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Sécurité dans les parkings, hôtels et grandes surfaces : Sidi Mehrez veille au grain
05/01/2016 | 19:59
5 min
Sécurité dans les parkings, hôtels et grandes surfaces : Sidi Mehrez veille au grain

 

Repérer les défaillances sécuritaires ne demande aucune expertise. Il suffit d’aller faire ses courses dans un supermarché pour tout comprendre. Les fouilles incomplètes, bâclées, à la hâte ou selon le faciès ne peuvent que nous inquiéter en ces temps de guerre contre le terrorisme.  Pour en comprendre les raisons et connaitre les remèdes, Business News a interrogé deux experts en la matière, Rafik Chelly et Sahbi Jouini.

 

Malgré l’alerte élevée au niveau 3, soit le niveau le plus haut, la sécurité dans les lieux publics présente encore des failles. Les dispositifs appliqués comportent des vulnérabilités pouvant être exploitées à des fins mal intentionnées.

 

Pas plus tard que samedi dernier, une longue queue de passagers s’allongeait sur plusieurs mètres devant l’entrée de l’aéroport de Tunis-Carthage. Cette file d’attente non-protégée aurait pu  constituer une cible « idéale » pour les terroristes. « Imaginez les dégâts qu’il y aurait eu si un terroriste était venu se faire sauter. Ca aurait été la catastrophe !», nous confie un expert en sécurité.

 

Autre exemple plus connu de ces vulnérabilités, ce sont les fouilles « incomplètes » et « à la va-vite » dans les espaces à forte fréquentation. « Les fouilles sont bâclées à l’entrée des supermarchés. Il y a quelques jours, je suis allé faire mes courses dans une enseigne très connue. L’agent de sécurité au parking m’a demandé d’ouvrir la malle arrière de ma voiture. Il a regardé hâtivement à l’intérieur, sans y passer son détecteur de métaux ni glisser la main dedans pour voir si quelque chose se cache, ou non, sous la carrosserie. J’avais aussi un sac à dos sur le siège arrière, il ne m’a pas demandé de l’ouvrir non plus. C’est pour vous dire que côté sécurité, on fait les choses à moitié », nous témoigne un jeune trentenaire.

 

Un constat partagé par d’autres personnes que nous avons interrogé. « Une fois, j’étais dans un hôtel prestigieux de la capitale. Il y avait un scanner placé à l’entrée de l’établissement. Je m’attendais à ce que je sois fouillé scrupuleusement surtout que je portais un manteau, mais à ma surprise, l’agent m’a demandé de passer mon chemin en me disant ‘ennes biwjouha’ (ndlr. Les bonnes personnes ont un bon faciès) », raconte un deuxième témoin.

 

Pour comprendre les raisons de ces manquements, nous avons pris contact avec Rafik Chelly, ancien secrétaire d’Etat chargé des Affaires sécuritaires. Pour lui, cela est dû au besoin grandissant de sécurité dans le pays. « La demande sécuritaire a explosé depuis la révolution. L’Etat n’est plus à même de faire face à ces nouveaux enjeux pressants et de plus en plus complexes », a-t-il expliqué.

 

D’où l’intérêt, selon lui, de déléguer « une partie de cette tâche » à des privés.  « Les supermarchés, les banques, les hôtels, les galeries marchandes doivent s’auto-sécuriser en comptant sur leurs propres moyens », a-t-il souligné. « Cela, poursuit-il, a déjà commencé à être appliqué, notamment dans les unités hôtelières où l’on peut voir des gardes privés campés devant la porte et des caméras de surveillance installées dans tous les coins et reliées à un écran de contrôle. Maintenant, on remarque de plus en plus de sociétés qui emboitent le pas à ces hôtels ».

