 

L'impact ne se limitera pas aux échanges commerciaux. Le tourisme subira lui aussi les conséquences de cette crise. En temps de crise, les touristes ont moins tendance à partir en vacances ce qui entraînera une baisse des recettes des installations touristiques et autres secteurs dont l'activité est sous l'influence de ce dernier, tel que le transport et la restauration. Par ailleurs, même en gardant le même nombre de touristes en provenance des pays européens, la Tunisie subira la dévaluation de l'euro puisque les transactions opérées par ces derniers diminueront en raison de la baisse de cette monnaie. L'impact se fera sentir à tous les niveaux. La baisse des transactions et des leurs valeurs perturbera l'activité financière en Tunisie. La chute des montants transférés depuis l'étranger sera subie par la Banque centrale de Tunisie, mais aussi par les banques commerciales. Elles enregistreront moins d'opérations en devise.

 

La Tunisie devra bien se préparer aux conséquences de la chute de l'euro. Afin de résister à l'inflation mondiale et aux répercussions de la baisse de l'euro, le gouvernement Bouden devrait accélérer la mise en place de réformes profondes et structurelles qui pourraient en cette période faciliter les opérations d'importations depuis l'Union européenne. Les réformes doivent, également, porter sur la création de richesse. Le gouvernement pourrait envisager l'accélération du déblocage des terres agricoles domaniales ou encore une véritable suppression des longues et repoussantes procédures administratives et de notre bonne vieille et complexe bureaucratie. La question de la suppression des autorisations traîne toujours. Quant au secteur des énergies, la mise à niveau de la législation en vigueur ne semble être qu'un mirage. Il n'existe toujours pas de lois ou de textes juridiques définissant l'économie verte et réglementant ce secteur et malheureusement de nombreux responsables ont tendance à confondre ce dernier avec l'économie sociale et solidaire.

De plus, l'instabilité politique et l'incapacité du gouvernement actuel à entretenir de bonnes relations avec l'Union générale tunisienne du travail accentuent la crise socio-économique. La centrale syndicale a déploré à maintes reprises la rupture des canaux de communication, l'indécision du gouvernement et l'absence de transparence au sujet du programme de réformes soumis au Fonds monétaire international et aux négociations entamées avec cette institution depuis plus d'une année. 

Le gouvernement persiste dans son mutisme vis-à-vis de ce genre de structure, mais aussi du peuple tunisien. Nous n'avons toujours pas entendu la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, nous présenter sa vision économique et ses priorités à l'échelle sociale. En a-t-elle une ? A quoi sert-il de dissimuler ses positions et d'éviter à tout prix le contact direct avec les médias ? Ne serait-il pas plus judicieux de s'adresser aux citoyens et aux citoyennes de ce pays, de les réconforter, de les motiver, de les pousser à s'engager plus et à produire plus, à garantir un futur pour les générations à venir ? Toutes ces questions demeureront sans réponse ! Idem pour les interrogations portant sur les mesures prises par le gouvernement face à cette crise au niveau de l'Europe !

 

Sofiene Ghoubantini

24/08/2022 | 08:32
6 min
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Commentaires
Mustapha
Continuez de focaliser sur le négatif
a posté le 25-08-2022 à 13:04
la montée de l'euro nuit à la Tunisie. la baisse de l'euro nuit à la Tunisie. Chaque chose a en effet ses avantages et ses inconvénients, Mais c'est devenu une tradition de se réjouir pour publier les mauvaises nouvelles.
TAHAR
Mustapha ya ya Mustapha.. !
a posté le à 17:04
alors dites-nous, s'il vous plaît, les avantages de l'effondrement de l'euro par rapport au dollar !
Mustapha
Ya Tahar ya ya Tahar..!
a posté le à 12:54
"par rapport au dollar"?! aucune idée. Mais par rapport à notre monnaie nationale il me semble que c'est un peu avantageux, non, quand vous êtes payé en DT et que vous regardez dans une vitrine dans la zone Euro.
Djodjo
Super-Kaisoullah est la
a posté le 24-08-2022 à 22:06
Pffut, depuis la nouvelle constitution, je ne lis plus les articles trop long comme celui-ci, de toute les façons super-kaisoullah va nous sortir un décret et le problème mentionné ds l'article que je n'ai pas lu sera réglé.
AMMAR BEZZOUIR
L'euro s'effondre et ce n'est pas la fin de la hampe du drapeau : fin de l'UE ?
a posté le 24-08-2022 à 18:23
Crise énergétique et sanctions de l'Occident : la fin des modèles économiques allemand et français accélère la "lirarisation" de l'euro. Le citoyen est dépossédé, la monnaie est dévaluée.
La politique accélère la chute. Pas d'amélioration en vue !

