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Bourse de Tunis : performances contrastées des sociétés cotées au premier semestre de 2024
19/08/2024 | 07:33
5 min
Bourse de Tunis : performances contrastées des sociétés cotées au premier semestre de 2024

Au cours du premier semestre 2024, les sociétés cotées à la Bourse de Tunis ont enregistré une progression modeste de leurs revenus, atteignant 12 milliards de dinars, soit une augmentation de 2,3% par rapport à la même période en 2023. Alors que le secteur financier et les assurances continuent de tirer la croissance, d'autres secteurs comme l'agroalimentaire montrent des signes de faiblesse. Dans ce contexte, la performance des entreprises varie fortement, reflétant un marché tunisien à la fois résilient et vulnérable aux aléas économiques.

 

La croissance modérée des revenus des sociétés cotées est à la fois un signe de robustesse face aux pressions externes et internes, et une indication des limites structurelles qui continuent de freiner une reprise plus vigoureuse. Alors que l'inflation, la volatilité des marchés internationaux, et les défis liés à la chaîne d'approvisionnement continuent de peser sur l'économie globale, les entreprises tunisiennes ont montré une capacité à naviguer dans ces eaux tumultueuses, mais non sans difficulté.

Les entreprises composant le Tunindex20, qui regroupe les vingt sociétés les plus performantes en termes de capitalisation boursière, ont joué un rôle clé dans la stabilité des revenus globaux. Ces sociétés ont généré à elles seules 7,7 milliards de dinars, représentant ainsi 64% du revenu total des sociétés cotées. Cette performance relativement stable par rapport à 2023 met en évidence le poids de ces grandes entreprises dans l'économie tunisienne et leur capacité à maintenir une certaine stabilité, même dans des conditions économiques incertaines.

Les sociétés du Tunindex20 sont souvent des leaders dans leurs secteurs respectifs, ce qui leur permet de mieux résister aux turbulences du marché. Leur contribution majoritaire aux revenus globaux souligne leur importance stratégique dans le tissu économique tunisien. Cependant, cette dépendance vis-à-vis de quelques grandes entreprises pourrait aussi poser des risques en cas de ralentissement dans l’un de ces secteurs dominants.

Le secteur des télécommunications a enregistré la plus forte progression parmi tous les secteurs cotés en Bourse de Tunis pour le premier semestre 2024, avec une augmentation notable de 28,3% par rapport à la même période en 2023. Cette performance remarquable reflète une dynamique de croissance significative dans ce secteur, surpassant d'autres secteurs comme la technologie, qui a progressé de 10,4%. L'essor des télécommunications est le résultat d'une demande accrue pour les services numériques et les innovations technologiques, ce qui a stimulé les revenus des entreprises opérant dans ce domaine.

Le secteur financier s'est avéré être le principal moteur de la croissance au cours de ce semestre, affichant une augmentation de 6,7% de son revenu global. Les banques, en particulier, ont joué un rôle crucial, avec une hausse de 5,7% de leur produit net bancaire. Cette performance s'explique par plusieurs facteurs, notamment la stabilité relative des taux d'intérêt, l'augmentation de la demande de services financiers, et une gestion prudente des risques.

Les compagnies d'assurances ont également contribué à cette dynamique positive avec une augmentation de 10% des primes émises. Cette croissance traduit une prise de conscience accrue des risques et une demande plus élevée pour des produits d'assurance diversifiés, en réponse à un environnement de plus en plus complexe. Le secteur des assurances, en plein essor, continue de s’imposer comme un pilier essentiel du marché financier tunisien, offrant non seulement une protection contre les risques mais aussi des opportunités d'investissement pour les épargnants.

Cette dynamique positive dans le secteur financier reflète également la confiance des investisseurs et des consommateurs dans la solidité des institutions financières tunisiennes. Cependant, cette dépendance au secteur financier pour soutenir la croissance économique pourrait aussi devenir une faiblesse si des chocs externes ou internes venaient à perturber ce secteur clé.

Si le secteur financier tire son épingle du jeu, d'autres segments de l'économie tunisienne montrent des signes de faiblesse. Le secteur des biens de consommation, et plus particulièrement l'agroalimentaire, a enregistré une baisse de 2,2% de ses revenus au premier semestre 2024. Cette régression, marquée par une diminution de 3,6% dans l'industrie agroalimentaire, reflète les difficultés auxquelles sont confrontées ces entreprises.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette situation. D'une part, la hausse des coûts de production, liée notamment à l'augmentation des prix des matières premières et à des perturbations dans les chaînes d'approvisionnement mondiales, a exercé une pression sur les marges des entreprises du secteur. D'autre part, la baisse de la consommation intérieure, en raison de l'érosion du pouvoir d'achat des ménages, a pesé sur la demande de produits alimentaires.

