
La Bourse de Tunis s’est portée comme un charme en 2024 et démarre 2025 sur les chapeaux de roues.
En effet, en 2024, l'indice de référence de la Bourse de Tunis, le Tunindex, a évolué à deux chiffres et plus rapidement que l’inflation ou les taux directeurs. En outre, durant la matinée du 15 janvier 2025, il a franchi, pour la première fois de son histoire, la barre symbolique des 10.000 points. Ce qui n’a pu que ravir les dirigeants de la Bourse. Autre bonne nouvelle : alors que 2023 et 2024 se sont achevés sans nouvelles introductions, deux dossiers ont été déposés. Si les sociétés concernées remplissent les conditions nécessaires, elles pourraient faire leur entrée sur la Bourse en 2025.
Pour revenir sur ces éléments ainsi que sur l’Assemblée Générale 2025 de l’Arab Federation of Capital Markets qui se tiendra à Tunis prochainement, une conférence de presse s’est tenue, mercredi 15 janvier 2025, au siège de la Bourse, sous la présidence du directeur général de la Bourse de Tunis, Bilel Sahnoun.
Ainsi, et concrètement, le Tunindex a enregistré une hausse pour la quatrième année consécutive : +13,75 % pour le Tunindex et +14,59 % pour le Tunindex 20, contre +7,90 % en 2023, +14,74 % en 2022 et +2,34 % en 2021. En plus, tous les secteurs et sous-secteurs ont réalisé un rendement positif :
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Sociétés financières : +14,07 % en 2024 contre +13,31 % en 2023
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Banques : +13,59 % en 2024 contre +12,77 % en 2023
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Assurances : +6,82 % en 2024 contre +6,90 % en 2023
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Services financiers : +36,17 % en 2024 contre +33,59 % en 2023
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Services aux consommateurs : +4,19 % en 2024 contre +1,44 % en 2023
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Distribution : +4,19 % en 2024 contre +1,44 % en 2023
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Biens de consommation : +15,16 % en 2024 contre -5,80 % en 2023
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Agro-alimentaires et boissons : +12,98 % en 2024 contre -3,86 % en 2023
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Produits ménagers et de soin personnel : +22,26 % en 2024 contre -11,12 % en 2023
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Industries : +12,32 % en 2024 contre +12,32 % en 2023
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Bâtiment et matériaux de construction : +14,53 % en 2024 contre -0,42 % en 2023
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Matériaux de base : +30,76 % en 2024 contre -2,10 % en 2023.
Une évolution qui fait suite à l’amélioration du rendement de la majorité des sociétés cotées. Ainsi, le résultat global de l’exercice 2023 des 70 sociétés qui ont publié leurs états financiers annuels, sur l’ensemble des 74 sociétés cotées, s’est amélioré de 10 % par rapport à l’exercice 2022. Les états financiers semestriels de juin 2024 font ressortir un résultat semestriel global des 66 sociétés cotées qui ont publié leurs états financiers des six premiers mois de l’année 2024, en progression presque similaire, de +9,4 % par rapport à la même période de l’année 2023. Et les indicateurs d’activité sur les neuf premiers mois de l’année 2024 des 71 sociétés cotées qui ont effectué leur publication font ressortir un revenu global en hausse de +3,3 % par rapport à la même période de l’année 2023.
« La bonne prestation de l’indice émane de la santé financière des fleurons des sociétés cotées », a expliqué le directeur de la communication de la Bourse de Tunis, Lotfi Khezami.
La capitalisation boursière du marché a enregistré une hausse de plus de deux milliards de dinars (+8,2 %) pour s’établir à 26,47 milliards de dinars contre 24,46 milliards de dinars à la fin de l’année 2023, et ce malgré la radiation de la cote de quatre sociétés (de faible capitalisation) durant cette année (Servicom, Electrostar, GIF et MIP). Les sociétés financières dominent encore la capitalisation boursière du marché avec une part de 54,6 %, suivies par les biens de consommation et l’industrie qui s’accaparent respectivement 25,6 % et 9,3 %.
Durant l’année 2024, le volume global des échanges sur la Bourse de Tunis a enregistré une hausse de 33,2 % pour atteindre 3,67 milliards de dinars contre 2,76 milliards de dinars durant l’année 2023.
Le secteur Finances a accaparé 33,5 % de ce volume, suivi par le secteur Industries représentant 33,1 % du volume et le secteur Biens de consommation avec une part de 18,8 %.
