Mercredi 11 mai 2016, la Tunisie a évité le pire. Deux opérations sécuritaires ont pu déjouer des attaques terroristes simultanées dans le pays. Les Tunisiens se sont réveillés au matin de ce mercredi en apprenant que des affrontements se déroulent dans la banlieue de Tunis à El Mnihla. Plusieurs terroristes seront capturés et deux autres tués. Plus tard dans la journée, une deuxième opération, cette fois dans le Sud du pays, se solde par la mort de quatre agents de la Garde nationale et celle de deux autres terroristes. Le lien entre ces événements : il s’est avéré que les terroristes préparaient des attentats simultanés. La Tunisie a échappé, pour ce coup-ci, à son vendredi 13.

Depuis déjà 5 ans, la Tunisie fait face à la prolifération des groupes terroristes sur son sol. Essentiellement, retranchés dans les hauteurs ouest du pays, ces individus ont reçu, pour la plupart, des entrainements au maniement des armes en Libye voisine. Sous la Troïka, les terroristes se sont « contentés » de s’attaquer aux forces armées positionnées aux frontières, mais plus récemment, leur modus operandi a évolué. Le terrorisme s’est invité dans les villes : première attaque sanguinaire au musée national du Bardo. En plein cœur de la capitale et à deux pas du Parlement.

La Tunisie ne s’était pas relevé de ce premier choc, qu’un deuxième attentat meurtrier survient, dans la ville touristique de Sousse. Le bilan est lourd, plusieurs touristes périssent ou sont blessés et l’un des secteurs les plus rapporteurs économiquement s’effondre. Toujours en plein cœur de Tunis et à quelques mètres du ministère de l’Intérieur, un terroriste se fait exploser dans un bus de la Garde présidentielle. Le choc est considérable. Les Tunisiens ont conscience que les terroristes peuvent sévir à n’importe quel endroit du territoire et que le danger se précise. Et c’est à Ben Guerdène en ce début 2016, que nous assistons à une tentative de s’approprier la ville et d’instaurer un Emirat…

La menace terroriste est donc persistante. Forces sécuritaires, armée et services de renseignement sont en état d’alerte permanent afin de déjouer tout plan terroriste.

Mercredi, nous apprenons que des affrontements sont en cours entre les forces de l’ordre et des éléments terroristes, retranchés dans une maison de ce quartier populaire. Les informations, sur l’opération en cours, font état d’importants échanges de coup de feu, ce qui a nécessité l’intervention d’un hélicoptère militaire sur les lieux. Deux terroristes sont abattus et nos forces armées s’en sortent indemne mais pas ceux de Tataouine.

Le ministère de l’Intérieur, donnant plus de détails sur l’opération d’El Mnihla annonce l’arrestation de 16 dangereux terroristes activement recherchés. Sur les lieux, un important arsenal d’armes est saisi. On parle de Kalachnikovs, de grenades, de pistolets et de munitions. L’opération s’inscrit dans le cadre d’un plan visant à traquer des terroristes venus de différentes régions du pays et regroupés dans la capitale, en vue de préparer des attaques terroristes synchronisées. Les services de renseignement ont opéré un coup de filet de maître, au vu des plans ourdis par les terroristes. Une source sécuritaire nous confirmait par ailleurs que certains des éléments arrêtés ont participé à la récente attaque de Ben Guerdène. La vigilance de nos forces sécuritaires nous a évité un carnage dans la capitale…

Dans l’après-midi de ce même mercredi, des informations venant cette fois-ci du Sud de la Tunisie, font état de la mort de quatre agents de la Garde nationale, lors d’affrontement avec des terroristes. Un terroriste sera tué et un autre décèdera après avoir actionné sa ceinture explosive entrainant dans la mort les quatre sécuritaires. Rapidement, le ministère de l’Intérieur communique sur cette deuxième opération. Première information à retenir : les groupes terroristes s’apprêtaient à exécuter des attentats simultanés. A Tataouine, suite aux aveux des éléments arrêtés le matin même à El Mnihla, les unités de la Garde nationale, encerclent une maison abandonnée. S’en suivent des échanges de coups de feu au cours desquels un terroriste est abattu, tandis qu’un deuxième se fait exploser. Des plans et des armes sont également saisis. Les terroristes de Tataouine et d’El Mnihla étaient en lien. C’est dire l’organisation de ses réseaux qui évoluent en sous-marins au sein même de la société tunisienne.

Des sources concordantes révèlent que l’un des cerveaux du groupe terroriste d’El Mnihla, est un élément classé très dangereux originaire de Sidi Bouzid. Il aurait été condamné à la prison avant janvier 2011 et aurait été libéré après la révolution parmi les bénéficiaires de l’amnistie générale. Cet élément se serait rendu en Libye où il s’est entrainé au maniement des armes et reçu un entrainement paramilitaire. Il serait revenu en Tunisie après avoir parfait  sa « formation » et participé à l’attaque terroriste de Ben Guerdène.

Pour ce coup-ci nous avons échappé au pire, mais jusqu’à quand ? Dans une semaine, un mois ou une année, un autre groupe échappera à la vigilance des autorités et mettra en œuvre ses plans de destruction. En dépit des efforts de lutte contre le terrorisme, les armes continuent à affluer vers la Tunisie, les terroristes continuent à traverser les frontières dans les deux sens sans être inquiétés et d’autres continuent à prendre le maquis ou se retranchent dans les montagnes.

Ikhlas Latif