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Fonction publique : Les chiffres ne mentent pas !
04/01/2018 | 19:59
6 min
Fonction publique : Les chiffres ne mentent pas !

Les chiffres sont plus éloquents que tous les mots et une fois de plus l'Institut national des statistiques (INS) vient de le prouver en publiant un rapport intitulé "Caractéristiques des agents de la fonction publique et leurs salaires 2011-2015" qui schématise avec des données précises et claires l’évolution du nombre de fonctionnaires et de leur masse salariale durant la période 2011-2015. Focus.

 

Depuis la révolution, les problèmes de budget de l’Etat n’ont pas cessé d’empirer, à cause –et tout le monde est d’accord sur ce point- de la charge importante de la masse salariale de la fonction publique. 7 ans après la révolution, nous commençons tout juste à collecter les fruits de la politique publique de recrutement massif qui a été adoptée par les différents gouvernements qui se sont succédé, notamment de la Troïka, et qui se solde aujourd’hui par des augmentations des prix qui touchent absolument tout, pour justement payer les salaires de ces fonctionnaires, y compris président, députés et ministres. Des politiques populistes de l’autruche qui voulaient étouffer les clameurs du peuple et ses revendications en termes d’emploi et de vie digne, sans se casser la tête, sans de vraies solutions aux problèmes qui se posent et sans engager les réformes qui s’imposaient et s’imposent toujours. Pire, aujourd’hui le gouvernement est amené à mettre en place une stratégie de restructuration et de départ anticipé à la retraite des agents pour assainir une fonction publique malade et inefficace, et apurer les comptes de l’Etat, qui ne pourront supporter davantage un poids aussi important, sans qu’il y ait derrière un travail effectif et un service fourni.

 

Ainsi, et selon le document de l’INS qui exploite le fichier du Centre national de l’informatique des agents de la fonction publique, cette dernière a employé 604,2 mille salariés en 2015, contre 444,9 mille salariés en 2011. Un chiffre qui a évalué de 35,8% (159,3 mille personnes en plus).

 

 

Le nombre de recrutement le plus élevé de la période étudiée a été réalisé en 2012 (88,2 mille salariés en plus), soit plus de la moitié de l’ensemble des recrutements effectués sur l’ensemble de cette période. Il s’agit de recrutements réalisés sous le règne de la Troïka. Sans oublier, les 7.616 personnes qui ont bénéficié de recrutements exceptionnels en 2013 dans le cadre de l’amnistie générale, toujours sous la même gouvernance.

Résultat des courses, en Tunisie, le nombre de fonctionnaires dépasse les moyennes mondiales : 84 agents pour les 1.000 habitants contre 35 et même 20 agents pour les 1.000 habitants pour les autres pays du monde.

 

La majorité de l’effectif sont des fonctionnaires. Ils représentent 78,6% des agents de la fonction publique, pour 17,8% d’ouvriers et seulement 3,6% contractuels. La répartition des fonctionnaires selon la catégorie en 2015 montre que 259,6 mille font partie des catégories A1 (20,5%) et A2 (34,2%), ce qui donne un taux d’encadrement de 54,7%. La catégorie D ne représente que 4,9% du total des fonctionnaires. La catégorie A étant le grade le plus élevé et D le plus bas.

 

 

L’étude indique que l’effectif de la catégorie A2 a connu une remarquable augmentation, soit une amélioration de 86,12% par rapport à 2011. De même pour la catégorie A1, ce nombre a enregistré une hausse d’environ 45,22% par rapport à 2011. Alors que le nombre des fonctionnaires de la catégorie A3 a baissé de 30,70%.

 

Cette mauvaise gestion et ces recrutements massifs ont eu un coût très élevé, que les Tunisiens devront continuer à payer les prochaines années.

En effet, en se référant aux différentes Lois de finances (sans tenir compte des Lois de finances complémentaires), la rubrique rémunération publique est passée de 7,29 milliards de dinars en 2011 à 11,2 milliards de dinars en 2015 (+53,67% par rapport à 2011). Elle est actuellement de 14,75 milliards de dinars en 2018 (+102,44% par rapport à 2011). La masse salariale dans le budget de l’Etat a, donc, plus que doublé en 7 ans.

