Alors que la Tunisie commémorait le 22e anniversaire du décès du père fondateur de la République, Habib Bourguiba, le locataire de Carthage a décidé d’ouvrir la boîte de Pandore sous peine de laisser s’abattre sur le pays de nouveaux maux. Déterminé à poursuivre son entreprise juilletiste et concrétiser sa feuille de route, Kaïs Saïed a annoncé l’adoption du scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour les prochaines législatives anticipées qu’il avait lui-même fixées au 17 décembre 2022.
Ce mode de vote simple sans pondération sur deux tours permet à l'électeur de choisir, au premier tour, un candidat parmi plusieurs. Celui qui recueille la majorité absolue est élu. A défaut, on organise un second tour avec un nombre plus réduit de candidats et remporte, alors, le siège le candidat qui recueille le plus de voix. Ce système est utilisé dans de nombreux pays d'Amérique latine, d''Afrique francophone et en Europe pour l'élection présidentielle.
Il peut se décliner en plusieurs variantes. Le vote peut, en effet, se dérouler sur la base de listes électorales ou sur les individus sans que ceux-ci ne soient nécessairement les représentants d’un parti politique donné et suivant une répartition géographique bien déterminée qui ne répond pas forcément au découpage de circonscriptions déjà établi.
Si l’on se tient au fait que le président de la République est un fervent défenseur de la gouvernance par les bases, le nombre de représentants du peuple peut être élargi pour couvrir les 264 délégations de la Tunisie. Ce qui, en théorie, est l’un des plus grands avantages de ce mode de scrutin : la représentativité géographique. Celle-ci permet de maintenir des liens stables entre les électeurs et leurs députés qui représentent, en l’occurrence, une région et pas uniquement leur parti politique si, toutefois, ils sont partisans. Les électeurs - ayant, dans ce cas, la possibilité d’élire des personnes – qu’ils connaissent – et non des partis politiques - peuvent évaluer la performance et le rendement personnels du candidat pour le réélire ou l’écarter lors de prochaines élections.
Cependant, ce même avantage peut se transformer en un mal absolu. Le scrutin uninominal peut favoriser une représentativité ethnique, clanique, de genre, tribale ou encore régionaliste… et ouvrir ainsi la porte à des personnages influents dans leur environnement de par leur statut social, leur fortune, leurs origines…
En d’autres termes, le prochain parlement pourrait compter le sage du village, l’homme d’affaires le plus riche de la ville, l’agriculteur qui fait travailler une centaine d’ouvriers, le syndicaliste qui défend ses camarades « qu’ils soient oppresseurs ou opprimés », le contrebandier qui nourrit des dizaines de familles démunies, l’imam de la mosquée du quartier, le président d’un club sportif… et ce, qu’ils aient les compétences requises ou pas. Ils ont déjà accédé au parlement, diriez-vous ? En effet, ils y étaient. Ils pourraient y être à nouveau mais à des coûts plus exorbitants. Le scrutin uninominal majoritaire à deux tours que le président de la République veut appliquer implique non seulement des lourdeurs administratives, mais également un budget plus conséquent et un risque d’instabilité entre les deux tours et jusqu’à la proclamation des résultats.
Et qu’en est-il des femmes ? Dans une Tunisie patriarcale et conservatrice où le phallus prime, les femmes se verraient de plus en plus exclues de la scène politique, si ce système de suffrage est appliqué. Dans un rapport publié en 2019, l’Union interparlementaire indique : « les systèmes électoraux influent sur la représentation des femmes, la proportion moyenne de femmes élues étant nettement plus élevée avec les systèmes de scrutin proportionnel ou mixte (26,5 %) qu’avec le système de scrutin majoritaire (20 %) ». Elle ajoute, également, que « les femmes qui se présentent aux élections se heurtent à de nombreux problèmes, dont la discrimination ou les croyances culturelles qui limitent le rôle des femmes dans la société et la difficulté à concilier la vie privée, familiale et politique, à recueillir le soutien des partis politiques et à financer des campagnes. Elles peuvent aussi être victimes de violence, de harcèlement et d’actes d'intimidation. Certaines femmes peuvent même être dissuadées de se présenter aux élections, laissant les hommes aux postes de pouvoir ».
