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Le cash revient en force
03/03/2025 | 11:03
6 min
Le cash revient en force
Service IA, Business News


Le cash revient en force en Tunisie. À ce jour, les billets et monnaies en circulation sont de plus de 23 milliards de dinars, soit un record historique. Derrière cette contreperformance, anachronique à l’ère du numérique, la nouvelle loi sur les chèques et le rétropédalage des autorités qui n’interdisent plus la possession de plus de cinq mille dinars en espèces sans détention de preuves sur leurs origines.

 

« Désolé, je n’ai pas de chéquier, je vais vous payer en espèces ». Cette phrase est échangée de plus en plus souvent et s’entend partout en ce mois de février 2025 et pour cause. La nouvelle loi sur les chèques a fait que les Tunisiens ont été obligés à effectuer leurs transactions avec du liquide, puisqu’il n’y a plus d’autre formule viable. Les traites ont disparu des mœurs, les virements bancaires ne font pas encore partie des habitudes, ce qui fait que l’on soit obligé de traiter avec du cash comme au siècle éculé que certains appellent le bon vieux temps.

Une nouvelle loi sur les chèques est entrée en vigueur au début du mois de février avec une nouvelle formule de feuilles de chèques. Pour pouvoir assurer une transaction avec le nouveau chèque, il faut posséder un smartphone et s’inscrire préalablement à l’application Tunichèque, si déjà votre banquier accepte de vous donner un chéquier.

La complexité et les plafonds imposés dans la nouvelle formule ont fait que les Tunisiens abandonnent cette méthode transactionnelle. Avant cette loi, la télécompensation des chèques en Tunisie traitait environ 100.000 chèques par jour en 2024. Cependant, selon les dernières statistiques de la société chargée de la télécompensation, au 25 février 2025, seulement 19.000 chèques ont été traités, et moins de 1400 chèques ont été passés par la nouvelle plateforme, soit moins de 10 % du total des chèques télécompensés.

 

Un bond en arrière vers le cash

On aurait pu espérer que les Tunisiens migrent vers les solutions modernes de paiement (comme les transactions par téléphone), sauf que ce n’est pas le cas, le pays tout entier a fait un grand bond en arrière pour revenir au cash.

D’après les données de la Banque centrale, le montant global des billets et monnaies en circulation est passé de 18,825 milliards de dinars en 2022 à 21,2 milliards de dinars en 2024. Avec l’année 2025, on semble passer à la vitesse supérieure en matière de progression, puisque le montant global est passé à 22,8 milliards au 12 février puis à 23,249 milliards à la date du 27 février.

Pour le moment, la Banque centrale n’a donné aucune explication précise sur cette hausse soudaine. On sait, d’habitude, qu’il y a une hausse de la circulation de la monnaie durant certaines périodes comme la vente des récoltes agricoles ou les fêtes de fin d’année et de l’Aïd, mais en ce février 2025, il n’y a aucune justification à la hausse à part l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les chèques.

 

Une tendance contraire aux pratiques mondiales

Un peu partout dans le monde, et depuis des années, on évite au maximum l’utilisation de l’argent liquide, en lui préférant les transactions modernes, comme celles effectuées par les téléphones portables via des cartes de crédit dématérialisées ou les porte-monnaie électroniques. Ces méthodes modernes ont pour avantage d’assurer la traçabilité des transactions et une lutte efficace contre le blanchiment d’argent. Elles protègent également contre les violences liées au vol à l’arraché, très courantes dans certains quartiers insécurisés.

Rien de tel en Tunisie où l’on a donné une nouvelle vie au cash. Les banques mettent des plafonds ridicules pour les virements numériques, elles n’ont pas encore outillé les commerçants et les clients par les technologies nécessaires et imposent des commissions (2 %) qui n’encouragent pas les commerçants à adopter les nouvelles technologies de paiement.

 

Des mesures qui favorisent l’argent liquide

Sauf que les banques ne sont pas les seules coupables du fait que l’espèce demeure le moyen de transaction préféré des Tunisiens.

Avant même la promulgation de la nouvelle loi sur les chèques, le législateur a pris des mesures anachroniques qui ont fait que les Tunisiens se détournent des moyens modernes pour revenir à l’espèce.

En 2018, on a interdit tout paiement en espèces pour les montants dépassant les cinq mille dinars. Depuis 2014, il était interdit de détenir une somme supérieure à cinq mille dinars, sans prouver son origine. Le 15 octobre dernier, un décret-loi est publié pour lever ces interdictions ouvrant les grandes portes pour les transactions en espèces.

Avec l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les chèques, et toutes les restrictions qu’elle impose, c’est donc le plus naturellement du monde que les Tunisiens sont revenus vers les espèces, comme leurs aïeux le faisaient jadis.

 

Une contradiction avec la politique de l’État

Cette réalité de terrain va totalement à l’encontre du bon sens de notre époque où tout se dématérialise. Cela va également à l’encontre de la politique de l’État qui dit lutter contre le blanchiment d’argent, l’évasion fiscale et le commerce parallèle.

Dans les faits, l’État promeut l’exact contraire de ce qu’il prétend. La première conséquence de ce retour en force des espèces est donc de favoriser l’illicite.