Pour la Tunisie, pas besoin d'être prophète pour voir que ce scénario représente une catastrophe annoncée !

Rabbi Yoster !
Moncef
vous protéger de l'inflation
a posté le 24-08-2022 à 18:09
C'est en investissant votre argent en Tunisie que vous combattez au mieux l'inflation.

La valeur d'une monnaie dépend avant tout des actifs (entreprises, immobilières, métaux précieux, matières première énergétiques) d'un pays ainsi que de sa stabilité politique et fiscale.

Pour combattre l'inflation il faut Investir en Tunisie c'est doc acheter local, produire local, il faut consommer local et minimiser autant que possible l'importation du moins la restreindre au maximum surtout pour les produits alimentaires.

Plus il y aura d'entreprises, et de création de valeurs (immobilier, infrastructures, services) sans avoir besoin d'importer plus cela valorisera la monnaie du pays.

Il faut exporter au maximum et importer le moins possible.

C'est avant tout une question d'offre et de demande, plus l'offre de biens sera abondante de l'intérieur plus les prix baisseront et donc que la monnaie se valorisera.
Scorpio
le Roi Dollar .... here is why ................................
a posté le 24-08-2022 à 16:24
le SMI est basé sur le dollar US, et ce depuis les accords BW '1948.
le US sont la première puissance , mais pas seulement.
les stats, notations ... sont par des instituts indépendants, donc fiables: chomage, balance commerciale, confiance des ménages, inflation, logements mis en chantier, moody's, fitch etc ...
everything on the table. nothing hidden.

vos "instituts national supérieur inférieur ....", bourrés de technoburocrates inutiles recevant des ordres .... ne valent rien.


VIO
@yakafokon: pays souverain dite-vous ?
a posté le 24-08-2022 à 13:51
La Tunisie n'a jamais été indépendante ou souveraine, car c'est un miniscule pays qui ne peut même pas produire ses besoins de base. On ne peut donc pas parler de souveraineté ...

