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Chroniques
La liberté ou l'ordre : que choisir ?
Par Faten Kallel
18/05/2023 | 16:59
4 min
La liberté ou l'ordre : que choisir ?

 

La "Révolution du Jasmin" à déclenché un processus de transformation qui a chamboulé les repères et l'ordre des valeurs dans la société tunisienne. Un changement ayant profondément déstabilisé une grande partie de la population, qui s'est retrouvée en décalage par rapport au nouveau mode de fonctionnement du pays. Si certains, en refusant le changement, avaient des intérêts et du pouvoir à perdre, ils ne représentaient qu'une minorité. La grande partie des tunisiens qui ont appuyé la résistance au changement, n'y ont rien gagné, bien au contraire. Mais ne comprenant ni les nouveaux codes de conduite à adopter, ni les dynamiques qui s'en sont suivies, et en l'absence d'une élite fédératrice pour les guider, ils se sont inscrits dans une sorte de marche contre l'histoire et contre leurs propres intérêts.

L'appui du coup d'État du 25 juillet 2021 en a été une manifestation importante. Il est venu exprimer leur malaise par rapport à cette transformation, dans laquelle ils ne se sont pas trouvés et qui n'a répondu à aucune de leurs attentes. Ils considèrent, à juste titre ou pas, qu'elle les a conduits à une situation chaotique, dont il fallait se défaire coûte que coûte.

Dans l'expression de ce malaise, on remarque aisément que la "Liberté" représente la valeur qui a le plus déstabilisé les Tunisiens pendant ces douze dernières années. Bien que le slogan de la révolution fût : "Travail, Liberté, Dignité", il est clair que le sens derrière ces mots n'était pas partagé par tous. D'ailleurs, leur traduction dans la réalité en a été largement pervertie au profit d'autres valeurs héritées d'un autre temps, comme "L'ordre" par exemple, si cher aux dictatures.

 

Pendant douze ans, seules les revendications d'ordre économique ont été mises en avant, en réduisant le travail au seul besoin d'être recruté dans la fonction publique, bafouant au passage la liberté d'entreprendre, la mobilité et l'accès équitable au financement, qui donneraient tout son sens à cette valeur. Quant à la dignité, on a pris soin de la résumer au seul besoin d'accès à un revenu décent, oubliant le respect que doit la société à chaque être humain libre d'être, abstraction faite de sa condition biologique, sociale, économique ou politique. Quant à la liberté dans l'absolu, elle a été malmenée par tous, gouvernants, médias, citoyens, qui ont vu en elle une menace à l'ordre auquel ils étaient habitués. On a essayé de la restreindre à la liberté de "parler" et non de s'exprimer, et de voter de temps en temps dans le cadre d'un mouvement de foule où il est difficile de distinguer le bon grain de l'ivraie. Penser, être, agir selon ses convictions, ont été tellement restreints, que la Liberté en est devenue abstraite, vide et sans intérêt.

Néanmoins en vidant la liberté de son sens, on a vidé la transition démocratique de son sens. Et c'est là non seulement une résultante d'un manque de perspicacité de la classe politique actuelle, mais également de cinquante ans de propagande, qui ont eu raison du sens des priorités des Tunisiens et de leur jugement quant à ce qui leur conviendrait. Les Tunisiens qui aujourd'hui ont cette certitude, que c'est à cause de la liberté excessive que la stabilité à été perdue, ont fait de la rhétorique : "Ta liberté s'arrête lorsqu'elle porte atteinte à la liberté des autres", la réplique parfaite pour justifier toute dérive autoritaire.

Bien-sûr, cette réflexion n'est pas tout à fait juste. En réalité, lorsque deux libertés se croisent, la liberté de l'un ou de l'autre ne doit pas s'arrêter, mais s'ajuster en fonction d'autres valeurs, tel que la justice, la dignité, la solidarité, le respect. Et surement pas l'ordre, cet argument lourd qu'on nous remet sur la table à chaque fois que la liberté donne du fil à retordre à ceux dont le pouvoir ou les intérêts sont menacés.

