
Ceux qui reprochent au gouvernement de Najla Bouden son absence de vision ne gagneraient-ils pas à faire preuve d’un peu plus d’indulgence dans leur jugement ? Et particulièrement parmi ceux qui ont directement ou indirectement exercé un pouvoir dans la gestion des affaires publiques de ce pays. Car, le gouvernement a une vision. C’est d’éviter au pays le défaut de paiement. Toute autre vision serait simplement une chimère. Car enfin, n’a-t-on pas remarqué que la maison Tunisie est en train de prendre feu de toute part ? Or, c’est cette seule vision qui prévaut aujourd’hui.
C’est au jour le jour que ce gouvernement tente de mobiliser l’enveloppe des salaires à verser aux fonctionnaires à la fin du mois. Récemment, le gouvernement en est venu à solliciter les plus gros contributeurs fiscaux du pays des « avances » pour boucler la fin du mois. C’est au jour le jour qu’il s’évertue pour assurer un approvisionnement adéquat du pays en matières premières et produits de première nécessité. C’est au jour le jour qu’il essaie de respecter ses engagements financiers de salaires, de subventions et de dettes.
Pour l’heure, le gouvernement fait œuvre de pompier, tentant d’abord de circonscrire les feux, à défaut de pouvoir les éteindre. Dans de telles conditions, peut-on raisonnablement lui demander en plus d’imaginer, la manière avec laquelle il compte remettre la maison à neuf, à tout le moins de la doter d’un minimum d’attrait ? Et quand bien même cette démarche est envisageable, elle n’en demeure pas moins sans risque tant qu’une évaluation précise des dégâts n’est pas établie. Or, celle-ci est loin d’être évidente surtout lorsqu’on est en présence de nouveaux départs de feu. Qui pouvait prédire que la reprise mondiale allait provoquer une telle flambée des cours des matières premières et surtout de l’énergie et fasse resurgir partout le spectre de l’inflation ? Qui pouvait prédire que les tensions russo-ukrainiennes allaient déboucher sur un conflit armé et provoquer de la sorte une envolée historique des cours des céréales qui accentueraient davantage l’inflation ? Même la Banque centrale de Tunisie dont la mission essentielle est la lutte contre l’inflation ne pouvait imaginer, à l’instar de toutes les banques centrales d’ailleurs, une hausse aussi foudroyante de l’inflation. En août 2021, la BCT prévoyait une inflation de 5,6% pour 2021 ; 5,9% en 2022 et 5,2% en 2023. En janvier 2022, son estimation d’inflation est passée à 6,8% pour l’année 2022. Il est certain que l’institut d’émission va une fois encore revoir sa copie compte tenu du rythme actuel de l’inflation (7,2% en glissement annuel selon les données de mars 2022). Mais pas seulement.
Le communiqué publié par l’autorité monétaire à l’issue d’une réunion exceptionnelle tenue le 14 mars 2022 de son Conseil d’administration s’est voulu un premier signal d’alerte appelant « à une extrême vigilance et à l’adoption d’une approche proactive afin de mitiger les retombées de la crise russo-ukrainienne sur l’activité économique nationale et les équilibres globaux ». L’institut d’émission reviendra à la charge deux semaines plus tard réitérant son appel « à l’extrême vigilance vis-à-vis de l’incidence de la crise russo-ukrainienne sur les équilibres macroéconomiques globaux ». La troisième alerte serait-elle celle où la BCT annoncerait un resserrement de sa politique monétaire à travers un ajustement de son taux directeur ? Ce serait probable si l’autorité monétaire maintient son objectif de taux d’intérêt réel positif. En tout cas, elle peut se le permettre en arguant du fait que les effets de la pandémie sur l’activité économique s’étant estompés, il serait temps de relever le taux directeur au niveau qui était le sien avant la pandémie, soit 7,25% au lieu de 6,25% actuellement. Et plus encore lorsqu’on remarque que l’institut d’émission vient d’acquérir pour près d’un milliard de dinars ce qui est supposé être des titres publics dans le cadre de sa politique d’open market. Une manière de signifier au gouvernement que la balle est dans son camp et qu’il doit impérativement agir et limiter au plus vite les dégâts. Un gouvernement dont la seule et unique issue pour surmonter les graves difficultés économiques du pays réside dans l’appui financier du FMI et cela juste pour éviter l’écroulement. La vision peut attendre.




