
Si vous ignorez encore que le pays a un nouveau chef de gouvernement, vous êtes tout excusé : vous n’avez manqué que quatre jours d’actualité. Rien de surprenant tant les événements s’enchaînent à un rythme effréné.
Inutile donc de mémoriser le nom de Sarra Zaafrani, de s’attarder sur sa biographie ou de s'attacher à elle : elle disparaîtra du paysage politique dans quelques mois. Non pas que ses compétences (inconnues pour l’instant) soient remises en question, mais il lui sera tout simplement impossible de rivaliser avec la cadence imposée par l’actuel président. Une mission initialement vouée à l’échec.
Kaïs Saïed nomme, limoge et recommence
Depuis 2020, en cinq ans, Kaïs Saïed a nommé cinq chefs de gouvernement pour gérer un pays en crise. Chacun d’eux a tenu en moyenne un an en poste. Certains ont eu plus de chance que d’autres : Elyes Fakhfakh n’a duré que six mois, tandis que Najla Bouden a tenu près de 21 mois.
Mais la règle est claire : le premier qui ose s’écarter de la ligne imposée, qui montre le moindre signe de défiance vis-à-vis d’une politique (très discutable), est prié de faire ses valises au plus vite. Kamel Maddouri en a fait l’amère expérience après seulement sept mois, lorsque des tensions sont apparues entre Carthage et la Kasbah. Najla Bouden, elle, a été la plus docile. Cela ne lui a pourtant pas permis de rester en poste. Qu’en sera-t-il pour Sarra Zaafrani ? De son discours d’investiture, on retiendra deux mots : « harmonie » et « coordination » du travail gouvernemental. Du premier entretien qu’elle a eu en poste avec le président, on retiendra le même mot : « coordination » de l’action gouvernementale. Ce sera en gros tout ce qu’on lui demandera de faire.
Pour tous ces chefs de gouvernement, nommés puis limogés, un des principaux points de friction reste la politique économique, où deux discours contradictoires s’affrontent. Un dossier que le chef de l’État ne maitrise pas. Le dernier exemple en date a été celui de Kaïs Saïed prônant une autonomie économique idéalisée ; et d’un Kamel Maddouri quémandant un soutien financier accru auprès de l’Union européenne. Une incohérence d’autant plus flagrante que l’aide européenne est conditionnée au respect de principes tels que les droits de l’Homme et l’indépendance de la justice, des engagements aujourd’hui bafoués par le pouvoir en place. Comment espérer un soutien extérieur tout en rejetant toute « ingérence » étrangère ?
Cette contradiction au sommet de l’État reflète une gestion hésitante, où l’idéologie se heurte aux réalités économiques. Un dilemme non résolu, qui continuera de fragiliser les futurs chefs de gouvernement. Et à la vitesse où ils se succèdent, ils risquent d’être nombreux.
Un gouvernement sans gouvernance
Mais si le chef de l’État semble convaincu que la meilleure manière de gouverner est de changer les têtes, pourquoi s’obstine-t-il à nommer des profils issus des mêmes cercles qu’il n’a cessé de critiquer ? À chaque diatribe contre l’« incompétence » et le manque d’« harmonie » des gouvernements successifs, Kaïs Saïed finit par recycler les mêmes figures.
Chacun des nommés arrive sans projet, sans stratégie et sans marge de manœuvre. Non seulement la durée de leur mandat est trop courte pour être évaluée, mais ils ne disposent d’aucun levier réel : ils ne choisissent pas leur équipe, n’élaborent aucune politique et ne communiquent pas avec les Tunisiens.
Finalement, Kaïs Saïed nomme des exécutants chargés d’appliquer ses directives, avant de les limoger à chaque fois que sa politique atteint ses limites. Il est donc impossible d’évaluer objectivement leur travail, d’autant qu’aucun d’eux n’a jamais eu l’occasion de s’exprimer directement devant la nation, ni même d’obtenir une explication officielle pour son éviction. Et il ne faudra pas compter sur le locataire de Carthage pour justifier ses choix : lui n’a de comptes à rendre à personne.
Changer les têtes, mais pas la politique
Pendant ce temps, les discours présidentiels restent inchangés : assainir l’administration, évincer les opportunistes et les incompétents, récupérer l’argent du peuple, s’appuyer sur nos propres ressources, instaurer un modèle économique basé sur les sociétés communautaires et la rupture avec l’étranger… Des slogans creux qui se répètent inlassablement, imposant aux chefs de gouvernement successifs une même ligne politique qui a échoué pour chacun de leurs prédécesseurs. Peu importe les noms, ils seront contraints de suivre exactement la même feuille de route. Ils ne sont pas là pour gouverner, mais pour exécuter.
Au final, lorsque l’échec sera total, le chef de l’État ne pourra s’en prendre qu’à lui-même.




Et les 12 millions de spectateurs, incapables de bâtir des institutions solides qui les protègent, et qui attendent le crash la bouche ouverte...
Pathétique.
Finalement, il existe des cerveaux, des "compétences" pour honorer le lexique local, capables de diriger ce pays et ce foutu Kais Saied, têtu et rigide ne les voit pas.....
Ironie du sort, il n'entend pas plus vos rodomentades, ni vos précieux conseils.
Si j'étais du cercle de ses proches. je lui aurais suggéré de vous lire.
C'est pour de rire! dirait le gosse que je demeure.
Et le rire est, paraît-il, salutaire.
La verite est comme souvent entre les 2 .
KS a raison de ne compter que sur le pays car avec autant d imperfections dans les lois et autant de retard industriel legislatif financiere douaniere ... on peut trouver plus d argent qu il en faut pour faire tourner le pays mais bien sur en aucun cas dans le modele communiste que KS venere .
Il y a eu bcp d article d economiste de financier de journaliste economique sur ce site et d autre site internet qui ont donné des pistes .
Pourquoi aucun assistant du president ne les a recu pour un grand coloc de la relance economique .
Certains d entre eux ont meme envoyé leur copie au president et aux anciens premier ministre.
Ouvrez la porte discuter, on parle de l avenir d un pays et en aucun de l achat d un fricassé
Seul lui peut mettre en exécution sa propre politique
Les autoproclamés Explicateurs ont échoués.
L'avantage : il ne peut plus s'aut-limoger...mais au moins on aura une Continuité.

