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Chroniques
Nous pouvons vivre sans maquillage, merci !
Par Synda Tajine
27/09/2022 | 16:59
4 min
Nous pouvons vivre sans maquillage, merci !

 

Pour me préparer à la pénurie, j’ai décidé aujourd’hui de sortir sans maquillage. On m’a demandé si j’ai bien dormi, certains m’ont fait remarquer que j’avais l’air « fatiguée », hormis cela, j’ai survécu. Rien à l’horizon, la terre a continué de tourner sur elle-même et autour du soleil.

Après des semaines sans sucre, sans lait, sans beurre, sans eau, sans café et sans poulet, mon blush et mon eyeliner m’ont semblé être des produits futiles à ma vie de tous les jours.

Vous trouvez mon récit ridicule ? Je le trouve encore plus.

 

Depuis que le chef de l’Etat s’est hasardé à une explication simpliste des équilibres de la balance commerciale, on nous a fait croire que nos vies allaient s’arrêter si on se retrouvait un jour privées de maquillage et de produits de beauté. Depuis hier, les commentaires sexistes en tout genre ont fusé sur la toile. Cela aussi, nous y sommes habitués. « A partir de demain, les femmes ressembleront à des hommes » ; « nous les hommes, nous serons encore plus beaux que les femmes sans maquillage » ; « sans sucre à épiler et sans maquillage, bonjour les crises cardiaques » ; « comment les femmes pourront-elles survivre sans maquillage ? ». Des interrogations existentielles accompagnées de photos de députées et de figures publiques féminines que les internautes redoutent de devoir voir « sans fards ».

 

Hier soir, face à la cheffe du gouvernement, le président de la République a essayé de trouver une sortie honorable à la crise économique et aux déséquilibres de la balance commerciale. Sans trop réfléchir, sans consulter les experts, ni se renseigner, il a décidé de s’attaquer aux produits de beauté et de soin et aux aliments pour animaux de compagnie.

 

Est-ce que le chef de l’Etat a visé les femmes dans son discours contre l’importation des produits qu’il estime être « de luxe » ? Permettez-moi d’en douter. Je ne peux être d’accord avec les nombreuses femmes qui se sont indignées hier soir sur la toile pour dénoncer « cette provocation pure » et le fait que « le chef de l’Etat a un sérieux problème avec les femmes ».

 

Oui le chef de l’Etat ne semble pas très enclin à faire de la place aux femmes dans la vie publique. Même après avoir nommé la première cheffe de gouvernement femme de l’histoire du pays – Kaïs Saïed prouve chaque jour un peu plus que la cause féminine ne fait pas partie de ses priorités. A travers ses décrets, il s’emploie à gommer, jour après jour, les « acquis » qui restent encore aux femmes aujourd’hui. N’oubliez pas que l’une de ses premières décisions a été d’enterrer la loi sur l’égalité successorale. Dans sa nouvelle loi électorale, il a aussi sciemment décidé d’évincer les femmes du processus électoral avec la non-imposition de la parité.

 

Si on sait que le président de la République est loin d’être un féministe, là n’est pas la question aujourd’hui. Le plus grave aujourd’hui est que le chef de l’Etat parle un discours qu’il ne maitrise pas.

 

Kaïs Saïed n’a pas visé les femmes dans son discours mais les populations aisées, qui auraient encore les moyens aujourd’hui d’acheter des produits de soin et de nourrir leurs animaux domestiques.

 

Vous voyez les discours de cafés que les citoyens, peu informés et révoltés par la situation économique, tiennent entre deux gorgées de capucin ? Kaïs Saïed tient les mêmes discours face à l’opinion publique. Il axe ses propos sur une diabolisation des produits « non nécessaires », et s’attaque aux classes dites « aisées », qui ont « le luxe » de se permettre ce genre de produits. Il estime, qu’ainsi, il pourra gagner la sympathie des Tunisiens car il se sera rangé de leur côté et compris leurs plus profondes doléances.

 

Des « analyses » simplistes avec lesquelles il veut diriger un pays. Ceci rappelle sa solution toute trouvée à la hausse des prix et aux pénuries en recommandant aux agriculteurs de « vendre leurs produits à des prix couvrant les frais de production ».

