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Parler à une IA n’est pas gratuit !
18/06/2025 | 14:00
3 min
Parler à une IA n’est pas gratuit !

 

Un simple "bonjour" envoyé à une intelligence artificielle ne coûte rien, pense-t-on. Et pourtant, à l’ère de l’automatisation généralisée, chaque mot, chaque requête, chaque octet transmis et traité par une IA représente une ligne dans une facture, une fraction d’énergie consommée, une ressource mobilisée. Pour les entreprises qui adoptent massivement les outils d’IA, même les interactions les plus anodines peuvent s’additionner et former un coût invisible, mais bien réel.

 

Le prix d’un mot : quelques millimes par prompt

L’essentiel des IA génératives utilisées dans les entreprises fonctionnent par API, c’est-à-dire à la demande, à la requête. Cela signifie que chaque message envoyé par un utilisateur est comptabilisé et facturé, souvent à la token ou au caractère près. Par exemple, les modèles d’OpenAI comme GPT-4o ou GPT-3.5 sont tarifés entre 0,001 et 0,01 dollar par millier de tokens, en fonction du modèle utilisé et du volume traité.

Un simple "bonjour", équivalent à 1 ou 2 tokens selon l’encodage, peut coûter environ 0,0005 à 0,002 dollar, soit moins d’un centime de dinar tunisien. À l’unité, c’est négligeable. Mais à l’échelle de centaines de collaborateurs ou de milliers de clients qui ouvrent une conversation chaque jour, cela devient un coût opérationnel à intégrer.

 

Quand la politesse devient un poste budgétaire

Dans un service client automatisé par chatbot ou assistant IA, il n’est pas rare que chaque conversation commence par une salutation. Cela fait partie de l’expérience utilisateur, du réflexe humain. Pourtant, dans les entreprises qui reçoivent des dizaines de milliers de requêtes par jour, ces quelques mots inutiles (du point de vue fonctionnel) deviennent du bruit coûteux.

Certaines entreprises optent pour des solutions de filtrage intelligent : elles détectent les messages comme "bonjour", "merci", "tu es là ?", et les neutralisent ou y répondent par une réponse standard, sans déclencher la génération coûteuse d’un texte long ou d’un calcul complexe.

 

Coûts indirects : énergie, serveurs, supervision humaine

Outre la facturation directe à l’usage, il faut compter l’énergie consommée par les serveurs (particulièrement élevés dans les IA de grande taille), les coûts d’infrastructure (stockage, bande passante, sécurité), mais aussi le temps-homme. Chaque "bonjour" analysé, stocké, tracé dans un log ou traité par un superviseur humain dans des systèmes hybrides pèse sur le budget IT.

Ce coût est faible à l’unité, mais dans les environnements à très haut volume (banques, e-commerce, administrations), il est pris en compte dans l’optimisation des flux, au même titre qu’un clic ou qu’un pixel.

 

Humaniser ou rationaliser ? Le dilemme des entreprises

La tentation est grande de supprimer toutes les interactions non essentielles. Pourtant, cela pose un dilemme : faut-il accepter une IA polie, sociale, qui réagit aux usages humains – ou opter pour une IA minimaliste, orientée uniquement vers l’efficacité ? Des tests montrent que les utilisateurs préfèrent interagir avec une IA "sympathique", même si cela coûte un peu plus cher.

Certaines entreprises intègrent ainsi un budget "UX IA", qui prend en compte ces échanges non productifs mais valorisants pour la relation client.

 

Un bonjour n’est jamais gratuit – mais il peut rapporter

En conclusion, un "bonjour" lancé à une IA n’est pas gratuit. Il coûte une fraction de centime, mais peut s’additionner et représenter plusieurs milliers de dinars par an dans un environnement professionnel. Ce petit mot interroge la manière dont les entreprises conçoivent l’usage de l’IA : simple outil rationnel ou entité avec laquelle on interagit comme avec un collègue ou un assistant humain ?

Ce coût invisible pourrait bien devenir un indicateur-clé à surveiller dans la gestion des ressources numériques à venir.

18/06/2025 | 14:00
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