Même le papier toilette est une denrée rare et souvent importé !
Scorpio
le cule du diplome , hérité de la colonisation ...........................................
a posté le à 12:19
vous formez des super diplomés , des polytechnichiens ... qui ne pigent reien à la technologie, inapable de produire du papier c ... encore moins du papier fiduciaire .
Houcine
Pourquoi pas un accord-cadre avec l'Algérie.
a posté le 24-08-2022 à 10:08
L'Algérie, pays frère dans la vulgate, peut satisfaire les besoins énergétiques de notre pays sans que cela perturbé ses engagements envers d'autres pays.
Il serait intelligent de conclure un accord-cadre fixant les prix, durée, avec l'objectif de fournir en énergies, gaz et pétrole, une Tunisie. Et ce à des tarifs non soumis aux conjonctures.
Autrement dit, à des tarifs préférentiels.
Cela se fait entre amis, voisins, pour peu qu'ils établissent des liens forts de coopération.
Quant à la baisse de l'euro, elle a d'autres motifs que l'unique invasion, comme l'on dit, russe de l'ukraine.
Les USA ont d'autres calculs, affaiblir l'Europe, la mettre sous leur dépendance par l'OTAN, empêchant depuis le début toute velléité de cette région du monde à se constituer en puissance capable, en principe, de rivaliser avec eux.
La guerre en Ukraine est le fait de la politique des USA qui ne cessent depuis des décennies d'encercler la Russie par des bases militaires installées partout autour de ce pays, et pousser, sinon forcer des pays à intégrer les structures de l'OTAN, leur bras armé.
Sans forcer le trait, le monde en tuer est sous la botte des USA, instutions internationales, ONU, B. M. FMI, OMC, et le dollar monnaie-étalon, ce qui leur donne la puissance de tout régenter. A leur profit.
Donc, un euro faible, c'est une Europe soumis davantage, et par ricochet tous ses partenaires affaiblis et rendus dépendants des "aides" des crédits.....
Et, comme chacun ne sait pas, toute "Aide" est un moyen de plus pour obtenir de soumettre celui qui la reçoit.
La Tunisie devrait songer à rejoindre le camp de ceux qui travaillent à s'émanciper de la tutelle du dollar, des institutions faites sur mesure d'une Amérique et ses suiveurs.
L'Europe, enfin les peuples de cette contrée, rusqyent fort d'en payer le prix fort. Du fait de l'imprévoyance, de la collusion de leurs dirigeants, dont les carryeres comptent plus que l'intérêt des peuples.
L'hiver sera froid en Allemagne, les factures plus lourdes pour les modestes, et il se pourrait qu'alors au lieu de livrer armes, offrir des milliards d'euros, ils soient contraints de réviser leurs vues.
Regardez la carte des bases américaines dans le monde, et vous pouvez y lire la trajectoire des conflits présents et ceux à venir.
La Tunisie ne serait qu'une victime collatérale.
Elle peut se choisir sa voie, tracer une trajectoire hors les sentiers traces par la France, l'Europe, et les USA.
Dans ces conditions, l'ambassadeur des USA serait ramené sa place. Ne pourrait plus se mêler de nos affaires internes, encore s'ériger en patron pour "arbitrer" comme c'était une habitude du temps de Ennahdha.
J'arrête là.
Pour cette fois.
yakafokon
mesurer le risque
a posté le à 12:10
se détacher des USA de UE et autres satellites occidentaux c est prendre le risque de voir des robinets coupés et .... attendre (combien de temps) Que les nouveaux russes ou chinois coulent à grand flots, bien évidemment sans conditions susceptibles de constituer des "ingérences étrangères dans les affaires intérieures d un pays souverain
Scorpio
mendiant qui pose ses conditions !!
a posté le à 16:17
ils veulent leurs dollars, sans poser de questions ... pwhaha
veritas
Non Non et Non
a posté le 24-08-2022 à 10:07
Le dinar va baisser cet automne de 10 % puis après mars 2023 une 2 eme baisse de 10% .
La bct est entrain de camoufler la baisse du dinar à chaque fois elle coïncider la baisse du dinar avec la baisse de l'euro pour que le niveau reste à 3,2 d a l'achat et pour que les tunisiens ne se rendent compte de rien '?'la tactique est après chaque baisse de l'euro il y'a une baisse immédiate du dinar .
Depuis 1986 jusqu'à ce jour le dinar a perdu 6 fois sa valeur réel (550% plus exactement)'?'tout ça a cause des escrocs et des combines du FMI à chaque fois il injecte de l'argent empoisonné pour détruire l'économie du pays et les tunisiens surtout .
Scorpio
blabla de clochardisation
a posté le à 13:03
la prochaine fois tu emprunteras des shékels sans passser par FMI
Lol
Gardez le silence
a posté le 24-08-2022 à 09:47
'?a ne plaira pas aux journalistes mais il ne faut jamais divulguer le contenu des négociations en cours.
Anyway il ne faut pas être un génie pour comprendre que ce que les syndicats demandent est irréalisable.
'?a sera aux tunisiens de choisir entre accepter ce qui est possible tout de suite ou de rester dans le blocage pour finir par accepter la même solution plus de très lourds intérêts.
Vu le niveau intellectuel dans le bled je penche pour la 2 ème option.