Vous parlez de salaire non versés à temps. Mais quel salaire? Le salaire que l'on nous donne et qui, soi-disant est l'un des plus élevés, suffit à peine à payer nos créanciers. Nous sommes tous à découvert. Je parle bien sûr de celles et ceux qui n'ont que leurs salaires comme revenus. Je regrette amèrement d'avoir consacré les meilleurs années de ma vie à la recherche. J'aurais mieux fait d'ouvrir une gargote et de vendre du kafteji et des sandwichs, j'aurais au moins une existence plus décente. Nous ne sommes plus des universitaires mais des prolétaires. L'ism el aali wel marbet el khali!!! Pas d'honneur, pas d'argent, pas d'avenir! On rame, c'est la galère. On ne peut même pas acheter des livres, alors, que dire d'un appartement, d'une voiture ou simplement de vêtements décents. On se prive de tout, on s'habille grâce à la friperie, on survit. Je me demande comment font les gens qui ont 400 ou 500 dinars de salaire. C'est normal que la criminalité et les arnaques de tous genres augmentent d'une manière exponentielle! Ce pays nous exploite, nous étouffe, nous tue. Notre amour pour lui suffira-t-il? Cette relation est toxique. Je pense de plus en plus sérieusement à quitter l'enseignement public pour le privé, c'est déjà le cas de beaucoup de collègues ou alors de quitter carrément le pays, beaucoup d'autres collègues l'ont aussi fait. L'université tunisienne se vide de ses compétences comme beaucoup d'autres secteurs. A qui profite le crime? Qui payera l'anéantissement du système éducatif laborieusement mis en place avec passion par les bâtisseurs de la République tunisienne? Je vous laisse répondre, c'est facile à trouver. Ce pays agonise et tout le monde s'en fout! Il fut un temps où nous étions presque, mais presque développés. Aujourd'hui que reste-t-il? Une société de plus en plus ensauvagée, une classe politique qui a complètement perdu sa crédibilité, une économie sur le carreau, une désolation globale... Quel gâchis!