Ce recrutement a été accompagné, sous la pression de l’UGTT et celle de la rue, d’augmentations salariales, alors qu’en parallèle, la productivité baissait à vue d’œil ! Les grèves se sont enchainées pendant ces 7 ans et le plus souvent pour revendiquer des augmentations, des primes, des avantages, et … moins de travail. Oui, depuis la révolution, les fonctionnaires travaillent moins. Outre les retards, l’absentéisme et les arrêts de travail pour maladie qui ont augmenté, on est passé de la semaine à 6 jours à la semaine de 5 jours, donc à moins d’efficacité, en plus de la séance unique qui s'est rallongée depuis que l’été et ramadan se succèdent. D’ailleurs, une étude statistique réalisée par l’Association tunisienne de lutte contre la corruption affirme que le temps réel de travail passé par un fonctionnaire tunisien ne dépasse pas les 8 minutes par jour, soit 105 jours de travail par an.

 

Or, les salaires du public ont fortement augmenté ces dernières années, les chiffres publiés par l’INS à l’appui. Le salaire brut moyen mensuel a atteint 1.388,9 dinars en 2015 contre 1.127,5 dinars en 2011, une augmentation de 23,18% en 5 ans (+261,4 dinars). L’augmentation moyenne la plus importante a été effectuée en 2013, toujours sous la Troïka !

Le salaire brut moyen mensuel des fonctionnaires a progressé pour atteindre 1.545,4 dinars en 2015 contre 1.275,9 dinars en 2011 (+21,12%). Il a évolué beaucoup plus pour les ouvriers (+33,68). Leur salaire brut moyen mensuel passant de 660 dinars en 2011 à 882,3 dinars en 2015.

L’analyse détaillée des salaires par catégorie permet de constater que le salaire brut moyen de la catégorie C a enregistré en 2015 l’évolution la plus favorable par rapport à 2011 (+40,45%, soit 306,8 dinars en plus), suivi par la catégorie B (+33%, soit 292,5 dinars en plus), la catégorie C (+29,92%, soit 244,9 dinars en plus), la catégorie A2 (+17,67%, soit 230,1 dinars en plus), la catégorie A3 (+16,65%, soit 186,7 dinars en plus) et la catégorie A1 (14,38%, soit 296 dinars en plus).

 

 

Par tranche de salaire, le salaire mensuel brut a bien évolué depuis 2011. En effet, seul 0,3% des fonctionnaires touchent moins de 700 dinars (contre 3,2% en 2011). 60,2% des fonctionnaires sont rémunérés entre 1.100 et 1.700 dinars (contre 45,5% en 2011) et 23,4% touchent plus de 1.700 dinars (contre 15% en 2011).

 

 

Pour les ouvriers, 50,1% sont rémunéré entre 800 et 1.100 dinars (contre 5,7% en 2011) et 44,3% entre 600 et 800 dinars (contre 62,7% en 2011). 4,3% touchent plus de 1.100 dinars (contre 0,9% en 2011).

 

 

Ces chiffres très éloquents prouvent le gap entre la théorie et la pratique. Depuis la révolution, l’effectif a fortement augmenté. Il en est de même pour les salaires. En parallèle, l’inflation est aussi montée en flèche, contre un pouvoir d’achat qui a dégringolé, en partie à cause de ces augmentations salariales non justifiées, la productivité ayant baissé au lieu de s’améliorer. Le résultat a été constaté dans la Loi de finances 2018 : hausse des divers droits, impôts et taxes qui s’est soldée par une augmentation générale des niveaux des prix.

Des réformes structurelles s’imposent et le chantier de la fonction publique devient le plus urgent, pour arrêter cette hémorragie du budget de l’Etat et mettre fin aux pressions fiscales subies par les salariés et les entreprises, qui sont en train de tuer à petit feu notre économie nationale.

 

Imen NOUIRA

04/01/2018 | 19:59
6 min
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Commentaires (24)

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Mounir
| 19-01-2019 07:08
Désolé je ne trouve pas un pays avec 35 et même 20 pour 1000 habitant.
Selon Le Portail de Statistiques STATISTA:
Le nombre de fonctionnaire par 1000 habitant dans les pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques
1/ Norvège 159
2/ Danemark 142
3/ Suède 138
...
6/ France 89
10/ Etats Unies 70
Le seul problème à étudier c'est l'état de l'économie du pays et non le nombre de fonctionnaire.

