
L’Union interparlementaire (UIP) a décidé, mercredi 30 avril 2025, d’envoyer un observateur judiciaire pour suivre les procès intentés contre l’ancienne députée et présidente du Parti destourien libre, Abir Moussi.
Cette mesure fait suite à l’examen, le 9 avril dernier, d’une plainte déposée par l’ancienne parlementaire. Elle s’inscrit dans le cadre des recommandations de la Commission des droits humains des parlementaires de l’UIP.
Détenue depuis 2023 pour des prises de position jugées hostiles au pouvoir en place, Abir Moussi fait face à plusieurs procédures judiciaires.
Dans son rapport, l’UIP s’inquiète des sanctions qu’elle juge trop clémentes à l’encontre des députés ayant agressé Abir Moussi sous la coupole du Parlement, le 30 juin 2021. L’organisation estime que ces peines ne sont pas à la hauteur de la gravité des faits, notamment au regard du caractère public et délibéré de l’agression, de la qualité de la victime et du lieu de l’incident. Elle dénonce également la lenteur des poursuites et le traitement différencié entre la victime et ses agresseurs, jugés en liberté, alors qu’elle reste incarcérée pour des faits liés à sa liberté d’expression.
L’UIP fustige par ailleurs l’inaction du Parlement tunisien actuel, accusé de se retrancher derrière le principe de séparation des pouvoirs pour éviter d’assumer ses responsabilités, notamment en matière de protection des anciens députés, en particulier les femmes exposées à la violence politique. Elle considère que l’agression subie par Abir Moussi constitue un recul grave pour les droits politiques des femmes et une menace pour le bon fonctionnement de l’institution parlementaire.
L’organisation rejette en outre les accusations portées contre Abir Moussi, notamment celle d’atteinte à la sûreté de l’État pour avoir critiqué les élections et les décrets présidentiels. Elle estime que ses déclarations relèvent de la liberté d’expression, un droit fondamental garanti par les conventions internationales ratifiées par la Tunisie.
En conséquence, l’UIP appelle à la libération immédiate d’Abir Moussi et à l’abandon des poursuites engagées contre elle, considérant qu’elles reposent sur l’exercice de droits protégés par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
En raison des multiples irrégularités observées dans les procédures judiciaires, l’UIP a mandaté un observateur pour assister aux audiences. Elle a demandé aux autorités tunisiennes de lui communiquer la date de la prochaine audience et de garantir à l’observateur l’accès nécessaire à l’exercice de sa mission.
Dans un communiqué, le Parti destourien libre a salué cette décision, affirmant qu’elle conforte la légitimité de son action sur la scène internationale. Il a rappelé que la Tunisie, en tant que membre de l’UIP, est tenue de respecter ses engagements internationaux, et que les plaintes déposées devant les instances onusiennes ou parlementaires ne sauraient être assimilées à une atteinte à la souveraineté nationale.
S.H