L’autre conséquence est de fragiliser l’économie nationale qui se basait, en partie, sur les chèques et les crédits. En partie parce que l’on n’utilise plus les chèques, les dernières soldes ont été un échec cuisant. Le chiffre d’affaires des magasins participant aux soldes d’hiver a chuté de 35 à 40 % par rapport à l’année dernière, selon Chokri Jarraya, porte-parole de la Chambre nationale des magasins de prêt-à-porter relevant de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica).

Au Salon du Meuble du Kram, on a observé la même débandade. Plus grave encore, plusieurs médecins nous ont affirmé qu’il y a une baisse de fréquentation de leurs patients à cause de la nouvelle formule des chèques. Cela est particulièrement observé chez les dentistes dont les patients payaient les différents actes avec des chèques antidatés.

Certains refusent tout simplement de recevoir les virements bancaires parce que leurs comptes bancaires sont débiteurs et que le montant de la transaction risque d’être absorbé par la banque.

 

Une impasse pour les Tunisiens

Entre des banques qui font très peu pour la dématérialisation des transactions et un État (que ce soit le gouvernement ou la Banque centrale) qui préfère l’archaïsme au progressisme, les Tunisiens n’ont d’autre choix que de se tourner vers les espèces « sales ».

Ce retour en force du cash en Tunisie met en lumière l’incohérence des politiques économiques et financières du pays. Alors que le monde évolue vers des solutions de paiement modernes, la Tunisie semble faire marche arrière, favorisant un système transactionnel archaïque qui alimente l’économie informelle et freine le développement du secteur financier. Une réforme plus cohérente et une véritable volonté de modernisation s’imposent pour éviter que l’économie nationale ne soit durablement affectée par ces décisions contradictoires.

 

Raouf Ben Hédi

 

03/03/2025 | 11:03
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Commentaires
Bacchus
Hallucination, suite.
a posté le 04-03-2025 à 09:42
Au lieu de regarder la lune, la plupart des commentateurs regardent le doigt. On s'intéresse à l'église, à la tenue vestimentaire et on ne scrute pas l'essentiel de l'image : Trois drapeaux rouge avec un cercle blanc, à l'intérieur duquel se trouve un croissant rouge. Et à la différence du drapeau tunisien des graffitis se substituent à l'étoile à cinq branches. A quoi ressemble le graffiti du drapeau situé à gauche ?
A.
Bien vu :) :)
a posté le à 04:46
J'avoue qu avec l âge celle la m'a échappé :) :) ma vue n'est plus celle d'un jeune. J étais capable de voir la croix mais pas le graffitis. Très bon point.
@businessnews : youdhourli lezimkoum troddo belkoum un peu mieux la prochaine fois. Beaucoup ne lisent plus vos articles mais se concentrent sur vos photos ironiques '?'. Allons y deviner les erreurs des autres photos. Ahhhhh quand l'ia se consomme sans modération voilà ce que ça donne. Bientot businessnes va nous faire sortir une vidéo de kaisoun qui chante thriller de MJ en IA.
1/3i
4 mars 2025
a posté le 04-03-2025 à 09:37
Et ma demande de chéquier pour mon entreprise est toujours en cours d'étude à la banque centrale.
'?a fait 3 semaines..

Je ne peux plus payer le moindre fournisseur en Tunisie...
Mais tout va très bien madame la marquise...

Merci pour ce grand moment, où l'économie est en train d'être exécutée...
********
1/3
a posté le à 11:02
Normalement ils auraient dû faire une période de transition le temps que tout se met en place.
Mais bon que voulez-vous
1/3i
On comprend le plan
a posté le à 11:35
Enrichir les banques...
Avec les frais de virement..

Permettre l'argent sale de sortir..

Et on imagine pour qui. Ceux contre qui, il semblerait qu'il voulait se battre..

