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Chroniques
Séduire les investisseurs aujourd'hui pour leur cracher dessus demain
03/10/2016 | 15:58
5 min

 

A l’actualité cette semaine, le chef du gouvernement qui fait son boulot de Premier ministre et le fait savoir et Nidaa Tounes dont les députés et les membres continuent à se chamailler. Parait qu’ils en sont venus aux mains. C’est « bien » ! Qu’ils continuent comme ça ! Ils déblaient la route à la dictature ou aux islamistes, ce qui revient au même, in fine.

L’actualité la plus importante demeure cependant la préparation de la Loi de finances 2017 (LFC). C’est à travers elle que l’on saura si la nouvelle année sera ou non fructueuse.

Du côté du pouvoir, on est plutôt préoccupés par la préparation de la Conférence de Tunis sur l’Investissement. Laquelle conférence devrait inviter des hommes d’affaires et de grands groupes à venir risquer leur argent chez nous.

Le feront-ils ? Le doute est permis… Voici pourquoi.

 

Quel que soit l’amour qu’il porte à la Tunisie, un investisseur demeure quelqu’un qui cherche à fructifier son patrimoine. Il n’est pas prêt et ne sera jamais prêt à jeter son argent par la fenêtre. On va supposer que la conférence de Tunis va le convaincre de placer son argent chez nous, qu’il va être séduit par le site Tunisie et fermer les yeux sur la saleté de ses rues et l’incivisme de ses habitants.

La première chose que va faire l’investisseur séduit, c’est de préparer un business plan pour son éventuel futur projet. Pour ce faire, il verra comment  ses homologues tunisiens évoluent sur leur propre marché, puis il va décortiquer le nouveau Code de l’Investissement et la LFC 2017.

Logiquement, et en arrivant à ce stade, cet investisseur étranger devrait être rebuté.

 

Dans les faits, le Code de l’Investissement n’est pas vraiment appliqué par l’administration. Les exemples sont nombreux et Business News ne manquera pas de les relever dans les temps à venir.

Quant au projet de la LFC, il n’existe tout simplement pas. C’est à peine si l’on peut obtenir des extraits en langue arabe et à l’authenticité non confirmée. Un investisseur étranger n’a ni le temps, ni la tête, à aller chercher un projet de loi dans les médias en langue arabe pour savoir à quoi s’en tenir.

Faute de pouvoir trouver sur le net des textes de loi clairs, il va faire court et aller interroger des conseillers (tunisiens) sur cette LFC, ainsi que des partenaires (tunisiens) ayant déjà investi dans son secteur. Tout cela en supposant, je le rappelle, qu’il est vraiment séduit par l’investissement dans ce pays trois fois millénaire, accueillant (le sommes-nous vraiment ?), démocratique et libre.

Il suffirait à cet investisseur étranger de parler une heure avec un Tunisien qui maitrise son secteur d’activité, pour être rebuté.

 

Que va lui dire ce Tunisien ? Il suffit d’entendre Wided Bouchamaoui pour savoir quels sont les déboires indescriptibles des chefs d’entreprises. Dans une récente rencontre avec des hommes de médias, la présidente de la centrale patronale a énuméré quelques uns de ces déboires et ils sont de tout ordre : grèves sauvages des syndicats, imposition exagérée, manque ou absence de sécurité, blocages administratifs fallacieux, zèle de fonctionnaires, communication officielle défaillante…

En supposant qu’il va dépasser tous ces blocages syndicalo-sécuritaro-administratifs, puisque cet investisseur étranger courageux adore tant notre pays, il va prendre sa calculette pour estimer le coût de l’éventuel projet qu’il va lancer, les charges qu’il va avoir et les dividendes qu’il va obtenir. Avec un dinar aussi bas, théoriquement, il devrait beaucoup gagner.

Sauf que voilà, contrairement à ce que vont lui dire les séducteurs organisateurs de la Conférence internationale de Tunis, les résultats nets de son exploitation ne devraient pas du tout être encourageants.

Les raisons ? En plus de tout ce qui précède, cet investisseur va découvrir qu’il va devoir payer doublement son impôt sur le bénéfice. Une fois lors du calcul du résultat net et une seconde fois lors de la récupération de ses dividendes. Il va constater que son personnel va refuser les nouvelles impositions par paliers, parce que leurs salaires ont été négociés en net et non en brut. Il va également constater que le dinar faible est une arme à double tranchant, puisque beaucoup de ses charges seront supérieures à celles qu’il connait en Europe. L’achat d’un véhicule en Europe est une goutte insignifiante pour une entreprise étrangère évoluant à l’étranger. En Tunisie, l’achat du même véhicule représente un poids conséquent dans le total des charges d’exploitation.

