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Chroniques
Périlleux mutisme du gouvernement
Par Houcine Ben Achour
23/12/2022 | 10:00
3 min
Périlleux mutisme du gouvernement

 

 

L’adoption des projets de loi de finances et de budget économique pour l’exercice 2023 et leur paraphe par le chef de l’Etat constitueraient-ils le dernier deal ou plutôt le dernier pré-requis exigé par le Fonds monétaire international (FMI) pour rendre sa décision d’octroi d’un  soutien financier à la Tunisie dans le cadre du Mécanisme élargi de crédit (MEDC) de l’institution financière multilatérale ? C’est, somme toute, la plus probable des raisons qui a amené le Conseil d’administration du Fonds à retirer de l’ordre du jour de sa réunion du 19 décembre 2022 le dossier « Tunisie ». Le FMI avait déjà invité le gouvernement à montrer patte blanche en engageant, sans attendre la fin des procédures pour l’obtention du crédit, le programme de réformes qu’il propose permettant à la fois d’assainir les finances publiques et de positionner l’économie du pays sur un chemin de croissance plus solide et durable. En mettant à l’épreuve la crédibilité des autorités et l’irréversibilité du processus de réformes structurelles qu’exige la situation socioéconomique actuelle du pays et la conjoncture internationale du moment, il est clair que le Fonds cherche à obtenir des garanties consistantes après les échecs des deux précédents programmes de réforme de 2013 et 2016, ayant englouti au total près de 4 milliards de dollars.

 

En tout cas, la décision de report a provoqué une énorme frustration. Elle a également mis le gouvernement et surtout le chef de l’Etat, détenteur de la seule légitimité électorale, au pied du mur. Car, il faut cesser de s’en cacher, le programme de réformes du gouvernement sous-jacent à l’appui financier du FMI représente une épouvantable cure d’austérité. La loi de finances 2023 en porte d’ailleurs les premiers indices et signaux si l’on se fie aux fuites de plusieurs dispositions du projet de loi de finances 2023, quand bien même celles-ci feraient ou auraient déjà fait l’objet d’un arbitrage définitif. Faut-il en être surpris ? Ce serait franchement faire preuve d’hypocrisie. On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs.

 

Cependant, le gouvernement gagnerait maintenant plus que jamais à sortir de son mutisme et dévoiler la réalité des finances publiques et son impact sur la stabilité financière du pays. Pour ce mois de décembre 2023, le gouvernement n’a pu satisfaire ses besoins budgétaires qu’à la faveur du crédit d’environ 800 MD obtenu de l’Algérie et d’une levée massive d’emprunt de court terme sur le marché domestique. Ce constat n’exige-t-il pas du gouvernement d’expliquer en quoi les dispositions fiscales de la loi de finances 2023 sont inévitables pour éloigner le spectre du défaut de paiement ? En quoi l’appui du FMI, aussi conditionné soit-il au regard du montant accordé, est incontournable. Sans lequel le pays ne pourrait rien envisager d’autre que la pénurie et la misère ?

 

Des réponses à ces questions et d’autres encore méritent d’être apportées à une opinion publique et des opérateurs économiques qui ne savent plus de quoi sera fait demain, janvier, févier ou mars prochain. Tant que l’accord avec le FMI ne connaîtra pas son épilogue.

Ne serait-il pas préférable pour le gouvernement d’affronter la contestation sociale aujourd’hui que de faire face à une explosion sociale demain ?

Par Houcine Ben Achour
23/12/2022 | 10:00
3 min
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Commentaires
Nephentes
Merci pour cet article
a posté le 23-12-2022 à 20:10
Qui met les points sur les i
Comme d habitude une analyse de haut vol