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Chroniques
Nourane...Nadhir et Sofiène
04/10/2016 | 15:58
3 min

 

Le dénouement heureux dans l'affaire Nourane Houas nous ramène au triste et sombre sort des deux journalistes Sofiène Chourabi et Nadhir Ketari.

L'annonce de la libération de l'employée de la Croix Rouge internationale a été accueillie avec un grand soulagement en Tunisie. Nourane Houas, jeune Franco-Tunisienne kidnappée et détenue en otage au Yémen depuis près d'un an déjà, a été transférée hier soir au Sultanat d'Oman avant de revenir en France. A son arrivée, elle a été accueillie par l’ambassadeur tunisien au Sultanat, Farhat Khlif, qui s'est déplacé pour s'enquérir de sa situation. Le ministère des Affaires étrangères tunisien a, aussitôt, publié un communiqué pour se féliciter de la libération de Nourane profitant du moment pour souligner que "la Tunisie a conjugué les efforts pour sa libération à travers ses représentations à Paris, Genève et Mascate" et adressant des remerciements à "toutes les parties prenantes dans cette affaire, et, particulièrement, les autorités omanaises et le CICR". 

 

Une bonne nouvelle qui en rappelle une autre, beaucoup plus triste. Celle de la disparition du journaliste Sofiène Chourabi et du caméraman Nadhir Ketari. Une disparition qui remonte à septembre 2014 et qui n'a pas, aujourd'hui encore, trouvé de dénouement. Heureux ou malheureux soit-il. Une disparition dont les circonstances demeurent encore sombres pour l'instant.

Mobilisations, dénonciations, articles de presse, plateaux tv, promesses des officiels, rien n'a été en mesure de trouver une issue à cette disparition. Deux années de rumeurs, deux années de flou, deux années de scepticisme ou de résignation pour certains, qui ont poussé les parents à se déplacer en Libye afin d'aller chercher, eux-mêmes, leurs enfants, et de trouver réponses à leurs questions en suspens.

 

Alors que le gouvernement provisoire libyen annonce, officiellement, l'assassinat des deux Tunisiens, les autorités locales continuent d'affirmer que des négociations sont en cours avec les responsables libyens. Les responsables tunisiens n'ont pas cessé, pourtant, d'affirmer que les deux hommes sont sains et saufs et qu'ils détiennent des informations quant au lieu où ils se trouvent. Leur libération ne saurait tarder, a-t-on dit, il y a à peine quelques mois. A ne plus rien comprendre ! S'agit-il d'une volonté d’étouffer l'affaire, de cacher une quelconque incompétence, ou est-ce une manœuvre de la part des Libyens? Difficile à dire lorsque l'on sait que, dans cette affaire, le dossier de Sofiène et Nadhir est pratiquement vide. Aucune revendication claire n'a été émise de la part des ravisseurs, aucune demande de rançon n'a été formulée, aucun contact n'a été pris avec les ravisseurs, et aucune dépouille n'a été rapatriée. Si dépouilles il y a. On ignore, encore aujourd'hui, deux ans après, le sort réservé aux deux jeunes Tunisiens et l'endroit exact dans lequel ils se trouvent. S'ils sont encore en vie...

 

« Soit ils sont vivants, et il doit y avoir une solution, soit ils sont morts, et il nous faut une preuve » avait déclaré Maaouia Chourabi, père de Sofiène. Cette attente est insoutenable pour les familles, les proches, mais aussi tous les Tunisiens qui suivent de près cette affaire, depuis des mois déjà. Insoutenable de plus que les circonstances de cette disparition, restent entourés d'un lourd silence qui ne fait qu'attiser davantage la colère et l’inquiétude.

 

Nourane Houas a été enfin libérée. Sa nationalité française a-t-elle été d'un quelconque secours dans cet heureux dénouement? Oui sans doute. Mais sans vouloir tomber dans les raccourcis faciles à faire, l'absence et le silence qui étouffent l'affaire Ketari-Chourabi n'auraient jamais été possibles, ou du moins n'auraient pas duré aussi longtemps, si les deux journalistes avaient, eux-aussi, la nationalité française...

04/10/2016 | 15:58
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Commentaires (11)

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Groupe De Soutien A Nourane
| 07-10-2016 13:40
La nationalité française n'a joué aucun rôle ni pour sa capture ni pour sa libération.
Plus tard je donnerais chère madame plus d'informations je ne pourrais dire plus car l'affaire n'est pas terminée!
Votre article est excellent je vous remercie.Le groupe Nourane qui international et pas uniquement tunisien veut basculer sur Soufiene et Nadhir à la demande de ses mebres!

