
«La présidente de l’Instance Vérité et Dignité (IVD), Sihem Ben Sedrine, a été informée de la fin de validité de son passeport diplomatique par un courrier officiel qui lui a été adressé à la date du 4 juin 2018. Elle pouvait utiliser un passeport normal pour son déplacement hors de la Tunisie». C’est ce qu’a affirmé le directeur de la communication du ministère des Affaires étrangères, Bouraoui Limam dans une déclaration à la TAP ce jeudi 21 juin 2018.
M. Limam a souligné qu’il n’est ni des prérogatives ni du ressort du ministère des Affaires étrangères d’empêcher les citoyen tunisien de voyager. Il a ajouté que le département a signifié à l’intéressée, via les services des frontières et des étrangers à l'aéroport international de Tunis Carthage, que son droit au passeport diplomatique a été abrogé et ne peut plus être utilisé. « De toute façon, si elle avait voyagé avec ce passeport qui n’est plus valide, elle aurait été expulsée du premier point frontalier qu’elle atteindrait ».
S’agissant des raisons du retrait du passeport de la présidente de l’IVD, Bouraoui Limam a spécifié que cette décision a été prise à la lumière de la décision de l’Assemblée des représentants du peuple de ne pas prolonger le mandat de l’instance et en application du courrier adressé par la présidence du gouvernement annonçant sa fin de mission. « Ce qui signifie que Sihem Ben Sedrine n'a plus de statut pour bénéficier d'un passeport diplomatique et que le ministère n'a pas d’appui légal pour prolonger la validité de ce passeport ».
Ainsi, en plus du courrier qui a été adressé à la présidente de l’IVD lui annonçant le retrait de son passeport, un autre courrier a été adressé à la direction des frontières, relevant du ministère de l’Intérieur pour lui signifier le retrait du passeport.
M. Limam a démenti que le ministère ait reçu un courrier de l’IVD, l’informant du voyage de sa présidente. Il a aussi indiqué que l’accord conclu le 24 mai 2018 avec le gouvernement ne peut être utilisé comme document légal justifiant l’usage d’un passeport diplomatique, en martelant que l’octroi d’un passeport diplomatique n’est pas un acquis mais une exception, au contraire du passeport normal dont l’obtention est le droit de tout citoyen tunisien.
Pour rappeler les faits, mardi 19 juin 2018, on a retiré à la présidente de l’Instance Vérité et Dignité son passeport diplomatique, alors qu’elle s’apprêtait à quitter le pays, ratant de ce fait son vol. Consternée Sihem Ben Sedrine a improvisé une conférence de presse pour annoncer son intention de porter plainte contre toute personne qui a entravé son travail, se référant à l’article de 66 de la justice transitionnelle, tout en faisant porter la responsabilité de ce qui lui est arrivé directement au ministre des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui.
I.N