Une fausse lettre de démission attribuée à Abdelhamid Dbeibah circule en pleine tempête politique

Dans la soirée du 16 mai 2025, une lettre présentée comme une démission officielle du chef du gouvernement d’unité nationale libyen Abdelhamid Dbeibah a largement circulé sur les réseaux sociaux en Libye et en Tunisie. Rédigée en arabe et affichant le logo du Gouvernement d’unité nationale, elle affirme que Dbeibah renonce à ses fonctions « pour permettre aux Libyens de choisir une nouvelle direction ».

Malgré son apparence officielle, plusieurs éléments soulèvent des doutes quant à son authenticité. Aucun communiqué n’a été publié sur les canaux institutionnels habituels, qu’il s’agisse du site web du Gouvernement d’unité nationale ou de ses comptes officiels sur Facebook et X (anciennement Twitter). Par ailleurs, le ton de la lettre, émotionnel et vague, tranche avec le style généralement formel et administratif des déclarations officielles du chef du gouvernement.

La signature manuscrite figurant sur le document ne correspond pas aux précédentes signatures de Dbeibah. L’en-tête et le pied de page semblent quant à eux avoir été copiés depuis d’anciens documents officiels, puis modifiés, renforçant les soupçons de falsification. Une incohérence dans la datation entre les calendriers grégorien et hégirien a également été relevée — un détail que les services administratifs libyens ne laissent habituellement jamais passer.

Plusieurs journalistes libyens et analystes politiques ont confirmé qu’il s’agit d’un faux, probablement diffusé dans un climat de tensions croissantes. Ce contexte de crise politique favorise la circulation de contenus non vérifiés et alimente la confusion dans l’opinion publique.

Il est toutefois vrai que, ce même jour, plusieurs ministres du Gouvernement d’unité nationale ont présenté leur démission. Parmi eux figurent Mohamed Al-Huwaij (Économie et Commerce), Badr Al-Din Al-Toumi (Gouvernement local) et Aboubakr Al-Ghaoui (Habitat et Aménagement). Ces départs interviennent alors que Tripoli est secouée par des affrontements violents, et que les pressions politiques et sociales sur l’exécutif s’intensifient.

La lettre attribuée à Abdelhamid Dbeibah est donc un faux, mais elle s’inscrit dans une séquence marquée par une instabilité extrême, où démissions avérées et campagnes de désinformation s’entremêlent, entretenant un climat d’incertitude en Libye.

R.A