Nahor
| 06-10-2016 03:36
Monsieur,

évidemment, vous êtes en retard sur l'information, chose que par contre, vue mon activité, je ne puis pas me permettre.

Le général Khalifa Haftar a été officiellement nommé lundi 3 Octobre 2016 au poste de commandant en chef de l'Armée libyenne par le Parlement de Tobrouk. Je vous cite depuis l'agence PANA:

-- Le Parlement libyen a, à cette occasion, décidé, (...) d'élever Khalifa Haftar au grade de Maréchal de l'Armée libyenne, une consécration pour l'initiateur de l'opération militaire "Karama" (Dignité), lancée en mai dernier pour chasser les milices islamistes du pays. --

Cf. http://www.panapress.com/Khalifa-Haftar-nomme-commandant-en-chef-de-l-Armee-libyenne--13-630426232-18-lang1-index.html

RFI écrit :

-- Le maréchal Khalifa Haftar à désormais du mal à cacher ses ambitions pour la Libye. Ses réponses écrites faites à l'Associated Press (AP) ont eu une grande résonance d'autant qu'elles ont été lancées après une série d'appels à une réconciliation nationale. S'il se voit comme le grand chef pour la Libye ? c'est une question de l'agence américaine à laquelle il a refusé de répondre. Mais il a déclaré au même moment que la Libye a besoin d'un leader « qui possède une expérience militaire d'un très haut niveau. » --

Je lui donne entièrement raison, comme sur le fait que "Tripoli est kidnappé par les milices" (aux service du Qatar et -au moins jusqu'à peu- de la Turquie).

Cf. http://www.rfi.fr/afrique/20161001-libye-ambitions-marechal-khalifa-haftar-le-pays

De ma part, j'ai souligné depuis plus une année à l'UE que seulement l'actuel maréchal Haftar peut pacifier la Libye en réintégrant politiquement les forces des fidèles Kadhafiens qui regrettent l'ancienne Jamahiriya, une réconciliation absolument nécessaire à la paix et à l'unité, et par contre vue comme un spectre par les islamistes et plus particulièrement par la Confrérie tunisienne avec son gourou khomeiniste Ghannouchi.

Tunisienne
| 05-10-2016 17:49

Merci beaucoup et bonne continuation !

Avec mes amitiés,


Tunisienne

NOMADE
| 05-10-2016 15:01
J'attire son attention que Haftar n'a jamais été Maréchal !

@Tunisienne:salutations amicales et sincères!

Tunisienne
| 05-10-2016 13:29
Mon intime conviction est que Nadhir et Sofiène sont morts et, vraisemblablement, dans des conditions abominables...

En espérant sincèrement me tromper !

Et en espérant surtout que les parents sachent à quoi s'en tenir une fois pour toutes.



kameleon78
| 05-10-2016 13:05
Je n'ai pas du tout compris votre affirmation, développez votre idée, svp.

Faouzit
| 05-10-2016 11:09
C'est vrai qu'on nait tous égaux...jusqu'à l'obtention d'un passeport !

watani horr
| 05-10-2016 02:47
Ces journalistes ont peut etre decouvert des faits embarrassants pour des parties tunisiennes qui avaient des allies en lybie. Les allies lybiens devaient les tuer mais ses relations avec les parties tunisiennes se sont détériorées. La partie lybienne fait un double chantage. Un au gouvernement tunisien: si tu viens apres moi, je les tue. Et elle fait un chantage a la partie tunisienne: si tu ne me soutiens plus, je les livre a la frontiere.

Que pensez vous de ce scenario?

Nahor
| 05-10-2016 02:32
Avant tout, je dois convenir avec d'autres commentaires que les deux cas d'enlèvement en question n'ont pas le même terreau criminel. La situation au Yémen n'est pas la même de celle de la Libye sous occupation wahhabite et frérot-islamiste (Tripoli et alentours, jusqu'à Sabratha au moins vers le Ouest).

Il y a des chef des milices armées commanditées des puissances du Golfe, comme Jadhran qui a tenté vainement une reprise de contrôle du croissant pétrolier de Brega à Ras Lanuf, sous instigation du Qatar et médiatisation de l'OTAN, contre l'incontournable Marechal Haftar, désormais maître de la situation dans l'Est.

