On peut être curieux du résultat!

En huit ans, 12 ministres de la Santé se sont succédés et les problèmes auxquels font face quotidiennement les Tunisiens ainsi que le staff médical n’ont toujours pas été résolus. L’affaire du décès des nouveau-nés au centre de maternité de Tunis, les 622 cas de rougeole à Kasserine et le départ massif de plusieurs médecins vers d’autres cieux ont suscité beaucoup dindignation.
Le récent sondage réalisé, la semaine dernière, par le bureau d’études Sigma conseil consacré à « L’image actuelle des hôpitaux et des centres de santé publique » a révélé que 74,9% des Tunisiens ont une mauvaise opinion des établissements sanitaires, contre seulement 24,6% ayant une image positive.
Cette étude a également indiqué que 81% des Tunisiens estiment que le système de santé dans le pays s’est dégradé après la révolution de janvier 2011 et que ce secteur fait face à trois grands problèmes, à savoir la saleté, la pénurie des médicaments et la dégradation.
De jeunes médecins avaient, rappelons-le, lancé, il y a quelques jours, sur les réseaux sociaux le hashtag #BalanceTonHopital pour pointer du doigt la situation catastrophique des hôpitaux et les difficultés auxquelles ils font face quotidiennement.
Autre fait à mettre en lumière, les Tunisiens ne font aujourd’hui plus confiance aux professionnels de la santé publique principalement en raison des incessantes grèves générales observées par les cadres de la santé durant ces dernières années en plus du manque de matériel et de médicaments.
Certains citoyens s’en sont même pris au personnel médical et paramédical des établissements publics en les agressant physiquement et en saccageant des locaux. Ce phénomène est d’ailleurs devenu assez répandu dans plusieurs établissements sanitaires en Tunisie.
Et pour dénoncer cette situation désastreuse et ces cas d’agressions physiques, les syndicats de la santé ont, ces dernières années, entamé des grèves générales, crié au scandale et appelé le ministère de la Santé à réagir au plus vite. En vain, car la situation n’a pas changé d’un pouce.
D’ailleurs, il est nécessaire de rappeler que le Syndicat national des médecins, des pharmaciens et des médecins dentistes de la santé publique relevant de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a annoncé, dans un communiqué publié samedi 23 mars 2019, qu’une grève générale est prévue pour le jeudi 4 avril dans tout le pays. Toutefois, les médecins et infirmiers travaillant dans les services d’urgence et vitaux ne pourront pas participer à cette journée de colère.
Ces professionnels de la santé appellent le département de la Santé à appliquer les revendications relatives aux promotions exceptionnelles des cadres administratifs, paramédicaux et des agents.
Le droit à la santé, à une couverture sociale et à la gratuité des soins sont des droits acquis par tous les Tunisiens comme le stipule l’article 38 de la constitution de 2014 : «Tout être humain a droit à la santé. L’État garantit la prévention et les soins de santé à tout citoyen et assure les moyens nécessaires à la sécurité et à la qualité des services de santé. L’État garantit la gratuité des soins pour les personnes sans soutien ou ne disposant pas de ressources suffisantes. Il garantit le droit à une couverture sociale conformément à ce qui est prévu par la loi».
Malheureusement, la réalité est tout autre et les difficultés auxquelles font face les Tunisiens ne cessent de prendre de l’ampleur. Et cela a été d’ailleurs soulevé par le chef du gouvernement, Youssef Chahed, lors d’un débat participatif aux défis et aux actions urgentes à prendre dans le secteur de la santé publique. Une rencontre inédite qui s'est tenue en présence de plusieurs professionnels de la santé.
Youssef Chahed a, en effet, révélé que près d’un million de citoyen ne bénéficient pas d’une couverture sociale et qu’environ 7 millions n’ont pas accès au système de la Caisse nationale de l’assurance maladie (Cnam). Il a également indiqué que la crise dans le secteur de la santé est liée à la crise économique à laquelle fait face actuellement la Tunisie. Pire encore ! Près de 4 mille médecins ont quitté la Tunisie pour d'autres pays, durant ces deux dernières années.
Le gouvernement a donc du pain sur la planche pour remettre le système de santé sur la bonne voie, améliorer son image, tant sur le plan national qu’international, et convaincre les médecins, les infirmiers et les professeurs de ce secteur à revenir en Tunisie pour former les nouvelles générations.
C'est pour cette raison que les défaillances du système de santé en Tunisie doivent être prises au sérieux et qu’une réforme s’impose comme ne cessent de revendiquer les médecins. D’ailleurs, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, devra subir un grand oral sur la question devant les députés de l’ARP le 4 avril prochain. Préalablement à cette échéance, un conseil des ministres doit se tenir dans les prochains jours pour concrétiser les résultats du dialogue participatif.
Emna Ben Abdallah

Commentaires (4)
CommenterUn peut de travail pour notre excellente Presse!
On peut être curieux du résultat!
Abolir: L APC c'est le plus grand mal du système !
Depuis des décennies déjá que, l' exploitation et la négligence continues du système de la santé publique au profit de la promotion des cliniques privées, sevissent .
C´est tout simplement, intolérable et inhumain de voir, encore cette massacre de la population tunisienne pauvre, continuer.
Depuis déjà 37 ans, lorsque j'étais médecin assistant à Sousse, j'ai vecu le système APC comme systeme extrêmement barbare pour les médecins stagiaires, assistents et patients, surtout pour le bon fonctionnement quotidien du service hospitalier.
Notre service à cette époque là, était presque sans orientation (décapité), juste terrible, tout le monde a fait ce qu'il voulait et ou pouvait (et sûrement aujourd'hui encore)!
Et maintenant, nous avons la catastrophe dans sa spendeur et sur tout les plans...
C'est ma conviction et c´est URGENT: Si vous êtes tunisiens et vous possedez encore un minimum de patriotisme, commencez par abolir ce système APC mafieux et sans pitié !
Médecin tunisien, pratiquant depuis 36 ans en Allémagne.