Les deux dernières plénières de l’ARP ont, semble-t-il, provoqué l’étonnement, la surprise ou la colère de certains. C’est très compréhensible compte tenu de la médiocrité des discours tenus et de la gravité des comportements enregistrés. Ce qui l’est moins par contre, c’est que nous nous acheminons, cette fois encore, vers une attitude laxiste, permissive, voire indulgente envers ces écarts de langages et de comportements. Comme si la grossièreté est la règle. Comme si la violence est une fatalité.
Les déclarations du député Ammar Amroussia au cours de la plénière en présence du chef du gouvernement sont condamnables et manquent outrageusement de finesse et de tact. Leur seul objectif est de garantir le show et profiter, croit-il, de la retransmission télévisée de la séance. Mais il n’a pas été le seul à avoir dérapé au cours de cette séance. Il existe même au sein de l’ARP aujourd’hui des députés qui sont passés maitres dans l’art de la transgression des règles de bienséance. Les Samia Abbou, Salem Labiedh, Imed Daimi et autres se reconnaitront sûrement.
Le comportement du député Mabrouk Hrizi au cours de la plénière consacrée à la discussion du mandat de l’IVD est lui aussi grave et condamnable. Mais il n’est malheureusement pas un cas isolé. Depuis Brahim Kassas, dont le hasard a fait de lui, malgré son inanité, un des pères fondateurs de la seconde république, la liste des voyous bénéficiant de l’immunité parlementaire ne cesse de s’allonger. Ils en usent et abusent au sein même de l’ARP pour agresser les personnes et les institutions, comme dans leurs quotidiens pour amasser les avantages et engranger les privilèges.
L’article de Business News sur le comportement violent des responsables politiques donne une idée claire de l’étendue du problème et expliquerait le laxisme de notre classe politique envers cette violence. Ils sont tous coupables. Ils sont tous responsables de ce délabrement de l’environnement politique et de ce déficit éthique. Il aurait fallu stopper le fléau à ses débuts, avec les premiers dépassements et se mettre d’accord sur la nécessité de blâmer et même d’écarter les responsables de ces excès de langage ou de comportement. Rien de cela n’a été fait par calculs politiques, par sectarisme parfois, par populisme souvent ou même simplement par lâcheté.
Imaginons maintenant pour un instant, un instant seulement, que lors de l’intervention du député Ammar Amroussia, le chef du gouvernement se serait levé pour s’indigner, refuser les propos du député, exiger des excuses et, pourquoi pas demander un vote de confiance. Son geste aurait le cours politique du pays. Il aurait mis dans l’embarras ses amis comme ses ennemis. Il serait devenu un élément incontournable de la vie politique, au moins jusqu’aux élections de 2019 et un héros pour toute une nation. Le leadership se forge dans les crises et les situations de forte agitation. Malheureusement pour lui, il a manqué de lucidité et de tempérament.
Imaginons aussi que le conseil de la présidence de l’ARP qui se réunit pour discuter le comportement du député Mabrouk Hrizi décide de porter plainte contre lui et engage une procédure contre lui de levée de son immunité parlementaire. Mais ils ne feront rien pour toutes les raisons déjà citées. Et c’est pour cela qu’ils sont tous coupables et responsables.
Les médias aussi, du moins un grand nombre d’entre eux, ont leur part de responsabilité dans ce naufrage éthique et politique. Leur compétition effrénée pour l’audimat et le buzz facile a fait d’anonymes insignifiants, qui doivent leur présence qu’à de simples accidents de l’histoire, des vedettes qui se partagent les plateaux des télévisions et des radios. Cette compétition malsaine doit cesser au plus vite n’en déplaise aux journaleux et aux dirigeants irresponsables de ces médias. L’application des règles professionnelles et de l’éthique journalistique devient une urgence.
L’autre urgence consiste à changer au plus vite ce comportement hypocrite chez beaucoup de Tunisiens qui décrient le délabrement des contenus de certains plateaux télévisés tout en restant assidus à ces émissions. Sachant que ces émissions de pacotille dépendent de l’audimat, il serait un acte citoyen et une action de salubrité publique que de zapper ces émissions. Sinon le public lui-même est responsable et complice.


Commentaires (6)
CommenterBerk!
C'est pas ma faute, c'est l'autre
Je suis aussi d'accord sur l'immense responsabilité des médias dans ce « naufrage éthique et politique ».
Mais ce que je conteste dans cet article, c'est la solution facile proposée, qui rejette les torts sur le téléspectateur et nous conseille de « changer de comportement » en zappant ces émissions (autrement dit de se voiler la face). Nous ne sommes ni « hypocrites », ni « responsables », ni « complices » de la dégringolade du niveau des émissions. Ce n'est pas à nous de changer les choses. C'est là votre entière responsabilité.
Mesdames et Messieurs les journalistes N'OUBLIEZ JAMAIS que vos médias sont une source essentielle d'information '?' et d'?DUCATION du citoyen. C'est à vous d'élever le niveau des médias, et surtout de la télévision. S'il vous plait :
- Préparez de vrais dossiers, sérieux, sur les questions du jour, avec des réflexions approfondies ouvrant des horizons, préparées avec des spécialistes mais aussi des citoyens, sans langue de bois, dans tous les domaines, y compris l'éthique et le comportement en société, sujet du jour.
- Veillez à ce que les discussions se déroulent dans le respect absolu, sans se couper la parole ou pire sans « aboyer » tous ensembles, cherchant à qui produira le plus de décibels. Mettez vous à la place du téléspectateur !
- Donnez une place privilégiée au génie et au courage de la Tunisienne et du Tunisien, à celui qui fait son travail consciencieusement, à celui qui innove, à celui qui lutte et s'en sort par ses propres moyens, à celui qui aide son prochain dans le besoin... Il y a légions de tels exemples et d'autres.
- Ne donnez plus la primeur au buzz. C'est ce que cherchent les intervenants pour avoir une chance d'exister en paraissant dans les médias. Députés ou invités des plateaux rivalisent dans cette quête sordide de popularité. En diffusant ces comportements déviants vous les encouragez.
- '?vitez la promotion des lamentations, du misérabilisme, de la main tendue des éternels demandeurs d'assistance. Ceux qui ont vraiment besoin d'assistance sont pudiques dans leur misère.
- Faites nous rêver, faites rêver notre jeunesse qui ne sait plus où elle en est. Montrez nous une Tunisie meilleure, riche, plurielle, belle, pleine de potentialités inexploitées.
On est dans une très mauvaise passe. C'est vrai. Certains quittent le bateau pour bénéficier, ailleurs, d'avantages qu'ils ne trouvent pas ici. Ils oublient qu'UN PAYS EST FAIT PAR SES FEMMES ET SES HOMMES. C'est à nous, Tunisiens, de contribuer à s'en sortir.
Ce sont là quelques règles professionnelles éthiques du journalisme.
Tous coupables, tous responsables !
Pauvre Tunisie
L'image du parlement est celle du peuple tunisien qui ne se rend pas compte encore qu'il est responsable de tous les maux. Le constat est la, que faire :
- Arreter le populisme que certains partis et institutions tel que l'ugtt et droits de l'homme en font hypocritement
leur devise.
- Voter des lois qui redéfinissent le travail et ses exigences.
- Assainir la justice du pays pour garantir l'application des lois par des juges compétents.
- Exiger au chef de gouvernement la visibilité à tous les niveaux, politique, économique, sociale..