Idem pour l'administration en ligne, c'est l'indispensable pont vers l'avenir. Bref, il faut tout faire pour débarrasser les entrepreneurs du boulet de l'ancienne (et actuelle) administration...

De nombreuses lois ont été votées ces dernières années. Certaines, populaires, d’autres, fruit de lobbying, d’autres encore, controversées. Aucune n’a eu un caractère vraiment révolutionnaire tranchant radicalement avec un passé peu clément avec la jeunesse. Aucune ou presque !
Le 13 décembre 2017, un conseil des ministres présidé par Youssef Chahed, approuve le projet de loi relatif à la promotion des Startups (ou Startup Act) et c’est beaucoup de jeunes tunisiens qui sont en émoi. Un projet de loi qui vient de loin. Comment a-t-il vu le jour ?
Dans sa forme actuelle, le Statup-Act parait comme une loi légère et simple. Avec seulement 4 chapitres et 20 articles, le projet qui fait 4 pages, vise à faire sauter les verrous qui bloquaient la jeunesse tunisienne par rapport à l’entreprenariat. Plus encore, cette loi qui devrait être discutée devant l’ARP dans quelques semaines, se veut le moteur d’une véritable révolution économique dans le pays puisque tous les freins administratifs et réglementaires ainsi que ceux liés au financement et à l’internationalisation, ont été éliminés. « Une révolution », pour l’actuel ministre des Technologies de la Communication et de l'Economie numérique, Anouar Maârouf, qui compare le projet à la loi de 1972, qui a permis, il y a 40 ans, l’industrialisation rapide du pays.
Le Startup-Act a été initié début 2016 par l’ancien ministre des TIC, Noomane Fehri, qui a largement fait la promotion du projet lors des premières réunions du Conseil stratégique de l’économie numérique, présidé par le chef du gouvernement. Ayant survécu à deux gouvernements, il n’a pas perdu son « âme », grâce notamment à la persévérance de ses promoteurs qui n’ont jamais baissé les bras et pour cause ! Il s’agit de jeunes entrepreneurs tunisiens qui, au fil de leur parcours entrepreneurial, ont eu beaucoup à faire avec l’administration et connaissent donc le juste état d’esprit à avoir.
Ils s’appellent Ali Mnif, Adel Beznine, Taher Mestiri, Walid Sultan Midani, Amel Saidane et ont tous participé activement à la formulation du projet. Aidés par d’autres entrepreneurs, des juristes et l’écosystème entrepreneurial en général, ils ont méticuleusement identifié les freins que peuvent rencontrer les futurs startupeurs pour pouvoir les contourner ensuite, offrant ainsi une réelle possibilité aux jeunes de s’ouvrir sur le monde.
Depuis l’émergence de l’idée il y a plus de deux ans, les promoteurs ont plusieurs fois rencontré le chef du gouvernement Youssef Chahed qui les a « surpris » par sa volonté de réaliser le projet, selon leurs dires. Lors du workshop organisé au Technopark El Ghazala, le 11 avril 2017, le chef du gouvernement déclarait : « Nous nous devons de donner un cadre légal au startups tunisiennes, à nos jeunes qui innovent. Ce projet de loi peut être complété par des décrets de sorte à le faire évoluer car il constitue en quelque sorte un pont vers l’économie du savoir ». L’engagement du président du gouvernement ne fait aucun doute.
Lors de son discours préparé pour l’occasion, M. Maârouf a, quant à lui, expliqué que le projet vise à créer un environnement propice à la création de startups innovantes. « En Tunisie, nous voulons créer notre propre expérience, notre propre voie du succès. Que l'institution tunisienne qui a une idée innovante puisse la développer et l'exporter à l'international » a-t-il dit.
Dans la genèse du Startup-Act, la communauté des « startupeurs » qui s’était coalisée sous la houlette de l’association, Tunisian Startups, a subi deux sérieux revers. Elle a cependant pu les surmonter grâce à une volonté sans faille. Le premier étant le remaniement ministériel de l’été 2016 qui porta Anouar Maârouf à prendre la place de Noomane Fehri à la tête du ministère des TIC. Un changement qui était susceptible de faire en sorte que le projet tombe dans l’oubli comme ce fut le cas pour d’autres, mais heureusement rien de tout ceci n’arriva.
Tandis que les politiques étaient à Carthage en train de se mettre d’accord, les jeunes entrepreneurs coalisés ont adopté une sérieuse stratégie de communication. Presse écrite, médias électroniques et radios, ont été sollicités pour la noble cause et il faut dire que malgré le moral qui était au plus bas, personne n’a fait défaut. Une lettre ouverte adressée au chef du gouvernement a même été publiée et a été très partagée sur les réseaux sociaux.
« Nous, les entrepreneurs porteurs de projets de «Startups», nous exprimons dans cette lettre ouverte, notre demande d’assurer la continuité dans la politique de l'État en ce qui concerne l’encouragement des entreprises opérant dans le secteur des TIC. […] Nous étions très contents du dialogue franc et ouvert qu’il y a eu entre le ministère et les nouvelles entreprises, les investisseurs, les entreprises internationales et les experts » pouvait-on lire dans le document.
Le deuxième revers a été au niveau du ministère des Finances dont les experts ont pendant tout l’été 2017, bloqué l’avancement des discussions. Encore une fois, les médias et une bonne communication ont eu raison du blocage.
C’est grâce à un dialogue continu qu’une telle ébauche a pu passer de devant les ministères pour finir aujourd’hui devant l’ARP. Une première en Tunisie. L’exemple parfait d’un dialogue sain entre société civile et gouvernement. Reste à espérer que ce projet de loi ne soit pas dénaturé par l’ARP.
Sofiene Ahrès
Commentaires (4)
CommenterBravo!
Idem pour l'administration en ligne, c'est l'indispensable pont vers l'avenir. Bref, il faut tout faire pour débarrasser les entrepreneurs du boulet de l'ancienne (et actuelle) administration...
@Hamouda - Contenu de la startup act
Pour ce qui est de la BCT, si jamais elle s'oppose au projet alors autant dire Adieu à la Tunisie et faire ses bagages.
Projet de loi
Bravo mais ce n'est pas gagné encore

