
Malgré un contexte économique national et mondial incertain, les entreprises tunisiennes cotées en bourse ont su maintenir une politique de distribution de dividendes stable et en progression entre 2021 et 2023. Cette tendance témoigne de la résilience du tissu économique national et de la confiance des entreprises envers leurs actionnaires.
La Bourse de Tunis (BVMT) a récemment publié un rapport instructif sur les dividendes distribués par les sociétés cotées en 2021, 2022 et 2023. Ce rapport témoigne de l’excellente santé de la majorité des sociétés cotées et renvoie un bon signal aux investisseurs. Il vaut mieux investir son argent dans quelques-unes des sociétés cotées que dans d’autres secteurs qui connaissent de véritables crises, comme l’immobilier, ou l’épargne classiques.
Selon le rapport de la BVMT, le montant total des dividendes distribués par les sociétés cotées à la Bourse de Tunis est passé de 1,136 milliard de dinars en 2021 à 1,393 milliard de dinars en 2023, enregistrant une croissance de 22,6 % sur cette période. Cette augmentation reflète la capacité des entreprises à générer des bénéfices et à les redistribuer à leurs actionnaires, malgré les défis économiques rencontrés.
Cette dynamique positive est également soutenue par une augmentation des bénéfices des sociétés cotées, qui ont progressé de 13,3 % sur la même période.
Une majorité d'entreprises distributrices
Sur les trois années étudiées, environ 60 % des sociétés cotées ont versé des dividendes à leurs actionnaires. En 2023, sur les 78 entreprises cotées, 48 ont distribué des dividendes, soit 62 % d'entre elles. Cette proportion stable démontre une volonté des entreprises de maintenir une politique de rémunération des actionnaires, même en période d'incertitude.
Il est à noter que certaines entreprises bénéficiaires, telles que la STB, Carthage Cement et Stip, ont choisi de ne pas distribuer de dividendes afin d'apurer des pertes antérieures, illustrant une gestion prudente et responsable.
Les secteurs les plus généreux
Si toutes les entreprises cotées n’ont pas les mêmes capacités à distribuer des dividendes, certains secteurs se démarquent par leur constance et leur générosité envers les actionnaires. En tête de peloton, on retrouve sans surprise le secteur financier, suivi par les biens de consommation, puis par les services aux consommateurs.
En 2023, les sociétés financières ont représenté à elles seules 63 % des dividendes versés, confirmant leur rôle de locomotive du marché boursier tunisien. Banques, assurances, sociétés de leasing : ces institutions, bien ancrées dans le paysage économique national, dégagent des bénéfices réguliers et disposent souvent de politiques de distribution bien établies.
Cette prédominance n’est pas un hasard. Les banques, notamment, bénéficient d’un modèle économique stable, de marges d’intermédiation confortables et d’une clientèle relativement captive. Même dans un contexte tendu, elles parviennent à maintenir leurs performances, ce qui leur permet de continuer à verser des dividendes année après année.
Le cas de la Biat en est une illustration flagrante. Première banque du pays en matière de capitalisation boursière, elle a versé à elle seule plus de 214 millions de dinars en dividendes en 2023. Suivent de près Attijari Bank, Amen Bank, la Banque de Tunisie et la BNA, qui figurent toutes parmi les plus gros contributeurs. L’ensemble de ces banques affiche une constance qui rassure les investisseurs, en particulier les petits porteurs en quête de revenus réguliers.
Vient ensuite le secteur des biens de consommation, qui représente 24 % du total des dividendes versés en 2023. Un pourcentage significatif, surtout lorsqu’on considère le faible nombre d’entreprises composant ce compartiment.
Ce sont essentiellement des entreprises du secteur agroalimentaire – comme la SFBT (Société de Fabrication des Boissons de Tunisie), Délice Holding ou encore Land’Or – qui animent ce segment. La SFBT, en particulier, s’impose comme un poids lourd du dividende, avec près de 200 millions de dinars distribués en 2023. Un chiffre impressionnant qui en fait, avec la Biat, l’une des deux locomotives du dividende en Tunisie. Ces entreprises bénéficient d’une demande stable et résiliente, les Tunisiens continuant à consommer boissons, produits laitiers ou conserves alimentaires même en période de crise. Leur capacité à générer des marges confortables et à conserver des parts de marché solides explique cette générosité envers les actionnaires.
Le secteur des services aux consommateurs complète ce trio de tête avec 6 % des dividendes versés en 2023. Ce secteur inclut notamment la grande distribution, les concessionnaires automobiles et certaines sociétés de transport ou de tourisme.
Certes, ces entreprises affichent des niveaux de dividende plus modestes en volume, mais elles n’en sont pas moins stratégiques. Certaines, comme Ennakl Automobiles ou City Cars, versent régulièrement des dividendes tout en conservant une dynamique de croissance. D’autres, dans le secteur hôtelier, commencent à se redresser après les années difficiles liées à la pandémie de Covid-19, ce qui laisse espérer un retour progressif à des distributions plus généreuses dans les années à venir.
Le Top 5 des distributeurs
Certaines entreprises se distinguent par leur constance et leur générosité en matière de dividendes. Entre 2021 et 2023, cinq sociétés ont régulièrement figuré parmi les plus grands distributeurs :
Biat : Avec 214 MD de dividendes versés en 2023, la Banque Internationale Arabe de Tunisie confirme sa position de leader.
SFBT : La Société de Fabrication des Boissons de Tunisie a distribué 198 MD en 2023, témoignant de la stabilité du secteur agroalimentaire.
Attijari Bank : Avec 183 MD de dividendes en 2023, la banque maintient une politique de rémunération attractive.