L’agroalimentaire, un secteur historiquement résilient, est confronté à un double défi : maintenir ses marges tout en continuant à satisfaire une demande en déclin. Cette situation met en lumière la nécessité pour les entreprises de ce secteur de repenser leurs stratégies, notamment en investissant dans l'innovation et en diversifiant leurs marchés pour compenser la baisse de la demande intérieure.

Le premier semestre 2024 a également été marqué par des performances très contrastées parmi les entreprises cotées. Certaines d'entre elles ont réussi à tirer leur épingle du jeu en réalisant des croissances spectaculaires, tandis que d'autres ont connu des difficultés majeures.

Parmi les sociétés qui se sont particulièrement distinguées, SITS (Société Immobilière Tuniso-Saoudienne) a vu ses revenus augmenter de manière exponentielle, avec une croissance impressionnante de 250%. Cette performance remarquable est probablement liée à des projets immobiliers stratégiques et à une gestion efficace de ses actifs. De même, TUNINVEST Sicar, spécialisée dans le capital-investissement, a enregistré une hausse de 127% de ses revenus, témoignant d'une stratégie d'investissement judicieuse et d'une bonne gestion de portefeuille.

Ces résultats inégaux entre les entreprises montrent que, bien que certaines aient su naviguer efficacement dans un contexte difficile, d'autres continuent de lutter contre des vents contraires. Ce fossé croissant entre les gagnants et les perdants sur le marché boursier tunisien souligne l'importance de la gestion stratégique et de l'innovation pour maintenir la compétitivité.

Malgré les divergences sectorielles et les performances inégales des entreprises, les indices boursiers tunisiens ont montré une croissance notable au premier semestre 2024. Le Tunindex, l'indice phare de la Bourse de Tunis, a progressé de 11,15%, tandis que le Tunindex20 a enregistré une hausse de 14,22%.

Cette progression des indices boursiers reflète une confiance continue des investisseurs dans les perspectives à long terme du marché tunisien. Le secteur des services financiers a particulièrement brillé, avec une augmentation de 20,71% de son indice sectoriel, confirmant son rôle de locomotive pour le marché boursier. La croissance des indices boursiers est également un signe de l'appétit des investisseurs pour des rendements plus élevés.

Cependant, cette croissance boursière doit être interprétée avec prudence. Si elle indique une certaine confiance dans le marché, elle pourrait aussi masquer des vulnérabilités sous-jacentes, notamment si la croissance économique réelle ne suit pas le rythme de l'augmentation des cours des actions. Une correction pourrait survenir si les attentes des investisseurs ne sont pas satisfaites.

 

Le premier semestre 2024 a révélé un paysage contrasté pour les sociétés cotées à la Bourse de Tunis. Tandis que certains secteurs, comme la finance et les assurances, continuent de croître, d'autres, tels que l'agroalimentaire, sont confrontés à des défis majeurs. Les performances inégales des entreprises, couplées à une croissance boursière solide mais potentiellement fragile, reflètent les incertitudes qui pèsent sur l'économie tunisienne.

Dans ce contexte, les entreprises devront redoubler d'efforts pour s'adapter à un environnement en constante évolution, tout en cherchant à exploiter les opportunités offertes par le marché. Pour les investisseurs, la vigilance s'impose, car les promesses de rendements élevés doivent être pondérées par les risques inhérents à un marché encore en quête de stabilité.

 

Ahmed Bouguerra

19/08/2024 | 07:33
5 min
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Commentaires
Moncef
Le Tunindex est un marché sur
a posté le 20-08-2024 à 11:10
La bourse tunisienne propose beaucoup d'opportunités mais elle nécessite de comprendre et savoir lire les états financiers des entreprises

Il y'a sans aucun doute quelques petites qui sont peu valorisées et qui ont d'excellents résultats opérationnels en plus d'être sur leur marché en situation de monopole ce qui diminue drastiquement le risque. Je pense à des sociétés tels que sotrapil par exemple pour ne citer qu'elle et il y'en a bien d'autres tels que air liquide ou sotuver ou sotumag par exemple.


Des sociétés profitables qui croissent et qui reversent à leurs actionnaires une grosse part de leurs bénéfices sous forme de dividendes.

