
Emblème d’un islam fondamentaliste, le niqab ou sa variante la burqa, est un voile intégral qui permet aux femmes de se couvrir entièrement. Si le niqab couvre le visage à l’exception des yeux, la burqa afghane, elle, imposée par les talibans, couvre aussi les yeux avec une grille de tissu qui permet aux femmes de voir devant elles. Jusque-là observé surtout dans des pays islamistes, le hijab, voile basique, s’est propagé avec l’émergence des chaines de télévision arabes diffusées par satellite. Avec l’avènement du printemps arabe et la chute des dictatures laïques, c’est le voile intégral qui a fait son apparition dans certains pays, dont la Tunisie…
Le voile intégral est un « uniforme » qui suscite bien des polémiques. Outre le fait qu’il est intimement associé à l’Islam extrémiste et donc violent, il soulève aussi de nombreux débats sur la sécurité et les droits des femmes. Très longtemps débattue, car opposant une cause idéologique pure à une laïcité instaurée par de nombreux pays et vers laquelle tendent également des pays dont la religion majoritaire est l’islam, à l’instar de la Tunisie, la question continue de diviser.
C’est donc un débat plus orienté vers le volet sécuritaire, en ces temps où le terrorisme est une menace quotidienne, qui est actuellement mené. S’il y a une chose qui met tout le monde, ou presque, d’accord c’est que laisser flâner des fantômes inidentifiables dans les rues n’est pas une bonne idée quand on sait que des mal-intentionnés se promènent en portant des bombes.
En Tunisie, rabibochage avec les islamistes oblige, le débat est timide et les décisions se font attendre. Ce n’est que ce 5 juillet que le chef du gouvernement Youssef Chahed a signé un arrêté gouvernemental dans lequel il interdit à toute personne ayant un visage couvert d’accéder aux bâtiments publics.
Comme l’Algérie, la Tunisie interdit donc par cette circulaire aux femmes portant le voile intégral d’accéder aux bâtiments officiels de l’Etat mais non aux espaces publics. Saluée par certains, qui estiment qu’il s’agit d’un premier pas vers une légifération plus rigoureuse et plus large, cette décision a été jugée trop frileuse et insuffisante par d’autres qui estiment que cet habit venu d’un autre temps, n’a pas sa place en Tunisie.
Ceux qui sont restés sceptiques invoquent notamment le projet de loi portant sur l’interdiction du niqab déposé depuis 2016 à l’ARP et dormant depuis dans ses tiroirs. C’est le cas notamment de la députée de la Coalition nationale, Leila Chettaoui qui a appelé la commission de la législation à l'ARP à se pencher sur le projet de loi en question estimant qu’il s’agit d’une « question de sécurité nationale ».
Beaucoup d’autres personnalités politiques ainsi que des activistes et experts ont exprimé leur avis sur la question. Beaucoup ont jugé qu’il est désormais nécessaire de bannir un tel « accoutrement sectaire de tous les espaces et de toute la Tunisie » ajoutant que si une loi sur l’interdiction du niqab dans les espaces publics ne serait promulguée, cela voudrait signifier que la Tunisie est un Etat islamiste et théocratique. On a aussi qualifié la décision du chef du gouvernement de « courageuse », précisant que certaines parties estiment que l’interdiction du port du niqab touche les droits et les libertés et que c’est cet argument qui a freiné toute prise de décision allant dans ce sens.
L’argument a évidemment été remis sur le tapis par les détracteurs de la décision du chef du gouvernement qui très vite ont crié au bafouage des libertés de conscience et des libertés individuelles, condamnant une telle mesure « répressive », « prise à l’encontre des musulmans dans un pays musulman ».
Cet argument est toutefois très contesté au sein de la communauté musulmane elle-même et cela dure depuis des années. En 2009, le cheikh de la prestigieuse mosquée d’Al-Azhar, Mohammed Sayyed Tantaoui avait interdit le port du niqab au sein de l’université cairote affirmant que le niqab n’est qu’une tradition et qu’il n’a pas de lien avec la religion « ni de près ni de loin ».
Nombreux pays ont interdit le port du niqab dans les lieux publics. Au Maroc en 2017, la fabrication et la vente du niqab ont été interdites. En 2010, l'Assemblée nationale française a voté l'interdiction du port du voile intégral et interdit donc la « dissimulation du visage » dans les espaces publics. C’est aussi le cas en Belgique qui en 2011 a adopté la loi « interdisant le port de tout vêtement qui cache totalement le visage ». Plus récemment, en 2018, le Danemark a interdit le voile intégral dans l'espace public. D’autres, en revanche, comme la Tunisie, ont opté pour des interdictions « partielles ». Il s’agit notamment de l’Allemagne, où l’interdiction est limitée aux fonctionnaires et de la Syrie qui a interdit depuis 2010 le port du niqab dans les universités.
L’interdiction du niqab dans les institutions publiques suscite bien des questionnements. Si la raison première est de garantir la sécurité nationale et celle des citoyens, cette décision peut en effet sembler bien insuffisante car les citoyens sont surtout visés dans les endroits publics, en prenant les transports en commun, ou en buvant un café sur une terrasse et pas particulièrement dans les administrations. C’est donc forcément par le vote du projet de loi interdisant le niqab dans les espaces publics que cette décision devra être complétée, autrement elle n’aurait pas grand sens…
Myriam Ben Zineb

Commentaires (12)
Commenter@ Fière de mon sittar
@Fière de mon sittar | 11-07-2019 21:51
Donc, pas de visage caché, stp - et n'aies crainte : personne n'attentera à ta personne, le risque est bien moindre que celui que tu présentes pour la sécurité de tous!
Je porte le voile intégrale et je suis fière!
Je dirai même plus
Ceux qui sont contre doivent être jugés pour terrorisme
Libertés individuelles ?!!!
Nous vivons une phase transitoire à laquelle les élections mettront bientôt fin !
EN FRANCE PAYS DE DROIT DE L'HOMME
Chez nous, ils se prétendent défendre le droit de la liberté individuelle rien que faire pour le buzz et occuper les esprits, pour foutre le gabegie dans les cervelles déjà pourries par des futilités. Et on ne respecte pas une décision prise par le gouvernement pour les protéger. Et le jour où il y aurait une catastrophe, on hésite même pas de descendre le gouvernement et ils ne se mettent jamais en question eux mêmes.
décision vitale!
DE TOUTE FA'?ON
Ils ne représentent pas le peuple je crois mais une minorité de hors la loi a l'instar de cette Chataoui