Amen Bank : En 2023, elle a versé 97 MD, renforçant sa position parmi les principaux distributeurs.
Banque de Tunisie (BT) : Avec 78 MD de dividendes en 2023, elle complète ce quinté de tête.
Ces cinq entreprises ont représenté 55 % des dividendes totaux versés en 2023, soulignant leur poids dans l'économie nationale.
Des secteurs absents ou prudents
À la lecture du rapport de la Bourse de Tunis, une évidence saute aux yeux : toutes les entreprises cotées ne sont pas aussi généreuses ni régulières dans la distribution de dividendes. Certains secteurs sont même totalement absents de la liste des gros payeurs. Non pas par négligence ou par désintérêt pour leurs actionnaires, mais bien souvent par prudence, voire par nécessité.
C’est notamment le cas du secteur industriel, qui peine encore à retrouver sa pleine santé. Des entreprises comme Carthage Cement, la Stip (Société Tunisienne des Industries Pneumatiques) ou la Sotuver (verrerie), malgré des bénéfices parfois retrouvés, ont choisi de ne pas distribuer de dividendes sur la période étudiée.
Pourquoi ? Parce que ces entreprises traînent souvent un passif lourd. Résultat de mauvaises gestions passées, de plans sociaux coûteux ou encore de projets d'investissement massifs, ces sociétés doivent d’abord apurer leurs pertes accumulées, réduire leur endettement ou moderniser leur outil de production avant de songer à récompenser leurs actionnaires.
C’est un choix rationnel et responsable, mais qui peut parfois frustrer les petits porteurs, notamment ceux qui misent sur les dividendes comme source de revenu régulier.
Autre grand absent : le secteur des technologies de l’information. À l’exception de quelques sociétés isolées, comme Telnet, les entreprises de ce segment ne figurent pas parmi les bons élèves du dividende. Cela s’explique en partie par leur modèle économique tourné vers la croissance, avec des bénéfices souvent réinvestis dans la recherche, l’innovation ou l’export.
Ces sociétés, jeunes pour la plupart, n’ont ni la maturité financière ni la régularité des grands groupes bancaires ou agroalimentaires. Elles misent d’abord sur l’expansion, et espèrent fidéliser leurs actionnaires sur le long terme en capitalisant sur la valorisation future de leurs titres. Mais pour l’investisseur en quête de revenus annuels, elles ne sont pas les plus attractives aujourd’hui.
D’autres secteurs restent également en retrait. Le secteur immobilier, par exemple, ne s’est pas encore remis du ralentissement post-Covid et des difficultés d’accès au financement. Les rares sociétés immobilières cotées maintiennent une gestion prudente, préférant constituer des réserves plutôt que distribuer.
Dans le secteur énergétique, dominé par la Siphat (pharmacie) ou la SEREPT (hydrocarbures), les résultats sont souvent volatils, dépendants des prix internationaux, ce qui pousse les conseils d’administration à éviter toute politique de distribution systématique.
Enfin, la santé, malgré sa visibilité croissante depuis la pandémie, reste sous-représentée en Bourse. Les rares sociétés présentes dans ce domaine (pharmacie, biotechnologie, équipements médicaux) affichent généralement des marges serrées et doivent faire face à de fortes exigences réglementaires. Résultat : peu ou pas de dividendes.
Une attractivité renforcée pour les investisseurs
Le taux de distribution, ou "payout ratio", mesure la part des bénéfices redistribuée aux actionnaires. En 2023, ce taux a atteint 56,9 %, contre 52,6 % en 2021. Cette progression indique une volonté accrue des entreprises de partager leurs profits avec les actionnaires.
Par secteur, les sociétés financières affichent un taux de distribution moyen de 51 % en 2023, tandis que les entreprises de biens de consommation atteignent 81 %, démontrant une politique de distribution plus généreuse dans ce dernier secteur.
La régularité et la progression des dividendes versés par les sociétés cotées renforcent l'attractivité de la Bourse de Tunis pour les investisseurs. En offrant une rémunération stable et croissante, les entreprises tunisiennes démontrent leur solidité et leur engagement envers les actionnaires.
Cette dynamique positive pourrait encourager davantage d'investisseurs, tant nationaux qu'internationaux, à s'intéresser au marché tunisien, contribuant ainsi à son développement et à sa diversification.
Entre 2021 et 2023, les sociétés cotées à la Bourse de Tunis ont su maintenir une politique de distribution de dividendes stable et en progression, malgré un environnement économique mondial complexe. Cette performance témoigne de la résilience des entreprises tunisiennes et de leur engagement envers les actionnaires.
La prédominance des secteurs financiers et des biens de consommation dans la distribution des dividendes souligne l'importance de ces secteurs dans l'économie nationale. Enfin, la progression du taux de distribution reflète une volonté accrue de partager les bénéfices, renforçant ainsi la confiance des investisseurs et l'attractivité du marché tunisien.
Maya Bouallégui
C'est une bonne idée de faire cette comparaison, mais il faut remettre ces montants par rapport à ce que l'actionnaire a placé et ce qu'il perçoit par la suite.
En d'autres termes percevoir 2DT de dividende/action sur un titre de 10DT l'action pour une petite capitalisation (25MDT), ne peut pas être moins rentable qu'une grande capitalisation (750MD) qui paye 30DT par action et dont l'action cote 300 DT.
Il faut donc ramener ces chiffres au rendement des dividendes par action et dans ce cas, vous aurez des surprises sur votre interprétation.
Des secrets de petits porteurs. :)
La Palisse n'aurait pas fait mieux, Tu as une action tu touches 2Dt tu as mille action tu touches 2000DT.

