
Le sujet de la chronique de cette semaine n’est pas des plus joyeux. Le contexte ne s’y prête pas. Aujourd’hui, chers lecteurs, nous parlerons de haine.
D’un point de vue philosophique, on dit que « la haine est dans l’air du temps ». D’un point de vue journalistique, on dit que la haine est alimentée par le contexte actuel.
Partout où vous allez, la haine que les citoyens ressentent et expriment, les uns envers les autres, se fait plus palpable, plus oppressante. Elle est là dans ce vendeur qui vous parle avec mépris, alors que vous entrez chez lui pour dépenser votre argent. Elle est là dans cet automobiliste qui vous bloque la voie, mais se permet tout de même de klaxonner et de vous insulter lorsque vous protestez. Dans cet internaute qui vous traite de tous les noms alors que vous avez juste exprimé une opinion contraire. Dans ces nombreux concitoyens qui vous supportent à peine, chaque jour, car vous représentez tout ce qu’ils exècrent, tout ce dont ils ont peur.
Ils haïssent ceux qui s’en sortent mieux qu’eux, alors qu’ils ont à peine de quoi joindre les deux bouts. Ils haïssent ceux qui sont différents d’eux, alors qu’ils estiment être " خير أمة أخرجت للناس ". Ils haïssent ceux qu’ils pensent être responsables de leur situation actuelle, de plus en plus difficile chaque jour. Ils haïssent tous ceux qui, selon eux, œuvrent à modifier l’équilibre précaire auquel ils sont encore attachés…
Ne continuez pas à lire si vous ressentez un élan mélancolique vous envahir. La suite ne va pas vous plaire.
Cette haine ordinaire qui s’installe, envenimée par un contexte économique de plus en plus précaire, se matérialise dans bien des manières. Rejet des médias, haine de la classe politique, de l’élite, de l’autre « caste », de l’autre sexe, des femmes, des homosexuels, des Subsahariens, des comploteurs mais aussi de ceux qui ne croient pas à la théorie du complot.
Les récents évènements ont fait éclater au grand jour certaines des plus grandes dissensions qui divisent la société tunisienne. Cette haine ne date évidemment pas d’hier. Les signes avant-coureurs se sont multipliés au fil des années. Ceci avait commencé peu après l’élan euphorique du 14 janvier 2011. Vous vous rappelez de ces jours où on était tellement soudés qu’on échangeait des sourires béats dans la rue et en faisant nos courses, qu’on se cédait la priorité au rond-point et qu’on organisait des comités de quartier, veillant à la sécurité et au confort du voisin. Cette euphorie passée, la haine a pris, peu à peu, la place. Elle avait montré le bout de son nez avec le discours clivant du premier président post-révolution, Moncef Marzouki. Elle avait été alimentée, année après année, par le règne hypocrite des islamistes, ceux qui voulaient s’accaparer la voie de la morale en utilisant l’argument indiscutable pour les masses : celui de la religion. Nourrie pendant des années, elle a éclaté au grand jour ces derniers temps et a montré à la face du monde ses manifestations les plus sordides.
« La haine est à la fois une cause et un effet. Elle est autant un mobile qui pousse à agir que la forme de l’action elle-même. C’est par haine qu’on agit, avec haine. Il y a à la fois des raisons d’être haineux et une manière d’être haineux », disait Géraldine Mosna-Savoye dans l’émission Carnets de Philo de France Culture (juin, 2019).
Sur la toile, terrain de prédilection des haineux attisés par la protection qu’offre un écran, la haine est le maitre-mot. Les éléments de langage sont : exécutions sur la place publique, lynchage, éradication... Des internautes appellent à chasser les migrants « par tous les moyens ». Ils appellent à rendre justice contre ces personnes arrêtées en « les exécutant sur la place publique ». Ils affirment haut et fort que ces personnes doivent payer et rendre des comptes…pour tous les autres.
Selon le philosophe allemand Georg Simmel, dans son ouvrage l'Étranger, sur la psychologie sociale de l’hostilité : « un groupe se réunit contre un ennemi qu’il hait, mais il est lui-même fissuré en son sein par la haine ». Les Tunisiens, divisés et en mal de repères, avaient besoin de se réunir contre un ennemi commun. Ceci pouvait être des migrants irréguliers face auxquels le racisme ordinaire était accepté par la société. Des opposants politiques qui pouvaient, à eux seuls, assumer les travers d’années de corruption et d'oppression. Ou des supposés corrompus et comploteurs qui se présentent comme des cibles parfaites pour servir de boucs-émissaires.
Comment réagirait un peuple à qui on a promis des tribunaux populaires, à qui on a parlé de complot contre l’État, d’épuration, et de mal qui ronge le pays et qui doit être soigné. À qui on a certifié qu’il était tout à fait acceptable d’être « condamné par le peuple, avant d’être condamné par un tribunal »…



Ce climat de haine est le rejeton de la colère généralisée contre ce que vous décrivez si bien en peu de mots: "Cette haine ne date évidemment pas d'hier. Les signes avant-coureurs se sont multipliés au fil des années. Ceci avait commencé peu après l'élan euphorique du 14 janvier 2011. Vous vous rappelez de ces jours où on était tellement soudés qu'on échangeait des sourires béats dans la rue et en faisant nos courses, qu'on se cédait la priorité au rond-point et qu'on organisait des comités de quartier, veillant à la sécurité et au confort du voisin. Cette euphorie passée, la haine a pris, peu à peu, la place. Elle avait montré le bout de son nez avec le discours clivant du premier président post-révolution, Moncef Marzouki. Elle avait été alimentée, année après année, par le règne hypocrite des islamistes, ceux qui voulaient s'accaparer la voie de la morale en utilisant l'argument indiscutable pour les masses : celui de la religion. Nourrie pendant des années, elle a éclaté au grand jour ces derniers temps et a montré à la face du monde ses manifestations les plus sordides."
A suivi l'échec, économique et moral, et la haine de l'échec et de l'impuissance contre l'échec. Puis vient la haine des autres, car on ne supporte pas notre part de responsabilité.
Et enfin vient la haine version paranoïa, les responsables sont les autres, forcément les autres.
Les noirs, les "mécréants", les occidentaux...
Puissiez vous sortir de cette spirale délétère.
Le pays a besoin d'un discours d'unité de fraternité de solidarité et de travail pour faire face aux défis qui l'attendent.
Malheureusement, les offres politiques qui vont dans ce sens sont peu nombreuses ou inaudibles.
Ils étaient sociables pacifistes paisible aimant la vie simple
Et les envahisseurs les ont changé pr les campagnes de dénigrement et d'incitation à la haine par les campagnes des takfiristes et des milices de defense de à revolution
Comment oublier les mot du fameux député de la nakba safok chourou qui a demandé d'appliquer à chariaa et de couper les mains et les pieds des kouffar et des taghoutes
On espère amelioration de la situation suite à l'ablation de la gangrène cancéreuse des kouanjias qui ont tout detruit
Vous connaissez beaucoup de démocraties où les députés appellent a démembrer les manifestants où qui jettent du fric sur une élue pour la traiter de pute où de la tabasser? Et les policiers qui tabassent les jeunes quotidiennement, les plateaux TV pleins hystériques, les médias où les "analystes" qui insultent les lecteur/auditeurs....
La haine engendre la haine.
Aucun retour en arrière, la Mafia a perdu et KS a gagné : les chiens aboient la caravane passe.