 

Pour faire simple, les produits de beauté et la nourriture pour les animaux domestiques représentent un pourcentage infinitésimal du total des importations tunisiennes. En réalité, tous les produits de consommation représentent une partie minime des importations tunisiennes. Est-ce à cela qu’il faut s’attaquer pour équilibrer une balance commerciale déficitaire depuis longtemps ? En réalité, Kaïs Saïed ne cherche nullement à résoudre les problèmes de fonds et à solutionner le gouffre économique dans lequel le pays s’embourbe, tout ce qu’il veut c’est gagner la sympathie populaire afin de pouvoir encore faire passer ses décrets…et son plan.

 

Un homme très sage a dit un jour « Quand le singe pointe l’étendue du gouffre, le fou regarde le maquillage »…

 

Par Synda Tajine
27/09/2022 | 16:59
4 min
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Commentaires
Mansour Lahyani
Eh non, Synda : ne faites pas preuve d'arrogance !
a posté le 28-09-2022 à 15:54
Toutes les filles et les femmes de Tunisie ne peuvent pas prétendre avoir un aussi joli minois que le vôtre : il y a des dames qui ont un besoin vital de ces accessoires qui en agrémentent l'aspect ! Si elles sont à court de produits griffés, à quoi peuvent-elles recourir pour se prémunir ou réparer des ans l'irréparable outrage ?! Eh bien, la réponse est simple, et s'impose d'elle-même : il y a des produits qui sont fabrqués en Tunisie, pas aussi détestables que veulent bien le dire les Chantal locales, ce qui permet au passage de remplir les tiroirs-caisse locaux, et de fournir à nos Maherzia nationales l'occasion de travailler, et de parer aux besoins de leur famille, ou du moins d'y contribuer activement ! Tout ceci sans donner à M. Marouane Abbassi des coliques néphrétiques lorsqu'il pense à sa balance de paiements !
Rationnel
Reduire les importations avec les energies renouvelables
a posté le 28-09-2022 à 13:06
Le déficit en Dinar n'a pas de conséquence grave sur l'économie.
Par contre un déficit en dollar ou en euros peut entraîner la perte de l'indépendance comme ce fut le cas pour la Tunisie et pour beaucoup d'autres pays donc la Grèce, et c'est de plus en plus cas pour la Tunisie en 2022, le pays n'est plus capable de prendre des décisions, les responsables sont figes et attendent la décision du FMI depuis plus de 2 ans. On risque de ne plus avoir les moyens d'acheter les aliments de base, la majorité de la nourriture est importée.
La Tunisie doit réduire les importations, il est plus sage de commencer avec la catégorie qui est représente 40% des importation, c-a-d: l'énergie.
Pour réduire les importation de gaz naturel et de pétrole on peut accélérer les projets d'énergie renouvelable. L'Allemagne compte achever sa transition énergétique d'ici 2030 (soit 540 TWh), l'Arabie Saoudite compte avoir 50% électricité basée sur des énergie renouvelable (solaire et éolien) dans son d'ici 2030 soit dans 8 huit ans (L'Arabie Saoudite consomme 300 TWh). La Tunisie c'est seulement 15 TWh, ça sera plus élevé après la transition aux voitures électriques.
L'intervention de Kais Saied est probablement une bulle d'essai, appeler a l'acceleration des énergies renouvelables peut être perçu comme une attaque contre l'UGTT ce qui implique un risque politique, commencer par les produits cosmétique et de luxe est plus palatale pour la majorité.
******
Madame Synda
a posté le 28-09-2022 à 12:56
Je fais la guerre à ma fille de ne pas trop utiliser ces maquillages chimiques qui détruisent la peaux. Elle commence à comprendre.

Surtout qu'en Tunisie des pots de peintures, désolée, le maquillage, la discrétion !!!!! (Au mariage waw).

Harkoussss hhhh
Nephentes
Les pseudo-campagnes électorales de Mr Saed
a posté le 28-09-2022 à 10:54
Vont couter plus de 100 millions de nos dinars

Et ces campagnes c'est du maquillage pur et dur aux frais du contribuable
Fares
Parce que je le vaux bien
a posté le 28-09-2022 à 05:02
"Parce que je le vaux bien" devraient marmoner ces jours-ci toutes les tunisiennes qui ont voté pour Kaisollah. Oui mesdames vous valez bien Kaisollah.

Enjoy it while you can.