L'inflation en Tunisie n'est pas le résultat d'une politique monétaire expansionniste, c'est du a la spéculation, aux augmentation des salaires sans augmentation de productivité surtout dans le secteur publics qui représente plus de 70% de l'économie, aux problèmes logistiques et circuits de distribution domines par des monopolistes et par l'état, l'inflation importée; le pays importe plus de 60% de ces besoins alimentaires. La hausse du taux directeurs n'est pas une solution. Comme la Fed et la BoJ, la BCT a l'obligation de réduire le chômage et la Tunisie souffre de 20% de chômage ou plus.
Aux USA la banque centrale détient le tiers des titres du gouvernement soit 8,9 trillions de dollars sur une dette de 27 trillion, la Banque du Japon détient 50% des bon de trésors du gouvernement soit 6,7 trillion, en Europe la banque centrale détient 9,7 trillion sur un total de 11,1 trillion soit 87% (voir https://www.yardeni.com/pub/balsheetwk.pdf ).
La banque centrale peut réduire les taux d'intérêt a zéro ou 1% et acheter la majorité des titres du gouvernement sur le marche local et international. Les bon de trésors de la Tunisie sont vendus pour moins que leurs valeurs nominales sur le marche international. La dette de la Tunisie est de 102,2 milliards de dinars, 62 milliards dinars internes et 40.2 milliards dinars international, le service de la dette est de 14,8 milliards, les intérêts sur la dette extérieures sont de 1,1 milliards, donc pour faire faillite le pays doit être incapable de trouver 1,1 milliards de dinars soit 366 millions de dollars ce qui est très improbable. La BCT détient 22,729 milliards de dinars en devises.
La banque centrale peut acheter la majorité de cette dette et commencer par dette internationale détenus par les prives (la dettes détenue par les institutions internationales est a très faible taux d'intérêts), les banques locales doivent garder une partie des bons de trésors pour leurs réserves et capital. Plusieurs études ont montré que l'achat de la dette locale par les banques centrale n'est pas exclusivement réserves aux pays développés, mais les pays émergements peuvent aussi le pratiquer.
Pour ce qui est de la vision, meme s'il est difficile de la pratiquer sous le poids ecrasant des urgences comme vous le decrivez si bien, il ne faut pas s'empecher de la concevoir. Associer l'universite avec toutes ses specialites, dans le cadre d'un vaste effort de diagnostic et de prevision, serait une demarche intelligente, et ne me semble pas difficile a entreprendre.
Non ! L'Egypte en est la preuve. Le lancement de grands projets dans ce pays par l'autocrate Sissi depuis des années a ouvert des perspectives pharaoniques de redressement, déjà spectaculaire, après avoir donné des signes d'effondrement il y a des années. Il suffit de jeter un simple coup d'?il sur les abords du Nil et sur le Nil lui-même pour s'en rendre compte.
En Tunisie, pas de telle vision !
L'Egypte a dévalué la livre '?gyptienne de 18%.
L'Egypte comme la Tunisie cherche l'aide du FMI. Le FMI ne pourra pas aider tout le monde puisque la liste des pays en crise est très longue: Sri Lanka, Argentine, Liban, Egypte, Turquie...
Un défaut de paiement n'est pas la fin du monde et sera probablement une étape nécessaire. Le Liban est arrive a un accord avec le FMI après avoir déclare un défaut de paiement et le FMI est arrive a un accord d'octroyer au pays un prêt de 3 milliard de dollars pour des reformes structurelles.
La Tunisie aura a passer par le même processus puisqu'il semble que les reformes ne sont pas possibles vu l'opposition de l'UGTT. Le processus est: monnaie perd une grande partie de sa valeur (90% dans le cas du Liban), défaut de paiement, gouvernement incapable de payer les salaires, restructuration des dettes, prêt du FMI pour des reformes structurelles.