 

Cependant, cette sécurité privée n’est pas sans défaut. Et pour cause « le manque d’encadrement ». Notre interlocuteur nous explique que le seul moyen pour que les agents de sécurité privés soient formés c’est d’intégrer les centres de formation du ministère de l’Intérieur. Leur capacité étant limitée, ces derniers ne peuvent subvenir aux besoins croissants en formation du privé et du public. «Ce qui n’est pas sans impacter la qualité de l’encadrement et par ricochet la performance et l’efficacité des agents », a-t-il complété.

 

Mais, cette situation ne devrait plus durer longtemps. La loi régissant les métiers de gardiennage et de protection rapprochée prévoit, dans sa nouvelle version, de confier aux privés la possibilité d’ouvrir des centres de formation, fait savoir Rafik Chelly. « Une mesure qui est bénéfique pour le secteur. Car, elle allégera la charge des centres de formation publics et permettra par conséquent un meilleur  encadrement aux agents du privé qui n’auront plus besoin d’attendre d’être formés par le ministère», a-t-il affirmé.

 

Interrogé par Business News, Sahbi Jouini, secrétaire général de l'union nationale des syndicats des forces de sûreté tunisiennes, a pointé un problème de moyens. Selon lui, le manque d’équipements handicape lourdement la sécurité. « Cela s’est fait constater il n’y a pas longtemps à l’aéroport de la capitale par une file d’attente monstrueuse », avance-t-il.

 

Par ailleurs, M. Jouini est favorable à l’idée que des retraités de l’Armée ou de la Police puissent lancer leurs propres sociétés privées de sécurité comme c’est le cas dans plusieurs pays, à l’instar de la France et des Etats-Unis. Au vu du contexte actuel et de la montée de la menace terroriste, l’Etat a plus que jamais besoin d’un renfort supplémentaire et de qualité.

 

La sécurité de nos ministères ne semble pas être meilleure non plus. Elle serait même pire. L’un de nos confrères de la presse écrite a mené, il y a quelques semaines, une enquête terrain sur le sérieux des dispositifs sécuritaires dans six ministères, censés être d’une sécurité hermétique. Le constat était édifiant. Zéro sécurité. Il a pu passer avec son sac à dos par toutes les portes. De l’entrée principale, à l’ascenseur jusqu’aux étages, sans avoir subi le moindre contrôle de papiers. Il s’est retrouvé seul plusieurs fois à se balader dans les couloirs et entre les bureaux. Son seul mot magique, c’était « Je suis journaliste. Je suis ici pour une interview ! ».

 

Ailleurs, dans des pays comme la France ou les Etats-Unis, la sécurité s’est transformée en une industrie bien organisée qui brasse des milliards de chiffre d’affaires. La sécurité est ainsi devenue un business qui rapporte en termes d’investissement, mais aussi en termes d’emploi. Si l’on sait bien en profiter, ce secteur pourrait être un vecteur pour l’emploi et la croissance en Tunisie.

 

Elyes Zammit


Crédit photo : Ridha Bouguezzi

 

05/01/2016 | 19:59
5 min
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Commentaires (11)

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Fluide glacial
| 06-01-2016 12:04
C'est le cirque

Ceux qui sont censés nous protéger jouent avec le feu : infantilisme et irresponsabilité à tous les étages

Ronds-points, gares,centres commerciaux....

Laissez aller et négligence se monnayent.

moha
| 06-01-2016 07:25
La sécurité commence par faire respecter leur mission à la police
on voit toujours des policiers discuter boire le café fumer une cigarette dans la rue quand ils sont en service
comment sécuriser un pays alors que la population est indiscipliné la corruption trop présente et l egoisme tunisien est installé

Joe Deloin
| 06-01-2016 00:52
"cette sécurité privée n'est pas sans défaut."

Comme d'habitude, "ce n'est pas nous, c'est les autres". Ce qui est décrit dans cet article est valable à tous les niveaux, privées et publics. L'exemple de la faille de sécurité liée aux grande fils d'attente à l'aéroport est typiquement un problème de sécurité mal géré (mais bien généré) par le secteur public (OACA - Ministère du transport). Les sociétés privées n'ont rien avoir dans ce cas là.

