Mossâab Gharbi, un jeune homme proche du mouvement Ennahdha et détenu à la prison civile d’Oudhna, a tenté de mettre fin à ses jours le jeudi 3 avril 2025. L’annonce a été faite le lendemain par son père dans un post publié sur Facebook.

« Jusqu'à aujourd'hui, Mossâab Gharbi, un jeune homme talentueux titulaire d'une maîtrise en diplomatie et relations internationales, est emprisonné depuis dix mois sans inculpation ou crime. La justice manipule les dossiers », a-t-il écrit.

Selon son témoignage, Mossâab a tenté de se suicider « en coupant les artères de sa main gauche, pour se donner la mort ». Lors d'une visite de son avocat Samir Ben Omar, il aurait déclaré : « Je préfère me suicider plutôt que de rester en prison ».

Hamadi Gharbi explique que son fils a cédé au désespoir face à l’absence de perspectives de libération, aux pressions, à la torture psychologique et aux mauvais traitements qu’il subirait de la part de l’administration pénitentiaire. Il dénonce également « l'incapacité des défenseurs des droits de l'Homme, des avocats et des politiciens à obtenir sa liberté et celle des autres détenus ».

Il affirme que Mossâab a choisi « la voie la plus difficile et la plus dangereuse parce qu'il demande l’examen de son dossier et la fixation d'une audience pour son procès ».

Dans ce même message, Hamadi Gharbi met en garde contre tout ce qui pourrait arriver à son fils et fait porter la responsabilité juridique, financière, morale et punitive aux autorités du pays. Il ajoute : « Si son dossier n'est pas rapidement clos et si lui et ses frères ne sont pas acquittés, mon fils recommencera ».

« Il se coupera les artères la nuit, dans l'obscurité, lorsque tous les prisonniers seront endormis et que la porte de la cellule sera fermée... Le geôlier viendra au matin et trouvera une mare de sang sur le seuil, devenant le second Mossâab Bouazizi ou le Syrien Hamza al-Khatib », a-t-il conclu.

Rappelons que Mossâab Gharbi a été arrêté avec Ajmi Lourimi et Mohamed Ghannoudi à la suite d’un contrôle d'identité à Borj Amri dans le gouvernorat de Manouba en juillet 2024.

Il a été inculpé conformément aux dispositions de l'article 18 de la loi n° 2003-75 du 10 décembre 2003 relative au soutien des efforts internationaux de lutte contre le terrorisme et à la répression du blanchiment d’argent.

L’article dispose ce qui suit : « Est puni de cinq à douze ans d’emprisonnement et d’une amende de cinq mille à vingt mille dinars quiconque procure un lieu de réunion aux membres d’une organisation, entente ou personnes en rapport avec des infractions terroristes, aide à les loger ou les cacher ou favoriser leur fuite, ou leur procurer refuge, ou assurer leur impunité, ou bénéficier du produit de leurs méfaits ».

I.N.