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Tribunes
Le scénario algérien est-il possible en Tunisie ?
16/05/2013 | 1
min
Le scénario algérien est-il possible en Tunisie ?
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Par Mehdi Rebai *

Aujourd’hui en Tunisie, personne ne peut nier que les possibilités d’actes terroristes dans les grandes agglomérations sont réelles. Après les meurtres et la violence politique, cela ne serait pas surprenant qu’un attentat terroriste ait lieu dans notre pays, une bombe explosant dans une salle de fête ou lors d’un meeting populaire d’un parti de gauche ou encore contre un poste de police. Est-ce pour autant que le scénario algérien est envisageable dans notre pays ?
Si nous prenons la définition stricte de guerre civile c’est-à-dire « une lutte armée qui oppose les forces armées régulières à des groupes armés identifiables », nous pouvons considérer que c’est déjà le cas (vu ce qui se passe au Jbel Châambi). Sachant en plus que des camps d’entrainements existent dans plusieurs régions du pays (selon des représentants de l’armée lors de discours officiels et points de presse) mais qu’également des tunisiens se battraient en Syrie (2000 tunisiens selon les jihadistes eux-même), on peut dire aujourd’hui que la branche d’Alqaida en Tunisie appelée Ansar al Chariâa dirigé par Abou Iyadh est prête à la guerre civile.

Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Et jusqu’où peuvent-ils aller ?

La plupart des leaders de ce mouvement étaient en prison durant le règne de Ben Ali car celui-ci appliquait la loi de la prévention (le simple fait de parler du jihad suffisait pour vous emmener en prison) ainsi que la loi du rapatriement à chaque fois qu’un supposé terroriste était accusé dans le globe (la Tunisie demandait son extradition en créant un faux dossier si cela était nécessaire). Cela s’appliquait aux leaders, mais pour les simples militants (j’ai eu le temps de les rencontrer et mieux les comprendre durant mes visites sur terrain), la majorité sont des oubliés de la société ou des anciens prisonniers qu’ils ont eu le temps de formater en prison ou alors des personnes vivant au ban de la société sans travail, sans éducation et surtout sans espoir.
L’application de LEUR loi islamique est leur volonté, ils considèrent que cela résoudra tous les problèmes que connait l’humanité et étant donné qu’ils croient qu’ils transmettent le message de Dieu rien ne peut les arrêter. La plupart d’entre eux ont déjà pratiqué le terrorisme dans différentes contrées du monde et sont prêts à s’y consacrer tout de suite du moment que l’on proclame la Tunisie terre de jihad.

Sur la scène politique les partis existants sont presque tous d’accord sur le constat même si Ennahdha a mis plus de temps que les autres, un peu trop de temps à mon goût ce qui peut bien sûr amener à se poser des questions sur leur véritable volonté.

Cela n’empêche, nous ne sommes pas d’accord sur les solutions aux problèmes.
Les raisons pour lesquelles nous n’avons pas les même approches importent peu réellement car la réalité est bien là et si nous n’agissons pas tout de suite de manière claire et nette avec les méthodes de lutte anti-terrorisme connues, si le gouvernement tergiverse sur la manière d’opérer à cause entre autre de son passé et de sa proximité avec le courant salafiste, la Tunisie connaitra automatiquement des actes terroristes de plus en plus importants.
Quels sont ces méthodes ?
Aujourd’hui en Tunisie si on vous attrape avec 50 KG de TNT, un détonateur ainsi que des documents du genre « construisez votre bombe pour éradiquer les mécréants », on ne peut pas vous mettre en prison car, pour le moment, vous n’avez rien fait de contraire à la loi. Donc première chose à faire changer les lois contre le terrorisme, mettre une dose de préventif (une dose acceptable uniquement le tout n’étant pas de faire du tout dans le répressif), deuxième chose à faire remettre en place les renseignements généraux au sein du ministère de l’intérieur (actuellement dépendant du ministère de la défense), le ministère de l’intérieur étant mieux équipé et mieux formé pour faire face à ce fléau, une campagne d’infiltration doit être entreprise tant que ses groupuscules ne sont pas encore bien structurés. Et troisième et dernière chose à faire le plus tôt possible, établir une structure officielle entre les différents pays de la région pour partager les informations ainsi que coordonner les futures actions contre le terrorisme.

La Tunisie est encore loin du scénario algérien, mais il ne faut pas négliger la possibilité que cela se produise, des actions rapides doivent être entreprises par le gouvernement, celui-ci tergiverse pour des raisons électorales ainsi que pour des raisons de connivence historique, pendant ce temps ces groupuscules se structurent et se développent. Cela n’augure rien de bon, ce week-end va nous donner une idée plus claire sur l’action du gouvernement avec le meeting d’Ansar el Chariaa. Aucune erreur ne doit être commise, ce meeting n’a pas lieu d’être et il devrait être annulé. Espérons que le gouvernement tienne ses responsabilités…

* Mehdi Rebai est membre du bureau politique du parti Joumhouri
16/05/2013 | 1
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