Les volumes échangés sur la cote de la Bourse ont accaparé 48,1 % du volume global des échanges, 0,5 % sur le hors-cote (qui englobe les sociétés faisant appel public à l’épargne ainsi que les sociétés dont l’actionnariat dépasse les cent actionnaires et qui ne sont pas cotées, ndlr) et 51,4 % pour les enregistrements et les déclarations (des sociétés anonymes non cotées, ndlr).
La participation étrangère dans la capitalisation boursière a augmenté de deux millions de dinars en 2024, représentant 19,6 % de la capitalisation globale du marché. Selon M. Khezami, 95 % de cette participation est stable et stratégique (Société Générale dans l’UIB, BNP Paribas dans l’UBCI, Castel dans la SFBT, Groupama dans la Star, etc.).
Interrogé dans ce cadre par Business News sur la sortie des dividendes, Bilel Sahnoun a assuré que les étrangers qui ont investi en Bourse n’ont pas eu de problèmes pour récupérer leurs dividendes. Pour lui, « l’activité boursière est rodée et un flux bien huilé, compris par tout le monde, et ne subit aucun frein ».
Autre information clé : le volume échangé moyen journalier est de sept millions de dinars. Or, selon le DG, une bourse qui se respecte et qui figure dans les radars des investisseurs internationaux doit faire une rotation de sa capitalisation d’au moins 15 % par an, ce qui correspondrait à quinze millions de dinars pour la Bourse de Tunis, plus du double de ce qui est réalisé actuellement.
Pour lui, pour y parvenir, il faudra œuvrer sur quelques volets : augmenter le pourcentage du flottant, augmenter le portefeuille avec des sociétés liquides et créer des produits sophistiqués dont le sous-jacent est des titres boursiers (produits dérivés, produits indiciels, etc.), que l’actuelle loi ne permet pas.
Interrogé par Business News sur le recours intensif de l’État à l’emprunt intérieur (emprunt obligataire et bons du Trésor) qui serait une entrave pour l’investissement en Bourse, M. Sahnoun a affirmé que « chaque fois que la Bourse a proposé du papier, elle a toujours trouvé de la demande ». Et de rappeler qu’en 2024, alors que le montant budgétisé de l’emprunt obligataire était de 2,8 milliards de dinars, plus de cinq milliards de dinars ont pu être levés. Et malgré cette levée, on parle d’un excédent de trésorerie des banques de la place. Pour sa part, M. Khezami a rappelé que tous les indices sectoriels étaient au vert en 2024 et que le rendement de certains était largement supérieur à celui de l’emprunt obligataire.
Le directeur de la Bourse pense que ce qui manque à la Bourse de Tunis pour se développer davantage est une qualité du risque, une diversité du papier et une diversité sectorielle.
La conférence de presse a aussi été l’occasion d’évoquer les éventuelles introductions en Bourse durant l’année 2025, avec deux dossiers déposés pour une entrée sur le marché principal de la cote : celui de BNA Assurances (anciennement AMI Assurances) et celui de Taraji Holding. Mais, avant cela, il faut que ces dossiers remplissent les conditions de l’introduction, qu’ils soient acceptés et approuvés par le Conseil d’administration de la Bourse et qu’ils reçoivent le visa du Conseil du marché financier (CMF).
Pour lui, le schéma financier réalisé par l'Espérance sportive de Tunis avec Taraji Holding est un mécanisme qui pourrait être dupliqué pour les autres clubs sportifs, qui pourront ainsi assurer des revenus grâce à leurs activités et ne plus être tributaires de contrats publicitaires ou de dons.
Le DG considère aussi que l’industrie du private equity et des fonds d'investissement s’est tellement développée que certaines sociétés choisissent d’y recourir au lieu de se diriger vers la Bourse. Il y a même des sociétés qui quittent la Bourse pour se restructurer et être réintroduites dans une autre configuration et une autre valorisation, notamment lorsque le potentiel des sociétés est énorme. « Le capital-risque parie sur une introduction future qui va être nettement meilleure que ce qu’elle est aujourd’hui », a-t-il expliqué.
Bilel Sahnoun a profité de l’occasion pour annoncer que la Bourse de Tunis accueillera la Conférence Annuelle de l’Arab Federation of Capital Markets les 13 et 14 mai 2025. Elle coïncidera avec des bourses africaines, pour un événement afro-arabe, une première. Huit panels y seront discutés avec la participation de 45 intervenants :
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2024 a été un bon cru pour la Bourse de Tunis, 2025 s’annonce de bon augure, et les dirigeants sont très optimistes.
Imen NOUIRA