A ce stade, et en supposant qu’il ait dépassé tout ce qui précède, il serait temps pour qu’il soit rebuté.

 

N’empêche, soyons optimistes et considérons cet investisseur étranger comme un véritable aventurier. Il lance son projet et accepte d’affronter les obstacles syndicalo-sécuritaro-fiscalo-administratifs et adopte la phrase « inchallah, je vais réussir ». Dès lors qu’il va commencer à travailler, il va devoir faire face à la concurrence déloyale du commerce informel et/ou des concurrents mafieux corrupteurs et corrompus, sans parler du racket à tous les niveaux.

L’Etat qui, théoriquement, lui garantit un climat sain d’investissement ne va rien pouvoir faire pour lui. Au contraire. Il viendra lui faire un contrôle fiscal approfondi, puisque le contrôle ne vise que les entreprises qui veulent être en règle avec l’Etat et jamais celles qui travaillent dans le noir ou celles qui blanchissent de l’argent.  S’il n’est pas encore rebuté à ce stade, notre investisseur devrait carrément être un kamikaze pour croire encore en nous ! 

La critique est aisée, mais l’art est difficile. Soit ! Que faire pour encourager les investisseurs à venir et leur permettre vraiment de gagner de l’argent ?

 

L’idée de préparer une grosse conférence pour séduire les investisseurs est loin d’être mauvaise, mais on ne peut pas mettre la charrue avant les bœufs ou, comme on dit chez nous, dresser le tapis avant de construire la mosquée. Ramener un investisseur, pour le voir ensuite partir déçu et perdant, est suicidaire pour nous.

La formule magique pour séduire les investisseurs n’est pas d’organiser une conférence et de sélectionner (avec des méthodes louches) un groupement d’accompagnement.

La formule magique consiste à faire son travail conformément aux standards internationaux en la matière. Une imposition et des lois justes à l’instar de ce qui se pratique dans les pays de l’OCDE, qui représentent notre marché principal ; une application stricte et juste des lois déjà existantes et une communication transparente et complète à tous les niveaux.

Le parlement européen a déjà mâché le travail pour nous avec une résolution historique en 70 points.

Commençons à l’appliquer et les investisseurs viendront tous seuls, sans même avoir besoin de conférence internationale, car le succès n’a besoin d’aucune boîte de com pour faire parler de lui !

 

 

03/10/2016 | 15:58
5 min
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Commentaires (21)

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Ameur k
| 07-10-2016 18:17
C est tres vrai on ne sait que theoriser ...aucune mesure pratique
Cette conference n apportera rien a l image des tournees de bakjbouj et des mirages duG20
La solution appliquez strictemt les 70 points PRATIQUES du conseil de leurope

Maryem
| 07-10-2016 13:29
Toutes les chaines Allemandes soutenaient ce matin que Merkel merite
le Nobel ,a mon avis "d avoir manipule la question des refugies"Cette femme doit etre jugee pour tout le mal qu elle a fait a la Grece et aux refugies
de les avoir appeles a venir en Europe puis a les livrer aux extremistes Allemands et a les repousser vers la Turquie et a la Grece.Elle a ete ignoree par les juges du Nobel pour ces bonnes raisons et c est tres bien

Maryem
| 07-10-2016 06:49
Merkel a tout fait pour le prix Nobel de la paix qu elle pensait recevoir en 2015
Le trio Tunisien le lui a chipe.
Cette annee 2016 elle y tient absolument
elle a su magistralement manipuler la question des refugies dans ce seul but
Plusieurs la considerent comme responsable de tout cet appel ouvertement vers les refugies de quitter leur pays d ou les debordements dans toute l Europe et le marchandage avec la Turquie sur le nombre de refugies qui doivent etre bloques en Turquie contre 6 milliards de dollars que la Turquie n a pas recus encore.......une honte si elle recoit ce prix Nobel de la paix aujourd hui pour avoir instrumentaliser
la question des refugies