En vrai, ce n'est pas l'ordre qui est important, mais la stabilité, et bien que l'ordre donne l'impression que la stabilité règne, cela n'est possible que grâce à la répression. Dans ce cas, les citoyens acceptent leur condition non par conviction, aisance ou générosité, mais tout simplement par peur des représailles. Alors est-ce ce genre de stabilité que nous voulons ? Certains diraient oui, mais sans doute en perdant de vue l'essentiel des répercussions.

 

De manière générale, les constructions sociales se font sur la base de repères, d'idées fédératrices et de comportements types, compris et assimilés par la majorité, qui permettent aux individus à la fois de se reconnaitre entre eux et de se démarquer individuellement dans l'échelle sociale. Concrètement, toute communauté se construit sur la base d'un ensemble de valeurs qu'elle valorise et promeut. Si ces valeurs sont universelles, c'est le sens qu'on leur donne et l'ordre de leur priorisation qui diffère entre les sociétés et qui impacte largement leurs dynamiques et le potentiel de leur développement. Et là réside toute la différence entre pays développés et pays sous-développés, le sens des valeurs et le poids qu'on leur donne. Et il est évident que jusque là, nous avons quelque peu échoué dans la résolution de cette équation.

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Par Faten Kallel
18/05/2023 | 16:59
4 min
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Commentaires
Juan
de la liberté et du respect
a posté le 19-05-2023 à 16:58
l'ordre est aussi de respecter les participants sur ce forum.
je m'adresse à une poignée d'islamophobes et leurs discs rayés, payés par les franco sionistes zammourizés. sans parler de ces charognards informateurs, qui passent leur temps à deviner qui se cache derrière ce pseudo, qui utilise plusieurs pseudos ...
on rappelle qu'il faut discuter du post, pas de son auteur.
les insultes et intimidations sont interdites, mème si le mod laisse parfois passer.
il est possible de critiquer un parti politique, pas la religion si on veut éviter le blasphème.
en terre d'islam, il n'y a pas d'islamisme, islam politique , islam aux couleurs de la France du sionsite Sarkouzi et son boy Bayhachelle (bhl).
ces termes ont été inventés par les ennemis de islam pour éviter le blasphème.
ne tombez pas dans leurs pièges, en faisant caisse de résonance de leurs thèses islamophobes.
islam est une religion pas un parti politique.
"il faut respecter les croyances des autres, mème si on les partage pas", dixit sa sainteté le Pape plein de sagesse.

