
Le pass sanitaire est-il partout contrôlé, comme l’exige la loi ? Un tour des magasins, centres commerciaux et agences bancaires montre clairement que l’Etat n’a rien mis en place pour faire respecter ses lois.
A l’entrée de la grande surface sise à cité Ennasr, ce quartier huppé de l’Ariana, un vigile est à l’entrée pour demander aux clients leur pass sanitaire. Les uns sortent une feuille, d’autres leur portable. Un bref coup d’œil est suffisant pour le feu vert. Le vigile n’a pas de téléphone portable refermant l’application de lecture du QR Code, il est incapable de distinguer un vrai pass d’un faux, mais les apparences sont sauves : sa seule présence à la porte est suffisante pour que son enseigne ne tombe pas sous le coup de cette nouvelle loi entrée en vigueur le 22 décembre dernier.
Cette loi, ou plutôt décret-loi, mentionne que l’accès aux entreprises publiques et privées, aux supermarchés, aux établissements de santé ou aux transports ne peut se faire que sur présentation de ce pass vaccinal, téléchargeable sur le site Evax du ministère de la Santé.
Théoriquement, le contrôle de ce pass sanitaire devait se faire à toutes les portes et ce dès le premier jour. En pratique, les choses se sont déroulées autrement, sans surprise d’ailleurs.
Le vigile de la grande surface cité plus haut a repris son activité normale à l’intérieur du magasin. Il n’y a plus de contrôle des clients. « Impossible de contrôler tout le monde et de faire face à la colère des clients, nous dit-il. Il y en a eu plusieurs qui ont rebroussé chemin pour aller faire leurs courses chez l’épicier du coin. Le patron a donc décidé d’arrêter les dégâts et de ne plus déranger les clients. Il parait que notre chiffre d’affaires est tombé drastiquement les premiers jours de l’application du pass ! ».
Ce qui est valable pour cette grande surface l’est également pour toutes les autres enseignes. Il n’y a quasiment plus de vigiles aux portes pour contrôler le pass sanitaire.
Dans les cafés et les restaurants du quartier, il n’y en a jamais eu. « Personne n’est venu me parler de cette loi, je ne suis pas au courant », nous dit ce gargotier.
C’est exactement pareil dans une bonne vingtaine de cafés que nous avons eu à visiter. Aucun, absolument aucun, restaurant ou café n’exige la présentation du pass. Quinze jours après, on a même enlevé les affiches, collées aux devantures pour exiger la présentation du pass.
A la banque, à la pharmacie, à la mairie, c’est le même manège, le décret-loi du 22 décembre est mort-né. On en a bien parlé le premier jour, avec quelques contrôles chez certains mais on l’a rapidement oublié pour passer à autre chose.
Pour ce qui est des transports publics du Grand-Tunis- la présentation du pass n’a jamais été exigée. Comment peut-on exiger quoi que ce soit de ces usagers à bord de bus roulant les portes ouvertes tellement ils sont bondés ? Pour le métro, on n’a pas pu mettre la logistique nécessaire pour que l’on contrôle les passagers.
Quid des entreprises et des administrations ? La présentation du pass est exigée et une pancarte affiche clairement la chose. Quinze jours après l’entrée en vigueur de la nouvelle loi, des vigiles continuent (encore) à contrôler leurs visiteurs et vérifier la correspondance entre le QR Code (ou le SMS) et la carte d’identité. Idem pour les parents de certaines écoles privées de passage par l’administration.
Reste que la mesure n’est pas généralisée et les antivax (ceux qui refusent de se faire vacciner) le savent parfaitement.
Pour passer entre les gouttes, il suffit de se procurer un QR Code. « N’importe lequel, personne n’est muni de l’application qui les lit », nous témoigne ce trentenaire qui refuse de se faire vacciner par principe.
Une fonctionnaire, quinquagénaire et antivax comme lui, a trouvé un autre moyen pour échapper au contrôle imposé dans son administration. Elle a pris quelques jours de congé la semaine du 22 décembre. Ses collègues vaccinés ont été contrôlés le 22 et puis, estimant que tout le monde a été contrôlé, on n’a pas fait attention à ceux qui étaient absents ce jour-là. « Mon directeur n’est pas dupe, mais il a fermé les yeux, il s’est montré compréhensif vraisemblablement », nous dit-elle amusée et gênée à la fois.
Avec cette histoire de pass sanitaire, l’Etat tunisien s’est discrédité une nouvelle fois, comme cela arrive souvent depuis le 25 juillet. Il a pondu tout seul une loi, sans aucun débat public, en faisant du copier-coller de ce qui se passe en Europe. Il a juste oublié qu’il se devait d’accompagner sa nouvelle loi par une large campagne de communication pour expliquer au public les raisons de cette loi et comment elle allait être appliquée.
Mais non seulement l’Etat n’a pas mobilisé les moyens nécessaires pour expliquer sa loi aux citoyens, il n’a pas mis non plus les moyens pour la faire respecter. Il n’y a ainsi aucun contrôle sur les commerces ou les administrations pour vérifier si le pass sanitaire est exigé ou pas.
Ailleurs, c’est la police qui est chargée de contrôler les citoyens et les commerces. Des agents entrent dans un café, par exemple, et vérifient les pass des clients un à un. En Tunisie, rien de tout cela n’a été fait. Ni de campagne en amont, ni de contrôle a posteriori. Du coup, le pass sanitaire n’existe que sur le Journal officiel et le projet est mort-né.
C’est ce qui arrive à chaque fois que les gouvernants cherchent à imposer, d’en haut et par la loi, des mesures impopulaire ou gênantes qui n’ont fait l’objet d’aucun débat public. Ils sont désobéis et discrédités.
Raouf Ben Hédi
Allez voir cette video svp et passez le message a tout le monde.
https://www.youtube.com/watch?v=x5-5P3ugQ_M
https://www.touteleurope.eu/societe/covid-19-dans-quels-pays-d-europe-un-pass-sanitaire-national-est-il-en-vigueur/
combien dangereuses, pour n'importe quelle occasion ...
Et vous allez avoir droit au spectacle si il y a une vague épidémique spectaculaire qui éclatera dans quelques jours...ils seront encore les premiers à pleurnicher, rouspéter, se plaindre, comme à chaque fois.