Si M'hamed Bougara
L'axe millénaire
a posté le 27-09-2022 à 21:32
https://youtu.be/SNXqI9bUivY

Starts at 12:22 till the end.

Tanit ou Tinnit en Amazigh est une déesse punique et libyque chargée, selon les Civilisation carthaginoise et Numides de veiller à la fertilité, aux naissances et à la croissance. Elle représente aussi la beauté féminine.

La terre tourne aussi autour de son axe, c'est ce qu'on appelle la procession.

Les filles de Tanit oubien Oumek tangou qui est une deformation vernaculaire n'ont pas besoin de maquillage pour briller. Si Habib Bourguiba qui s'y connaît en honneur leur avaient rendu l'hommage de les traiter en personnes. Personnellement j'ai toujours trouvé les femmes tunisiennes comme etant les femmes les plus belles au monde, maquillage ou pas. La chanson ci-dessus est mon mon hommage à la femme tunisienne, Si Habib Bourguiba vous avaient garanti des droits que nul pied nickelé n'est en droit à vous retirer. Les exploits de madame Ons Jabeur ne sont pas prêts d'être égaler par le meilleur des pieds nickelés. El hadra sahla wa el Redjla b'hakha. Machi arwah ou koul ana radjel.
Si M'hamed Bougara
The frame of reference
a posté le 27-09-2022 à 20:38
Oumouk tangou  is an ancient Tunisian  rainmaking ritual which was inherited from
Punic and Berber traditions involving invocations of the goddess Tanit.

It features the ritual use of the sculpted head of a woman (somewhat resembling the head of a girl's doll), which is carried in procession between the houses of a village during periods of drought by children singing the refrain : 

' Oumek 'angu ya nsa' tlebt rabi 'alshta'a.

' Amek tango, o women, ask God to rain.

This song varies according to the region because the term shta designates rain only in certain urban areas. Each housewife then pours a little water on the statuette, invoking rain.

In some villages, instead of the sculpted head, a stick is used. Each woman attaches a piece of clothing to this before giving some barley to the children in the procession, who then move off, while singing the refrain:

' ya bouktambou atina sh'3ir yemla k'dahkoum melghdir.

' Oumek tangou give us barley, your container will be filled from the water sources.

bouktambou (deformation of Omouk tangou).

To be continued...
SAEL
Réponse
a posté le 27-09-2022 à 19:28
J'adhère à beaucoup de vos critiques envers KS, mais la réalité est, que beaucoup de femmes perdraient de leur attractivité (en vrai, ou sur le net, sans parler des filtres), si elles se retrouvaient sans maquillage (nuance que vous et les commentateurs sur les médias sociaux que vous critiquez, ne semblez pas discerné, puisque vous ne faites pas la différence entre produits cosmétiques de luxe importés, et le fait d'utiliser de maquillages). Donc la critique de KS est dans le fond vrai, dans le sens où ce sont des produits pas nécessaires à notre survie, mais populiste, puisqu'elle n'est pas basée sur des questions économiques. Si vous aviez écrit un article pour parler de l'intérêt de l'import des produits de luxe, du point de vue économique, je vous aurais certainement défendu, sauf si l'import de ces produits ne sont pas nécessaires à notre économie. Et là, j'aurais défendu quiconque défendrai cet argument. Question de nuance.
SAEL
Ah, et j'oubliais
a posté le à 13:18
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S016748702030009X
Le révolté
Commentaire oh combien stupide !
a posté le à 05:18
Mme Syda Tajine n'a pas besoin d'être soutenue par un mysogine, voire un stupide, comme vous.
SAEL
réponse
a posté le à 08:54
Mais elle a besoin de son chevalier blanc (simp) pour la défendre. Hhh
SAEL
Réponse
a posté le à 12:48
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https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0022103117304195
https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fnbeh.2018.00081/full

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Brahim MISSAOUI
Désolant
a posté le 27-09-2022 à 19:04
Je trouve désolant d'accorder le moindre crédit aux paroles d'un président qui a montré au fil de ses interventions des paroles hors sol, hors logique, hors sens que même un citoyen moyen ne pourra pas les tenir. J'ai mal pour mon pays.

Après la révolution, nous avons espéré construire un pays démocratique et prospère, mais malheureusement, aucune chance de voir ça dans un futur proche ou au moyen terme.