Au Yémen les enlèvements sont souvent l'affaire crapuleuse de tribus armées qui veulent s'enrichir rapidement. Mais cette marchandisation criminelle s'habille souvent du manteau du jihad islamique...

Dans l'affaire libyenne, comme j'ai dit depuis très long temps, il s'agit d'une action visant à mettre à taire définitivement deux opérateurs médiatiques talentueux qui étaient réussi à obtenir des secrets politiques sur le trafique des armes et des terroristes par des médiateurs criminels sans scrupules, en l'occurrence des "hommes d'affaires" aux allures mafieuses, qui sont particulièrement appréciées par les islamistes de la Confrérie tunisienne...

C'est pour cette raison que les représentants de l'Etat se sentent forcés à mentir à propos de leur sort, je veux dire hélas sur leur assassinat, car ils sont sous le chantage permanent de la Confrérie mafieuse qui appauvrit et détruit de plus en plus la Tunisie des Droits dans le but d'installer un régime islamiste sur le modèle de la République iranienne, mais sous le camouflet du "califat", comme plait à la Confrérie dans son double jeu sunno-chiite.

Cela revient à la stratégie sournoise de Rached Kheridji, qui se changea en Ghannouchi pour suivre Khomeiny, et qui a construit sa démagogie sur la recomposition de l'unité islamique, laquelle en réalité rend des services aux agences de renseignements, particulièrement anglo-américaines, celles mêmes qui l'ont protégé et continuent de lui donner du crédit.

Il faudra que les Tunisiens se rendent à l'évidence : nous sommes devant à un mensonge d'Etat, ou pour être plus diplomatiques, à un DÉNI DE VÉRITÉ qui n'a aucune compassion des familles des deux victimes, lesquelles ne peuvent qu'être endeuillées et révoltées, comme nous, de ce qui se passe pour couvrir les MÉFAITS et les CRIMES de cette ISLAMISATION PAR l'INTÉRIEUR des STRUCTURES ÉTATIQUES par une MAFIA qu'il faut absolument abattre avec un ÉLAN POPULAIRE contre les islamistes!

N.G.M. - activiste des Droits Humains

N.Burma
| 04-10-2016 21:14
« Nourane Houas a été enfin libérée. Sa nationalité française a-t-elle été d'un quelconque secours dans cet heureux dénouement? Oui sans doute. Mais sans vouloir tomber dans les raccourcis faciles à faire, l'absence et le silence qui étouffent l'affaire Ketari-Chourabi n'auraient jamais été possibles, ou du moins n'auraient pas duré aussi longtemps, si les deux journalistes avaient, eux-aussi, la nationalité française... »

Votre hypothèse que les deux journalistes enlevés, s'ils disposaient ou bénéficiaient de la nationalité française, ils seraient peut-être, libres aussi libre que l'est Nourane Houas ne résiste pas à l'analyse, car l'ambassadeur des Etats-Unis en Libye avait été assassiné en Libye alors qu'il représente l'Etat fédéral le plus puissant du monde. Pour en revenir aux kidnappés français, beaucoup n'ont jamais regagné leur patrie au motif qu'ils furent assassinés au cours des négociations pour leur éventuelle libération. D'autres encore furent égorgés en Algérie sans que les autorités algériennes ou françaises aient pu tenter le tout pour le tout, afin d'éviter le pire.
Là où votre hypothèse tient la route si je puis dire, c'est dans les rapports de force qui existent entre la Libye et la Tunisie, sur ce point et pour l'instant, la Libye dite révolutionnaire, tient la dragée haute à la Tunisie auréolée de son printemps arabe. Ce sont les Libyens qui pensent dicter ce qu'il faut dicter à la Tunisie et non le contraire. C'est cette lecture qui me paraît plausible et non la simplification à la nationalité tunisienne ou française.
Si vous me posiez la question de savoir s'il est possible aujourd'hui de changer le cours des rapports de force et d'inverser la situation en faveur de la Tunisie, je vous répondrais bien sûr que oui.
Le hic dans cette affaire, c'est que les hautes autorités tunisiennes sont si frileuses à l'idée d'indisposer leurs voisins qu'elles sont prêtes à d'innombrables sacrifices pour éviter le pire, or le pire est déjà sous nos yeux pour peu qu'on ne soit pas frappé de cécité.