Ali
| 07-01-2018 12:57
Les chiffres montrent que finalement le ratio des fonctionnaires par rapport à la population totale n'est pas aussi élevé qu'on pourrais croire. Par contre la masse salariale est trop élevée au vu de ce qu'elle represente dans le budget de l'état. Il faut donc absolument faire baisser ce taux pour libérer des capacités d'investissement afin de créer de la croissance. 2 solutions son possible. La première est une logique financière et consiste à figer les salaires et diminuer les effectifs. L'impact à court terme est efficace mais elle crée en même temps de la perte de valeur et diminue la consommation qui est encore à l'heure actuelle le seul moteur de notre économie. La deuxième solution est d'améliorer le poid de la fonction publique dans la création de la richesse nationale. en améliorant la productivité (investissant dans l'administration numerique par ex) en diminuant l'impact négatif de la corruption et en diminuant la bureaucratie et les procédures inutiles afin de créer plus de services à valeur ajoutée. C'est grosso-modo ce que tente de faire le gouvernement actuel. Reste à convaincre l'ugtt qu'elle doit se comporter en défenseur des "travailleurs" de la fonction publique et pas des "salariers" afin de donner les moyens à un gouvernement fort de pouvoir s'attaquer à une administration remplie de tir au flanc, de corrompus, et de procédures obsolètes et contreproductives.

tounsi
| 06-01-2018 10:58
a part que le nombre de fonctionnaire et dans la norme international et même moins 55 fonctionnaires pour 1000 habitants en tunisie alors qu'il est de 80/1000 en france et une moyenne européen de 60/1000. autre chose l'État a recruté des Tunisien et ces tunisien avec leurs salaire vont acheté chez le boulangé et l'épicier et loué des maison et acheté des meubles

Hermés
| 06-01-2018 08:41
Départ à la retraite anticipée.
Représente l'ultime solution instantanée à fin de promouvoir le secteur public.

Zen
| 06-01-2018 06:00
La problématique se trouve dans la politique menée par le syndicat UGTT.
SEULE UGTT est responsable de ce gouffre financier....augmentations des salaires, revendications....sans contre partie ( les rendements )...il faut dire les 4 vérités de la paroisse.

Parcimonie
| 05-01-2018 22:48
Bonsoir à tous
Je suis resté totalement ébloui par l'efficience de cette étude statistique, le dernier des imbéciles,à qui, on aurait expliqué au préalable que l'argent prélevé par les impôts (contribuable) servait a alimenter les comptes bancaires des salariés de l'état, ce bougre là dira tout simplement: que nous ! cityoens payont ces salaires!! sans qu'ils sont parfois dérisoire par rapport au travail accomplie, mais par pur instinct et soudaine illumination il dira aussi: réduisons les salaires de ces fonctionnaires !! Il n'ira pas à dire de se separer de certains, parcequ'on délecte toujours un brin d'innocence dans l'esprits des sots ;)
En cotre partie, l'argument phare des prétendus fonctionnaires est simple: nous meritons notre salaire vu que nous nous fatiguons à l'exercer !! Et là, une toute autre dimension du probleme apparait; sans tenir compte de l'enorme offense à l'équité du travail promulguée par ces gens là: des heures de travail sechées, un laissé aller comique, une insouciance tragique, une prise de confiance en soi ridicule et et et .... on pourrait tout simplement dire que personne ne vous a obligé a travailler comme fonctionnaire ! A la base !! ils rendent un service au citoyen qui lui ,en réalité, crée de la richesse pour le pays, c'est d'apres l'effort de travail qu'il a perçue en temps obligatoire de son emploi fait naitre une valeur ajoutée ! prenons le simple exemple des députés, ils amassent des millions pourquoi ? pour defendere les interets du peuple chose qui est invisible en ce moment, mais non seulement ils se sont eux meme presentés à cette tache là nom de dieu, et dés lors qu'ils occupent un siege dans l'assemblée ils dévoilent soudainement leurs volentés privées, leurs fatigues, leurs excés ,des fois, et demandent par droit, du moins le croit-il , d'augmenter leurs salaires !!!
N'est ce pas donc un veritable casus belli à cette honte qu'est notre oligarchie

Jupiter
| 05-01-2018 18:54
Le nombre de fonctionnaire est raisonnable et dans la moyenne et même moins que la majorité des autre pays du monde ca c'est clair. Pour le reste je suis d'accord productivité très fiable la masse salariale par rapport au pib et de 14% et excessive mais toujours le problème ce n'est pas le nombre dz fonctionnaires mais de la production des tout les Tunisien qui ne produits plus et demande toujours pour mois la solution et de dire la vérité au peuple et de le responsabiliser il faut que les syndicats arrêté de faire du populisme. Et les Tunisien doivent produire plus. un tunisien produit 10 fois moins qu'un chinois. C'est ca le vrais problèmes et le tunisien gagne plus.

