
Dans une lettre bouleversante, Ramla Dahmani livre ce lundi 26 mai 2025 un témoignage poignant sur les conditions de détention de sa sœur, l’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani. Privée de sport, de soins, et même d’eau chaude, elle subit un quotidien fait d’humiliations et d’injustices. Mais derrière les murs, Sonia Dahmani résiste. Et continue d’espérer.
« Il y a des jours où elle se demande s’il reste quelqu’un, quelque part, dans ce pays, qui réfléchit encore ? » La phrase claque comme une gifle. C’est le cri d’alarme de Ramla Dahmani, qui décrit l’état physique et moral de sa sœur, incarcérée depuis plusieurs mois. Une lettre qui, loin des discours officiels, dévoile la réalité carcérale d’une femme qu’on tente de briser. En vain.
Chaque ligne résonne comme un appel : Sonia Dahmani n’en peut plus. Elle rêve d’un bain chaud, d’un café sur une terrasse, de liberté. À la place, elle affronte chaque jour ce que Ramla décrit comme une « œuvre de destruction massive ».
« On cherche juste à fabriquer des loques humaines. Des corps sans force. Des esprits sans résistance. Des femmes vidées, à bout, à genoux. »
Interdite de sport, sous le prétexte absurde que cela pourrait la rendre dangereuse, Sonia Dahmani subit un traitement discriminatoire et arbitraire. La lettre dénonce l’inégalité de traitement en prison : certaines détenues européennes ont droit à une salle de sport, des serviettes, de l’eau chaude, pendant que d’autres, notamment les femmes subsahariennes, dorment à même le ciment. « Il semblerait que les euros soient mieux notés que le franc CFA. [...] Au pays de l’édification et de la construction, plus on est blanche, mieux c’est. »
Sonia Dahmani n’a même pas accès régulièrement aux soins : la kinésithérapeute n’est jamais là, et chaque transfert à l’hôpital s’effectue menottée, sous escorte, dans des conditions humiliantes. Résultat : des poignets marqués, une épaule douloureuse, et une souffrance qui s’ajoute à celle du quotidien.
Mais il y a eu une parenthèse. Une respiration. Un anniversaire. « Elle a commandé un gâteau à l’atelier de la prison. [...] Rien comparé à une fête. Rien comparé à un peu de joie, un peu de lumière. »
Le jour de son anniversaire, Sonia Dahmani a souri, dansé, partagé. Avec toutes ses co-détenues, sans exception. Une célébration fragile mais essentielle, comme une réponse à la violence ambiante. Un moment suspendu, selon Ramla Dahmani, qui résume ce qu’est sa sœur : « Elle est la joie au milieu du chaos, le rire au bord du gouffre. Elle est ce que l’on tente de faire taire, mais qui continue de se lever. »
S.H
Sonia ne souffre pas plus que les autres pensionnaires.
Nous savons tous que ce n'est pas facile.
Arrêtez un peu de la diviniser.

