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François Hollande : «Il faut aider spécifiquement la Tunisie et lui débloquer des fonds immédiatement»
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François Hollande, ancien secrétaire général du Parti socialiste français en visite en Tunisie, s’est réuni, mardi 24 mai 2011, avec des jeunes tunisiens dont certains faisant partie d’associations caritatives ou citoyennes. Cette rencontre a permis d’aborder différents sujets qui les préoccupent.
L’ex-secrétaire général du PS a expliqué sa visite par une prise d’engagement envers la Tunisie, s’il est élu aux présidentielles de 2012.
M. Hollande a commencé par saluer la révolution tunisienne en expliquant que, pour lui, elle est exceptionnellement réussie vu qu’elle était pacifique et qu’elle s’est soldée par un changement de régime et même de la constitution. En outre, elle a servi d’exemple à d’autres peuples.
La Tunisie a été capable de démonter que l’Islam et la démocratie pouvaient cohabiter alors que plusieurs disaient que c’était impossible.
Les jeunes ont été déterminants dans cette révolution, démontrant que lorsqu’une génération se sent reléguée et doute de son destin, elle se met automatiquement en marche.
Lors de la révolution, la France n’a pas été au rendez-vous. Pour cette étape, il faut qu’elle soit aux côtés des Tunisiens, a expliqué l’ex-secrétaire générale du PS.
«Pour ces premières élections démocratiques, il faut que la Tunisie soit regardée comme exemplaire» a-t-il ajouté, notamment par une grande participation et une transparence dans le scrutin.
Différents sujets ont été abordés par les jeunes lors de leurs discussions avec François Hollande : visa, culture, économie, immigration et même la question palestinienne.
Pour résoudre la lenteur administrative d’obtention des visas, M. Hollande propose de délivrer des visas longue durée, permettant de faire plusieurs aller/retour. Pour la question de régularisation des dossiers des immigrés tunisiens, il a précisé qu’il fallait procéder selon des critères préétablis : des régularisations au cas par cas.
Concernant la multiplication des forces progressistes, il les a invitées à se rassembler car l’élection à la proportionnel de la constituante va augmenter leurs dispersions.
L’ex-secrétaire général du PS a mis en exergue l’importance d’aider spécifiquement la Tunisie, car elle dispose de plusieurs acquis de l’indépendance et de la république. Concernant la suspension de la dette de la Tunisie, il a expliqué que ça ne serait pas bon pour le pays car elle sèmera le doute dans l’esprit des créanciers et des investisseurs sur les marchés internationaux. Par contre, il propose que le soutien international offre à la Tunisie l’équivalent de sa dette pour qu’elle puisse en disposer à sa guise.
Concernant la mise en place d’un plan quinquennal par le G8, M. Hollande a indiqué que ça serait un bon plan avec des projets sur la formation, la requalification et l’indépendance économique, mais il est pour le versement immédiat des fonds alloués à ce plan de relance.
Il est à noter, par ailleurs, que M. Hollande a effectué, mardi 24 mai 2011, une visite de courtoisie au Parti démocratique progressiste (PDP), où il a été accueilli par le fondateur du Parti, Me Ahmed Nejib Chebbi, ainsi que la Secrétaire générale, Maya Jribi. Il a également a rendu visite au Mouvement Ettajdid, lors de cette même matinée, où il a rencontré Ahmed Brahim, son Premier secrétaire.
L’entretien avec le PDP a porté sur l’actualité du moment en Tunisie, essentiellement les élections de l’Assemblée constituante, désormais maintenues pour le 24 juillet prochain, comme il a porté sur d’autres sujets d’intérêt commun, à savoir un partenariat durable entre les deux pays. A ce sujet, l’ex-Secrétaire général du PS n’a pas manqué de réaffirmer le soutien de la France à cette Tunisie nouvelle et son attachement à une étroite collaboration.
Pour sa part, la Secrétaire générale du PDP, Maya Jribi, après avoir brossé un portrait du Parti, s’est attelée à présenter les grandes orientations du Parti, notamment l’instauration, entre autres, d’un régime pluraliste ; mais un régime basé particulièrement sur la liberté et les droits individuels.
Quant à Me Nejib Chebbi, il a axé son intervention sur la future collaboration entre les deux pays, d’autant plus que la Tunisie entre dans une phase cruciale nécessitant le soutien des nations amies, tant elle aura à progresser et à évoluer dans un cadre serein de partenariat.
Lors de sa rencontre avec Ettajdid, François Hollande a affirmé que la France, par-delà ses clivages, doit aider la Tunisie à affronter les difficultés économiques et sociales auxquelles elle est confrontée dans un environnement régional et international difficile. Il a déclaré sa confiance dans le peuple tunisien et dans sa capacité, fort de ses nombreux acquis depuis l’indépendance, à fonder une démocratie stable et le respect des libertés.
Il a également mis l’accent sur la nécessité de l’union des forces démocratiques tunisiennes, en particulier les partis qui se sont battus contre l’ancien régime, pour apparaître comme la principale force politique et fonder une Constitution à la hauteur des sacrifices consentis par le peuple tunisien et répondre à ses aspirations.
En réponse, Ahmed Brahim a rappelé que Ettajdid n’a cessé d’œuvrer pour la création d’une large alliance des forces démocratiques, progressistes et modernistes et que, malgré les réserves exprimées par les partis concernés, il poursuit ses efforts et ses contacts pour faire réussir le rassemblement le plus large. Il s’est félicité de la convergence d’analyses avec le PS sur la situation qui prévaut actuellement en Tunisie et sur les exigences qu’elle requiert affirmant sa confiance dans la capacité du peuple tunisien de réussir la transition démocratique en toute souveraineté tout en consolidant les relations de coopération aven la France et l’Europe.
Mahmoud Ben Romdhane, membre du Secrétariat du Mouvement Ettajdid et Coordinateur du Programme économique et social, a dressé un tableau des difficultés économiques et sociales auxquelles est confrontée la Tunisie de la révolution, rappelant que ces difficultés sont inhérentes à toute transition démocratique et qu’elles sont aggravées par l’environnement régional (le conflit armé à ses frontières) et international (la flambée des cours d’hydrocarbures et de produits alimentaires). Il a rappelé que l’Europe a accompagné la Pologne dans sa transition démocratique en lui octroyant une aide de 100 milliards d’euros et que l’aide à la Tunisie, dont le montant est chiffré à 25 milliards de dollars sur cinq ans ne représenterait qu’un à deux mois d’effort de guerre en Irak.
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