Hypocrisie
Bacchus
Hallucination
a posté le 04-03-2025 à 09:16
Bourse : nom féminin (du grec bursa outre en cuir). 1. Petit sac pour mettre de l'argent, de menus objets. Autre définition : nom féminin pluriel. Enveloppe cutanée des testicules (synonyme : scrotum). A suivre.
A.
'?a devient presque un jeu amusant vos photos de couverture
a posté le 04-03-2025 à 01:03
Quand l'IA transforme la Tunisie en un pays chretien . Est ce qu'il y a quelqu'un dans votre rédaction qui vérifie les photos générées par l'IA. N'y a t il personne qui a remarqué que la photo met en évidence des église en arrière plan !!!!
'?a commence à être un jeu vos photos. '? chaque fois trouvez l erreur'?'. Svp consommez l'ia avec modération
Philobog
Réalités concrètes
a posté le 03-03-2025 à 18:23
Dans mon activité professionnelle, en février 2024 j'ai traité à l'encaissement 62 chèques
En février 2025, j'en ai traité..... 2
Rien à ajouter.....
ourwa
Ce " cash" cache-t-il autre chose ?
a posté le 03-03-2025 à 17:54
Le retour en force du cash est la meilleure façon de booster la corruption, l'anonymat par rapport au fisc, le blanchiment d'argent ; pas de preuves écrites par chèque ou par carte bancaire, aucune tracabilité, aucun risque d'être poursuivi par la justice fiscale ou autre; est-ce ainsi que KS compte lutter contre la corruption , l'évasion fiscale et le mépris de l'Etat de Droit ?... Il n'y a quasiment en Tunisie que les grandes surfaces commerciales qui acceptent le chèque comme moyen de paiement, mais aussi la carte de crédit bancaire, un moyen de paiement imparable, sûr à 100%, or une station-service sur 10 ( ciosque à essence)accepte la carte bancaire. Vous avez dit bizarre quand le bénéficiaire du chèque est nominal, doit être au nom propre du gérant et non de la société ? ( Agil, Star etc...)Vous avez dit entourloupe vis-à-vis du fisc ? ça en a l'air... Qui dispose du pouvoir supérieur d'obliger les enseignes commerciales moyennes et les stations-sevice à se doter d'appareils électroniques nécessaires au paiement par carte bancaire, la banque centrale? le ministre du commerce? la présidence de la République? Allez savoir; on dirait que notre Tunisie, hautement républicaine et merveilleusement démocratique, s'accrochant à son " Droit" comme une sangsue sur la peau d'un chien, étant arabe depuis + de 1400 ans, continue à se complaire dans ses réflexes culturels tribaux, déjà en vogue du temps des 4 premiers califes et érigés en caricature durant le califat ommeyade de triste mémoire. De quoi se faire tourner dans sa tombe l'inénarrable Omar ibn-el-Khattab ! Le baton et la géole avant la carotte... Effectivement, pourquoi moderniser et se hausser ainsi à la hauteur de notre siècle au lieu de s'inspirer du salaf? Pourquoi faire simple et efficace, quand on choisit de faire compliqué et néfaste pour l'économie et l'intêret général ?... " Obéissez à ceux parmi vous qui détiennent le pouvoir", exhorte le koran ( dixit). Vous êtes loin de sortir de cette auberge totalitaire et rétrograde...
Abir
Correction
a posté le 03-03-2025 à 16:44
Suisse sans "s" merci
********
En tout cas
a posté le 03-03-2025 à 16:03
Pour quelqu'un qui n'aime pas utiliser l'argent, en Tunisie, il est bien servi.
On peut vivre des mois sans toucher à l'argent en utilisant qu'une carte de crédit en France.
En Tunisie, on voit défiler les billets c'est affolant, des billets qui passent par tous les mains. Le payement en carte bancaire est existant ou presque.
Pour l'économie c'est autre chose.
Abir
A propos de la photo
a posté le 03-03-2025 à 15:21
Raouf Ben Hédi à fait sortir tout et toutes les employés-es des banques suisses et les as déposé dans un espace Tunisien
BOUSTEN
'?CONOMIE
a posté le 03-03-2025 à 14:45
Le retour au cash n'est pas tant une mauvaise chose, c'est de l'économie réelle pas des chèques en bois de l'argent fictif et des cavaleries, tu as t'achète t'as pas va prendre un crédit.
Pour la photo AI c'est représentatif de la population tunisienne ou c'est votre souhait?, expliquez nous.
Rebel
@ Bousten
a posté le à 14:55
C est vrai! Ni Goundoura, ni barbes...Même pas une femmes voilées image IA?
Alya
'?e chèque, le moyen de paiement des personnes clean
a posté le 03-03-2025 à 13:48
Les seuls perdants sont finalement ceux qui savaient que détenir un chèque est un acte responsable. Les gens honnêtes paient pour les autres , aussi. bien les signataires des chèques en blanc que le secteur parallèle.
Abir
Gouverner à l'aveuglette
a posté le 03-03-2025 à 13:35
Un pays qui va en arrière à feu doux, faute d'un gouverneur mis à jour !!! Avoir du liquide dans sa poche est un danger pour le citoyen car ça facilite d'avantage les attaques des criminels
le financier
Raouf ton analyse suit mes commentaires pass2s mais
a posté le 03-03-2025 à 12:19
ton analyse est quasi une copie de mes commentaires pour lesquelle je suis donc d accord .
Le seul bemol reside dans le fait qu aucun de ces genies ne sait dit que la population tunisienne est veillissante ( papy boomer ) , il n aime ni les cartes de credit ni les telephones portable ou application et prefere le cheque ou le cash .
Une etude sociologique aurait ete necessaire mais comme le but etait d eviter la prison aux escroc , on s en fout pas mal des consequences sur l economie.
Le prochain president reviendra sur cette loi et remettre en circulation les cheques comme ds le pass2 sans cette plateform qui n a enrichi que la start up qui l a vendu a l etat
riri
oulala attention vous
a posté le à 14:46
Le prochain président?

Vous osez comploter contre l'Etat tunisien Vous menacez ouvertement la Tunisie d'un changement de régime alors que le peuple veux son président
le financier
riri fifi loulou
a posté le à 15:51
personne est eternel , et il n est pas jeune notre president . seul dieu sait quand cela sera son heure .Il n y a rien a comploter si le peuple est content que l on continue comme ca