j.trad
| 06-10-2016 13:39
drole de proposition diraient certains ,ce n'est pas une proposition ,c'est tout simplement une supposition ,ou plus précisément :la question qu'un professeur posa à une candidate ,lors d'un test oral ,dans une branche d'études économiques .il y a de ça plus de vingt ans ,je ne sait plus exactement comment l'étudiante avait répendu ,je n'était très interressée par la drole de question ,c'était pourtant à l'époque du dur embargot qui accablait la JAMAHIRIYYA ,aujourd'hui je me pose sérieusement la question ,quand est ce que ces frontières furent instituées ???!!! pourquoi cette séparation paralysante ???!!! c'est une honte ,un handycap ,des entraves ,mais quand on voit ce qui se passe à RAZZA ,c'est le cauchemars ,c'est l'injustice ,c'est le supplice ,un spectacle infernal ,un grand oui pour une MONDIALISATION à MONNAIE UNIQUE ,il faut abolir carrément ce qui est devenue source de tous les MAUX (extrait de la racine mal et maladie ,)où donc est le Héros ,qui va pouvoir mettre fin à ces frontières qui laissent passer les vipères tout en stoppant les hommes de bonne volonté ???!!!quand une révolution mondiale viendrait à terme ? quand le charisme d'un vrai leadeur germe ?wa bachchir assabirin (sada9a'ALLAHOUL'3ADHIM ).il me faut aller relire le livre intitulé :indignez-vous ,je ne sais pas si la vertue de la patience y est évoquée ???

BABA SANFOUR
| 05-10-2016 14:42
Je n'arrive pas à saisir l'objet de l'insistance de cette personne "Tatillonne" et pointilleuse!Si on la juge selon son Français,elle doit être anglophone ou arabophone faisant traduire ses "écrits" par Google!

Au Café des Délits
| 05-10-2016 13:46
Soyez moins "bobo" M. Bahloul et utiliser les termes adéquats.

badreddine
| 05-10-2016 11:47
Bonjour BN
Merci de votre reponse. Cependant je la trouve bizarre, etant que une fois vous me repondez que vous ne pouvez assurez etre a la hauteur des plus grands medias concernant les investigations et la qualite des articles (FT, The Economist, Forbes, WSJ, etc) mais pour ce type d'expression vous en referez aux "Grands Medias Francophones", je ne sais pas de quel media vous parlez (presses ecrite ou TV, Radio, etc..) ni de quel Grand journal vous vous referez (Les Echos, le monde, le figaro, le point, etc??? encore plus un journal oriente Business), ni quel environnement francophone vous vous referez (le canada, la france ou peut etre la presse marcaine, algerienne ou meme beninoise ou ivoirienne). Je ne craint que, comme pour tout secteurs confondus en Tunisie, on ne retient du banchmarking que les apparence en locurence, les expressions de rue dans un journal qui se veut respectueux par le contenue at la qualite de son analyse...que du mirage helas! Merci


B.N : Sans entrer dans un débat, nous sommes un journal d'informations et non d'investigations. Nous n'avons ni les moyens, ni les compétences pour ce faire. Concernant les articles d'opinion, et le choix des mots utilisés, vous pouvez choisir n'importe lequel des journaux ou des pays que vous avez cité. Libre à vous ensuite de l'évaluation que vous faites de la qualité des médias que vous consultez. Nous sommes libres du choix de nos écrits, vous êtes libre du choix de vos lectures.

BABA SANFOUR
| 04-10-2016 18:34
Faut-il rappeler ou expliquer que la langue Française est d'une grande subtilité!Autrement dit:vous pouvez utiliser des expressions ou des termes,apparemment,grossiers sans offusquer ou heurter les âmes sensibles!Prenons l'exemple d'une assemblée de gens comme il faut,cultivés,bonne éducation,grande origine etc etc...et à un moment donné un membre de cette assemblée s'exclame:«il ne faut pas péter plus haut que son cul»!Croyez-moi,personne ne va crier:mon dieu comme c'est vulgaire ou choquant!

Tunisienne
| 04-10-2016 16:46
Bien vu cher Nestor !


Mais dans ces cas-là, on n'est plus dans la figure de l'investisseur.

Mécènes, colonisateurs, manipulateurs politiques et/ ou moralisateurs sont des qualités qui feraient mieux l'affaire !

N.Burma
| 04-10-2016 15:52
Ils peuvent également être des cyniques qui savent que rien de bon ne sortira de leurs investissements mais qu'ils financent, pour clouer le bec aux détracteurs de tous poils.
Ils peuvent être machiavéliques en investissant aux pires comme aux meilleurs, l'un annulant l'autre, dans tous les cas, les investisseurs gardent les cartes maîtresses en main.
Ils peuvent être réalistes en considérant que l'aumône ainsi donnée gardera le mendiant tributaire de l'aumône et qu'ainsi il continuera à mendier (Proverbe chinois à l'envers, n'apprends pas à pêcher aux mendiants, pour qu'ils restent mendiants)
Ils peuvent être rêveurs à faire croire que dans ce pays, il y aurait tôt ou tard des hommes et des femmes capables de voir plus loin que leur nez ou ventre, pour considérer et saisir les opportunités de renaissance du pays, comme une chance d'affranchir de l'obscurantisme et des superstitions qui caractérisent prioritairement la Tunisie.
Ils peuvent être tout cela à fois, sans risque de se ruiner !