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Chroniques
Les perspectives de réforme de la subvention à l’épreuve de la conjoncture
Par Houcine Ben Achour
25/02/2022 | 09:19
3 min
Les perspectives de réforme de la subvention à l’épreuve de la conjoncture

Décidément, le mauvais sort ne cesse de s’acharner sur ce petit pays. Tente-t-il de se relever avec peine de l’impact de la pandémie du Covid-19, le brusque conflit armé en Ukraine risque d’anéantir tout effort du gouvernement pour stabiliser les finances publiques et budgétaires. En tout cas, son objectif de maitrise des dépenses de subvention risque fort de ne pas être atteint. Et cela ne renvoie nullement à son erreur d’estimation concernant le cours du baril de pétrole en 2022, si tant est que cela soit une erreur dans la mesure où l’estimation du gouvernement reposait sur les prévisions de plusieurs sources. Une enquête effectuée par l’agence Reuters en décembre 2021 auprès de 35 économistes et financiers spécialisés faisait ressortir une prévision de prix moyenne de 73,57 dollars le baril de pétrole pour l’année 2022. 

 

A peu près au même moment, l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) prévoyait pour 2022 un prix moyen du brut se situant à 74,95 dollars. Le reproche fait aujourd’hui au gouvernement d’avoir adopté l’hypothèse d’un baril de pétrole à 75 dollars lors de l’élaboration du budget 2022 semble inapproprié, fleurant la mauvaise foi ou, à défaut, instillant un insidieux alarmisme. Car, pas plus loin que la première quinzaine de ce mois de février 2022, des économistes interrogés par l’agence d’information Bloomberg dégageaient un consensus d’un prix moyen du baril de 77,40 dollars le baril de pétrole en 2022, rapporte l’IFP Énergies nouvelles, une structure semi-publique française dédiée notamment au développement des « hydrocarbures responsables ».

 

Quoiqu’il en soit, pour l’heure, le gouvernement n’a pas d’autres choix pour maintenir ses objectifs budgétaires de subvention à l’énergie que de répercuter les hausses sur le prix final. C’est d’ailleurs ce qu’a annoncé ce mercredi 23 février 2022 au micro de Jawhara Fm, Neïla Ghonji, ministre de l’Industrie, de l’Energie et des Mines. Un choix qui est inévitable dans un contexte délicat de négociations avec le FMI pour l’obtention d’un appui financier. Il faudra probablement s’attendre à des hausses successives des prix à la pompe, mais aussi de la facture d’électricité et du gaz.

 

La guerre en Ukraine va avoir elle aussi des conséquences. La flambée des cours des céréales et particulièrement des prix du blé est fort probable. Elle s’est déjà reflétée sur les cours de ce jeudi 24 février 2022, premier jour du conflit armé entre la Russie et l’Ukraine qui se trouvent être parmi les principaux fournisseurs de blé de la Tunisie. Pourtant, rien ne prédisposait à une telle évolution. Selon l’USDA, depuis novembre 2021, les prix des principaux exportateurs mondiaux de blé amorçaient une baisse après de successives hausses constatées depuis août 2021. Le tarif à l’export du blé russe atteignaient les 330 dollars la tonne en décembre 2021. Celui de l’Ukraine, 350 dollars. En février, la Russie propose la tonne de blé à 318 dollars. Tandis que l’Ukraine, ses prévisions tablent sur une production 2022 historique et donc une possible détente prévisible de ses prix des céréales à l’export. Malheureusement, la guerre en Ukraine va balayer cette espérance. L’incidence d’une hausse généralisée des cours mondiaux des céréales sur le budget de subvention des produits alimentaires de première nécessité est inévitable et répercuter ces hausses sur les prix à la consommation n’est certainement pas sans risques sociaux. En tout cas, cette situation va influer sur les négociations entre le pays et le FMI au sujet de la réforme de la subvention et des transferts sociaux exigée par l’institution financière multilatérale en contrepartie de tout soutien financier.

Les discussions entre la Tunisie et le FMI qualifiées de « constructives » par le Fonds achopperont-elles sur le dossier des trasnferts sociaux tout comme elles sont difficiles d’être menées au sujet de la masse salariale du budget de l’Etat ? Le pays n’est pas sorti de sitôt de l’auberge.

Par Houcine Ben Achour
25/02/2022 | 09:19
3 min
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Commentaires
DHEJ
Le blé un grand dilemme de la Tunisie
a posté le 25-02-2022 à 16:43
Mais qui veut que la Tunisie importe du blé de l'étranger au lieu d'investir davantage pour retrouver "MATMOURET ROUMA"?

Ben entre la stupidité des science-économistes et l'intelligence des Ingénierie-économistes, il y a tout un monde.

Mais voilà que le FMI avec ses responsables partagent la même stupidité que les science-économistes tunisiens.