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Ridha Chkoundali : la baisse de l'inflation ne reflète pas le vécu des citoyens
06/05/2025 | 09:38
3 min
Ridha Chkoundali : la baisse de l'inflation ne reflète pas le vécu des citoyens

L’économiste Ridha Chkoundali a réagi, mardi 6 mai 2025, lors de son intervention avec Hatem Ben Amara sur les ondes de Jawhara FM, à la récente baisse de l’inflation en Tunisie, soulignant que les indicateurs macroéconomiques « ne reflètent en rien le vécu quotidien des Tunisiens ».

« Le taux d’inflation annoncé est un chiffre global, utile pour les institutions internationales ou pour la formulation des politiques économiques. Mais pour le citoyen, cela n’a aucune signification concrète », a-t-il déclaré.

Ridha Chkoundali estime que la baisse de l’inflation globale ne doit pas faire oublier que les prix des produits essentiels continuent de grimper. « Il faut distinguer entre l’indice général et ce que j’appelle l’inflation alimentaire ou l’inflation des biens de première nécessité. Ce sont ces chiffres-là qui intéressent les Tunisiens, pas les moyennes abstraites », a-t-il insisté. Il cite notamment des hausses significatives sur les produits de consommation courante : les légumes ont augmenté de 17,5 %, les fruits secs de 15,3 %, les vêtements de 10 %, les chaussures de 9,4 %, les livres et magazines de 8 %, et les services de restauration de 11,5 %.

Par ailleurs, l’économiste déplore la détérioration du pouvoir d’achat des Tunisiens, expliquant que les salaires ne suivent pas l’évolution des prix. Il cite le site international Numbeo, qui estime qu’une famille de quatre personnes a besoin de plus de 5500 dinars par mois pour vivre en Tunisie, sans compter le loyer. « Qui gagne cette somme aujourd’hui ? Très peu de familles tunisiennes ».

Il revient également sur les données de la Banque mondiale : en dollars constants, le revenu mensuel moyen du Tunisien est passé de 334 dollars en 2015 à 329 dollars en 2025. « On est même en dessous du niveau de 2010, qui était de 358 dollars. Ce recul montre que malgré une inflation globalement en baisse, le pouvoir d’achat, lui, s’effondre ».

Pour Ridha Chkoundali, la classe moyenne tunisienne est en voie de disparition. « Elle glisse progressivement vers les catégories vulnérables. Aujourd’hui, deux enseignants, deux avocats ou deux médecins qui partagent un foyer n’arrivent plus à faire face à la fin du mois avec aisance ». Il insiste : « Ce ne sont pas les dépenses frivoles qui augmentent, mais celles liées à l’alimentation, à la santé, à l’éducation, ou encore aux impôts et taxes locales ».

En réponse aux défenseurs de la rigueur monétaire, qui affirment que la consommation est un facteur d’inflation, Chkoundali rappelle que c’est au contraire la consommation qui alimente la croissance économique. Il appelle la Banque centrale à reconsidérer ses priorités. « La comparaison selon laquelle l’inflation vient d’un excès de consommation est fausse. Les vraies causes sont à chercher du côté de l’insuffisance de l’offre, des blocages structurels de l’économie, et des décisions budgétaires, comme les 7 milliards de dinars récemment injectés ».

Enfin, il s’interroge sur les effets réels de la récente baisse de 0,3 point de l’inflation sur les décisions à venir de la Banque centrale, notamment en matière de taux directeur. Pour lui, « il est temps de penser à alléger le fardeau des ménages tunisiens, au lieu de se satisfaire d’indicateurs qui, sur le terrain, n’ont que peu de sens ».

 

S.H

 

06/05/2025 | 09:38
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