Contrairement à beaucoup, j'ai été plus choqué par les réactions malsaines, vulgaires et irrespectueuses des commentateurs que par le style de la missive en question. Le président Kaïs Saïed est un homme formé à la bonne école et aux bonnes manières, méconnues par un grand nombre d'observateurs qui, pour cela, s'étonnent et à la limite se posent des questions insolites sur la personnalité du président! Il est évident que les personnes de son étoffe, distinguées, très cultivées et ayant une haute idée d'elles-mêmes et de l'Etat qu'elles s'attachent à servir de la meilleure manière, ne peuvent que susciter l'étonnement et, à la limite, le rejet bruyant et vulgaire. Ayant le culte de la noblesse du geste-cela se voit dans sa manière de marcher- il anoblit la fonction de président de la République en la parant des gestes protocolaires susceptibles de l'auréoler. De plus, l'usage qui se perd hélas de la lettre calligraphiée est une preuve que l'auteur s'attache à en faire un document historique remarquable, appelé à devenir plus tard un document d'archives présidentielles à même d' attirer l'attention des politiciens, historiens et archivistes sur les traditions administratives de la Tunisie du premier quart du siècle. D'une belle écriture d'inspiration coufique, elle pourrait faire l'objet d'une étude graphologique significative pour ceux qui voudraient s'y intéresser. De même, l'usage de la datation traditionnelle et des formules de souhaits et salutations musulmanes s'inscrit dans la pure tradition épistolaire des cours arabes, ottomanes et persanes, à laquelle nous ne sommes plus habitués depuis que nous lui avons substitué des habitudes occidentales véhiculées par l'impérialisme envahissant. Qu'importe dans tout cela le temps passé à mettre la lettre au propre.