Et les jeunes et les minorités ? Les chances de les voir représentés au sein d’une assemblée diminueraient drastiquement pour une raison toute simple : le scrutin uninominal favorise le candidat qui a le plus de chance d’être accepté au sein de la communauté.
Voici donc un modèle qui pourrait exacerber le paysage effrité que le président de la République souhaite, de toute bonne foi, décomposer pour écarter les corrompus, diriez-vous ? En théorie, oui.
Nadya Jennene
Le scrutin de liste, autrement dit des listes partisanes, favorise l'allégeance des candidats à leur parti et surtout le gouvernement des partis.
Nous l'avons vu avec l'ARP défunte, les combines, les recompositions faisant et de faisant des majorités selon le pouvoir du parti puissant.
Ennahdha nous en a délivré une démonstration convaincante.
Le "tourisme parlementaire" une autre.
Ce n'est pas le mode de scrutin qui porte en soi les tares de la démocratie représentative, il n'en est qu'une conséquence.
Si le représentant est un félon, rien dans un tel système ne permet de s'en protéger.
'?lu, il le reste jusqu'au terme de son mandat.
Très félon, il peut même réussir à se faire réélire.
On l'a vu, on le voit et on le sait.
Pour la compétence, je crois que la chose est encore plus fantasque. Nous le savons, et l'expérience faite, que des élus compétents, incompétents, sans scrupule ou vertueux n'avaient pas plus de compétence les uns par rapport aux autres.
Parce que la question n'en est pas une. Ou, elle est mal posée.
Le citoyen vote pour élire un candidat censé le représenter, décider et agir en son nom et considérant ses intérêts dans le contexte de l'intérêt général.
Doit-il, ce candidat, exhiber de quelque compétence ?
On se le demande. Car, l'élu présent, futur, n'a pas vocation à en faire sa profession. Politicien n'est pas pas un métier, mais une vocation, un engagement.
Certes, il en est beaucoup qui en ont fait profession jusqu'à en dégoûter l'électeur-citoyen.
Aucune compétence n'est requise, mais des qualités comme la probité, le sens de l'intérêt public, l'implication.
'? cette aune, femme, homme, jeune ou moins jeune, tous ont potentiellement ces qualités.
Tous, savent d'instinct ce qu'est l' intérêt général.
Il serait bon de se garder de ces illusions assez partagées qui accordent tel privilège aux femmes, ou leur dénient des potentiels communs.
Les femmes sont des hommes comme les autres, aurait dit quelqu'un.
Nous n'avons besoin que d'élus ayant choisi de s'impliquer dans les affaires de la Cité.
Des élus ayant décidé de servir la société, et pas se servir.
Cette espèce existe.
Elle est sans doute en dehors des partis. Ces machines qui contraignent, fidèlisent, ont tendance à confirmer les esprits aux desseins du Parti.
Les partis, comme les hommes qui sont leurs inventeurs, doivent être en machineries dont il faut se garder pour rester fidèle à soi et à ses engagements.
Les élus, quels qu'ils soient, doivent être soumis au contrôle de leurs mandants.
La démocratie représentative est un système qui confère au délégataire une puissance telle qu'il finit par se convaincre d'être la légitimité.
Churchill disait qu'il était le moins pire.
Lorsqu'on est conduit à défendre par la négative un tel système, c'est preuve de son peu de légitimité.
Allez, inventez un nouveau !
'? ce jeu c'est ennahdha qui reviens ...
car on a marre des hypocrites
Votre avocat saura cependant vous défendre. Dans la boîte de Pandore, il n'y a pas que des maux, il y a aussi l'Espérance...
A méditer!
Alors il ne faut pas être surpris qu'on sera représenté par d'autres voyous, menteurs, ignorants.