Si le discours de Mabrouk Hrizi n’a pas été la grande « polémique » de la journée d’hier, marquée par une plénière houleuse, il n’est cependant pas passé inaperçu.

Le député Irada avait demandé un point d’ordre à l’ARP, lors de la plénière consacrée à l’examen de la prolongation du mandat de l’IVD, pour affirmer qu’il était « venu se faire exploser au sein de l’hémicylce ». Rien que ça ! Affirmant vouloir barrer la route aux putschites « par tous les moyens », il a dit ouvertement « être venu en kamikaze » et être « prêt à se faire exploser au sein du parlement ». La parole lui a été coupée par le président de l’ARP Mohamed Ennaceur et a suscité la colère de plusieurs de ses confrères.

La députée Héla Omrane a prononcé, en effet, un discours enflammé : « Ce qui s’est passé aujourd’hui laisse apparaître leur haine et la noirceur de leurs cœurs. Vous dites que vous êtes kamikazes, nous le savons déjà puisque vous avez menacé, auparavant, d’installer les potences. Ceux qui ont brûlé, usé de la chevrotine, affirmé que le terrorisme est un épouvantail ne peuvent être que des terroristes », assura Mme Omrane, huée et chahutée par certains de ses collègues. Au lieu de susciter l’ire de la majorité, ces propos ont même été accueillis avec les félicitations de ceux-là mêmes appartenant ou étant proches de courants politiques rivalisait en discours violents.

En effet, plusieurs de ses collègues ont affiché leur soutien à ces propos, pourtant à la violence évidente dans un pays en crise et touché de plein fouet par une menace terroriste permanente. Imed Daïmi, également député Irada, a affiché, sur sa page Facebook hier, après la plénière : « son soutien inconditionnel avec son ami et collègue Mabrouk Hrizi ». Il avait écrit, quelques heures plutôt : « Merci à mon ami Mabrouk Hrizi qui a participé avec courage et virilité à lutter contre le complot. Tout mon soutien devant les chiens de l’ancien régime ». Des propos qui ont été aussitôt partagés sur la page de l’ancien président Moncef Marzouki.

Rien de bien étonnant venant de ce même Moncef Marzouki qui tançait, dans des menaces à peines voilées, ses adversaires politiques, qualifiés de « extrémistes laïcs », de potences et d’échafauds, sur la chaîne Al Jazeera en 2013.  

En 2013, Sahbi Atig, à l’époque député d’Ennahdha à l’Assemblée constituante, avait déclaré lors d’une manifestation organisée sur l’avenue Habib Bourguiba à Tunis que «toute personne qui s’oppose à la légitimité en Tunisie, sera piétinée par cette même légitimité et toute personne qui ose s’opposer à la volonté du peuple en Tunisie ou en Egypte, verra son sang légitimisé dans la rue ». Le tout ponctué des applaudissements et des takbirs de la foule.  

De quoi rappeler l’intervention de l’autre député d’Ennahdha à l’ANC Sadok Chourou avait menacé en 2012, ses adversaires politiques de leurs « couper les mains et les pieds », en se citant des textes coraniques.

Ou encore les propos de Habib Ellouze, lui aussi député Ennahdha, dans lesquels il affirmait « respecter Ansar Chariâa » sur une radio de la place. Un mouvement qui, selon ses dires exacts, « ils font partie d’Al Qaïda, mais à la sauce tunisienne ». Un mouvement qui est aujourd’hui classé organisation terroriste et qui est derrière plusieurs actes terroristes.

D'ailleurs, le nombre de fois où le député Brahim Kassass s’est levé en pleine plénière en menaçant ses confrères d’agression physique ne sont plus à compter…

Mohamed Ennaceur avait déclaré, hier, que le bureau de l’ARP se penchera sur la suite à donner aux propos à la violence évidente prononcé par Mabrouk Hrizi sous la coupole du Bardo. Il est fort à parier que cet « incident » connaitra la même suite que ceux qui l’ont précédé, autrement dit, aucune…

S.T.