L'avantage de la bourse de Tunisie est qu'elle est protégé des rapaces tels que les hedge fund , la vente a découvert est interdite et cela permet de protéger la valeur des sociétés cotées, c'est quelque chose qui permet de garder confiance au marché et d'y investir


Le marché européen et U.S. est extrêmement risqué car les actions sont à la merci des requins qui peuvent massacrer la valorisation par des ventes à découvert complètement barbare et faire perdre en quelques heures parfois des milliards de valorisation.

Le marché est drive par les produits structuré tels que les options et les futures et cela génère énormément de volatilité qui détruise souvent uniquement les portefeuilles des petits porteurs car leurs portefeuilles ne sont pas couverts.

Bref le trading et surtout le trading algorithmique via intelligence artificielle transforme désormais chaque correction en véritable crash car toutes ces machines renifleuses de tendance accentue l'effet baissier à chaque baisse et vont jusqu'à pousser les sociétés fragiles à la faillite lorsque leurs trend est baissier sur le long terme.


Pour ma part je suis bien plus serein en investissant sur la bourse de Tunisie et en achetant les bonnes sociétés via une analyse fondamentale que sur le trading action sur le cac 40 ou le Dax ou le Nasdaq

Le seul souci sur un marché protégé est la liquidité de l'actif
En effet il est parfois difficile de se procurer des actions de certaines sociétés car il n'y en a pas à vendre tout simplement'?'
'Gardons un minimum d'honnêteté!
Merci Mr. Ahmed Bouguerra, en fin un article d'actualité économique sur Business News TN!
a posté le 19-08-2024 à 16:06
Un article très informatif fondé sur des données empiriques. Ce qui lui manque, à mon avis, est un aperçu global des emplois directs et induits générés par la forte croissance de certains secteurs comme la finance et les assurances --> c'est la création des emplois qui intéresse le plus le Tunisien.

Puis, on pourrait se demander si le phénomène de déconsommation auquel est confronté l'industrie de l'alimentation a induit une perte d'emplois? --> Oui, il faudrait en parler, car la Tunisie en souffre avec ses 16% de chômeurs.

A mon avis, c'est même positif que les Tunisiens consomment moins de sucre, moins d'huile, moins de pain, mois de spaghettis, moins de vêtements, moins de chaussures, moins d'énergie, etc. : de toutes les façons, il n'y a pas assez pour tous les Tunisiens --> minimiser ainsi les importations de ses produits entre-autres alimentaires.

Par contre, il faudrait se demander sur les raisons/causes de ce phénomène de déconsommation (le Tunisien consomme moins que d'habitude): Est-ce-que les Tunisiens se sont fait entre-temps d'énormes resserves de ses produits chez-eux qui suffirait pour les mois à venir, ou est-ce-qu'ils ont d'autres priorités comme celle de la voiture, du Smartphone, et d'une connexion internet pour les enfants, etc. ?

Puis qu'en est-il des gains de nos agriculteurs qui sont les principaux fouisseurs de l'agroalimentaire --> rares sont ceux qui voudraient en parler...

bonne journée
Gardons un minimum d'honnêteté!
Errata
a posté le à 17:55
J'ai fait beaucoup de fautes d'inattention, je ne corrige que les deux fautes qui me dérangent le plus:
- minimiser ainsi les importations de ces produits entre-autres alimentaires.
- d'énormes réserves de ces produits chez-eux qui suffiraient
Momo
vous avez dit bourse
a posté le 19-08-2024 à 10:21
La soi disant bourse...des mafieux à la tête des entreprises, des chiffres publiés en retard, des commissions à d fois plus élevées qu'en Europe, des es manipulations de cours, des business plan faits sur mesure pour pomper les petits investisseurs...et le CMF COMPLICE (ou incompétent..)
Il faut dissoudre cette bourse elle ne sert plus à grand chose
le financier
analyse etrange
a posté le 19-08-2024 à 09:58
Cette analyse est juste mais etrange .
Pourquoi n a t il pas montré les inefficience du secteur financier .
Il fut une epoque il n y avait pas de chambre de compensation , il n y a tjours pas de fond monetaires , la regulation sur le marché de l or est depassé et obsolète.
Les produits de hedging sur devise quasi inexistant a part les options , qui sont obsoletes de nos jours ...
Il y a tps a dire et je ne parle meme pas si l AML KYC est serieusement faite sur les societes qui font 250% de croissance , qu est ce qu on rigole dans le monde de la mediocrité