Rationnel
| 05-01-2018 17:21
Les statistiques du rapport sont de 2015, en 2017 le nombre a dépassé les 700 000. La population tunisienne est de 11 millions mais on a plus de 2 millions (1,4 officielles + les clandestins) qui ne résident pas en Tunisie. Donc c'est 700 000 pour 9 millions (78).

La compensation des bureaucrates s'élève a plus de 14,1% du PIB est l'une des plus importantes au monde (vous pouvez consulter ( https://danieljmitchell.wordpress.com/2013/06/02/mirror-mirror-on-the-wall-which-country-has-the-most-expensive-bureaucrats-of-all/ ), seul le Danemark et la Suède ont un ratio plus élevé, mais on n'est pas le Danemark ou la Suède.

- La bureaucratie tunisienne ne fournit ni la qualité ou la quantité des services offerts par les bureaucraties européennes. La Tunisie se trouve au bas du classement de l'OCDE dans l'éducation et plusieurs autres domaines.

- la Tunisie est un pays en voie de développement donc on a encore beaucoup a faire, une infrastructure et des services a développer. Les pays Européens ont une économie mature et une infrastructure bien établie. Une grande du territoire en Tunisie n'est pas encore desservie par des autoroutes et ne reçoit pas un service convenable, beaucoup reste a faire. Un Train a grande vitesse reste un objectif lointain.

- Le revenu moyen du bureaucrate Tunisien est de 900 dinars / mois (l'étude de l'INS est disponible sur le net), et le revenu moyen du Tunisien est de 530/mois, donc le bureaucrate est mieux compense que le citoyen moyen, 70% en plus.

Jupiter
| 05-01-2018 16:07
S'il y a 604 milles fonctionnaires en 2015 et la population et de 11 millions alors ca fait 55 fonctionnaires sur 1000 habitants une moyen moins importante que la france qui est de 80/1000 habitants et la moyen européen et de 60 pour milles ne parlons pas des pays scandinave qui sont les meilleurs au monde comme qualité de vie les fonctionnaires sont d'une moyenne dz 120 fonctionnaires pour 1000 habitants. Alors arrêté avec vos mensonges et voici un lien du magazine le figaro qui a fait une enquête en 2016 et regarder vous même.
http://www.lefigaro.fr/economie/le-scan-eco/dessous-chiffres/2016/03/17/29006-20160317ARTFIG00235-la-france-est-elle-un-pays-de-fonctionnaires.php

Rationnel
| 05-01-2018 15:50
La Tunisie a le problème inverse des USA et plusieurs pays européens. Dans la plupart des pays du monde le problème essentiel est la différence des revenus entre les très riches (0,01%) et les reste de la population. Aux USA 0,1% de la population accapare une grande proportions des gains économiques, d'après Piketty, un économiste français qui a publié un livre a très grand succès, le Capital au 21ème siècle ce problème existe dans la majorité des pays. La Tunisie est un pays où les bureaucratiques sont les gagnants (14,1% du PIB en salaires, plusieurs avantages, voitures de fonction, vacances, retraites, produits subventionnés) . Mais c'est aussi un système qui n'aide pas la création de la richesse puisque les bureaucrates sont non-seulement non-productifs mais entrave la productivité des créateurs de richesses. Il est normal que les jeunes préfèrent la bureaucratie comme carrière, c'est un futur garanti avec le minimum de risques et le maximum de gains. Comment s'en sortir?

La société du futur est une société ou 10% de la population peuvent satisfaire les besoins du pays, donc on peut dans un premier temps réduire l'effet saboteur de la bureaucratie. L'UGTT doit réaliser que la protection des intérêts de ses membres passe par une politique économique qui peut à créer des succès. Les besoins de la Tunisie en financement sont très modestes. La Tunisie a négocié avec le FMI pour des prêts de 2,9 milliards de dollars sur quatre ans. Le profit d'Apple est plus de 90 milliards par an. La création d'un seul succès modeste en haute technologie peut éliminer le déficit commercial. Donc on peut réussir si:
- On encourage les jeunes entreprendre
- on réduit les obstacles artificiels et les procédures bureaucratique inutiles