hope this may help.
Gg
Et on s'en fout....
a posté le à 19:34
Et on s'en fout de votre islam, en France.
En Tunisie, vous êtes chez vous, faites ce que vous voulez avec votre religion.
Mais ceux d'entre vous qui sont en France doivent comprendre que le blasphème n'existe pas en France.
Zarzoumia
Liberté
a posté le 19-05-2023 à 12:56
Victor Hugo disait " l'ordre est une tranquillité violente". C'est exactement ce qui se passe en Tunisie avec l'acharnement opéré sur les politiques, les journalistes, les syndicats et la société civile. L'appeil sécuritaire prend une dimension dominante. Malheureusement, il n'y a pas d'ordre sans justice comme disait Camus. On a l'impression que c'est l'ordre pour l'odre ou pour conserver le pouvoir, et là Antoine de st Exupéry disait que cela châtre l'homme de son pouvoir essentiel, qui est de transformer le monde et sa soi-même. La liberté est fondamentale dans le processus d'évolution. Nos forces conservatrices semblent ignorer cette dimension et veulent figer le pays dans leurs vision de la tradition, que ce soit politique économique ou sociale. Le résultat c'est l'immobilisme et la nostalgie. Cela ressemble au "parti de l'ordre", apparu en France en 1848, il était composé de conservateurs qui prônaient l'ordre, la sécurité et les bonnes m'?urs. Leur thème fédérateur était de clore l'ère des révolutions. Les tunisiens n'ont pas su décliner le thème de la liberté dans ses dimensions politiques économiques et sociales pour permettre la transition. La majorité a été bousculée par les questions sociétales et découragée par les échecs politiques et économiques. Cette majorité semble se résigner au méthodes de l'ancien régime en espérant retrouver la stabilité. Il n'y aura pas de salut pour la Tunisie sans la mise en '?uvre de cette liberté qui permettra la réussite et l'ordre.
Pour le moment, ce qu'on observe c'est 'Tout est dans l'ordre quand nos sacrificateurs ont bien dîné, quiconque trouble leur digestion est un perturbateur de l'ordre public.'?' de Baron d'Hobach.
CHB
L'ordre et la liberté ne sont pas antinomiques
a posté le 19-05-2023 à 07:06
Depuis 2011 on assiste, grâce à une 'liberté' fallacieuse et non méritée à une bordélisation généralisée du pays. Pour tous les peuples, les processus de développement de la liberté, de la démocratie, de l'égalité, (et du développement économique) etc passent obligatoirement par plusieurs étapes parmi lesquelles la discipline et l'ordre sont nécessaires. Sinon c'est la gabegie assurée. Nous avons sous les yeux l'expérience réussie de plusieurs pays qui ont atteint les sommets du développement économique, de la liberté et de la démocratie mais qui sont passés par des phases de discipline et d'ordre stricts (Corée du Sud, Taiwan, Japon, Singapour, etc.). Par contre je ne connais aucun pays sous développé qui soit sorti de son sous-développement en faisant l'économie des phases de discipline et d'ordre, qui ne l'oublions pas, sous-tendent, en général les valeurs essentielles de l'effort et du travail. L'ordre et la liberté ne sont pas antinomiques. Il est vrai aussi que la culture des peuples donne l'explication la plus pertinente du degré et de l'état des libertés et de respect de la discipline et de l'ordre dans un pays
Patriote
Réponse claire
a posté le 19-05-2023 à 06:20
L'ordre est l 'élément essentiel de tout ce qu'on fait dans la vie
De l'ordre dans le quotidien , le travail , l'école , le ménage , la gestion etc.....
De ce fait on voit que l'ordre prime pour être la première chose à exiger afin de réussir le reste des tâches
Enfin pourquoi toute l équipe BN continue de parler de Putch et de Coup d'état ?
Larousse indique bien qu'un putch est une action mené par DES MILITAIRES contre un régime en place
Alors arrêter

DHEJ
Est-ce que F.K comprend ce qu'elle écrit?
a posté le 18-05-2023 à 19:25
Elle peut continuer à divaguer oubliant le premier article du code de procédure pénale...


Feu Bourguiba était très intelligent en écrivant de la constitution de 59... Une constitution pour assurer la continuité de l'Etat...
Tunisino
Très belle question!
a posté le 18-05-2023 à 17:56
La liberté ou l'ordre, que choisir? Une ancienne et nouvelle question à la fois, qui a même conduit à un changement aux armories de la Tunisie durant Bourguiba. Réponse: Le progrès, qui est ignoré par la république des traitres et des bêtes! Le progrès est la première priorité pour les citoyens, mais le progrès durable n'est possible qu'avec l'ordre et la liberté, dans le cadre d'un projet national stratégique du pays. Pour que la Tunisie devienne un pays avancé, a-t-on besoin de mettre un journaliste en prison pour causer des dégâts difficiles à justifier, à tout le monde, y compris la caisse de l'Etat? A-t-on aussi besoin de ne rien faire face aux infractions journalistiques? La solution est simple, mesurer la gravité de l'infraction et imposer une amende pour renflouer la caisse de l'Etat, comme le fait la Haica.