Le problème est bien plus profonds: le je-m'en-vous-tisme généralisé, l'amateurisme, les passes-droits et l'inconscience.

pseudo
| 06-01-2016 00:35
le marché securitaire explosise ;il y a de l 'argent à se faire;montez vos sociétés ;il y a un bemol et si des islamistes se fesaient embaucher?le risque zero n 'existe pas;c 'est l 'ETAT qui doit assurer la securité du citoyen;l 'ecole ;les universités etc sont déjà privatisés;ech khad fiha public qui assure la cohesion sociale?s d

Royaliste
| 05-01-2016 23:51
alors pourquoi on me demande de payer 40% de mon salaire en impots?

si cet Etat est incapable d'assurer le minimum de securite, pourquoi il existe?

elgat
| 05-01-2016 23:25
Comme d habitude, vos 'autres pays' se bornent toujours à la France et aux USA ...
À croire que le monde se limite à votre ex colonisateur et au MacDo land les ztazunis...
Vous somptuarisez donc éternellement l homme blanc que vous deifiez, celui là même qui vous traite de maghrébin, bougnoules, tiers monde ,pays pauvre en développement, les immigrés, les terroristes, les sauvages,les oiseaux migrateurs et j en passe...

Le colonialisme n a jamais disparu de vos esprit... 60ans après... Prodigieux travail !!

badreddine
| 05-01-2016 22:21
L un des rares bons articles BN, merci pour l article neutre, clair et edifiant.

mizaanoun
| 05-01-2016 22:07
C'est bien le Système qui est à l'origine de tant d'insécurité que ce soit en Tunisie ou ailleurs. Les premiers terroristes ont été bien créés par le Système lui-même. Et plus tard en envahissant le monde entier il a fini par répandre l'insécurité partout. L'insécurité est bien systémique. Elle est dans les structures mêmes du Système. Si dans le passé on a eu des guerres qui ont fait des millions de morts, jamais l'humanité n'a connu une insécurité pareille.

Une insécurité qui est devenue une mine d'or pour ces entreprises privées qui sont passées au rang des gigantesques multinationales qui signent des contrats milliardaires. L'insécurité n'est pas le fait d'une fatalité descendue brusquement du ciel. Elle est la conséquence logique des énormes méfaits du Système. Ces méfaits qui sont largement connus dans les sociétés du monde entier poussent forcément à la réaction. Et voilà qu'au lieu de chercher comment réduire ses méfaits dans le monde, le Système choisit la fuite en avant illustrée tristement par ces multinationales sécuritaires.

La famille Saoud qui est le paradigme dans cette horreur, tout en faisant tuer massivement des êtres humains dans la même Péninsule Arabe, comme par exemple les quatre mille pèlerins de cette année ou tous ceux à qui on coupe les mains ou la tête sur la place publique chaque vendredi, cette famille a confié la sécurité de ses 18mille « princes et princesses » ainsi que ce qu'elle appelle le gouvernement ou la sécurité territoriale à des compagnies, toutes usaméricaines, avec des contrats aussi milliardaires que les contrats qu'elle signe avec les autres multinationales, de l'aviation, de l'automobile, de l'alimentation ou de n'importe quels autres gadgets qui l'amuse particulièrement. Parmi ces compagnies privées de sécurité on trouve toutes les célèbres entreprises US comme la Black Water, devenu ACADEMI ou DinCorp ou Winnelle etc.

el manchou
| 05-01-2016 21:31
Rafik Chelly fait de la promo pour sa future société de sécurité ou centre de formation d'agents de sécurité ?

Talha Husseini ( hôtelier-consultant)
| 05-01-2016 21:02
La sécurité dans le monde a pris une telle dimension et obligations qu'elle finit par devenir inconvenante et désagréable car elle nous prive de nos libertés.
Les espaces cités dans cet article sont tous concernés et leurs fréquentations périodiques restent sous risques zéro.
Je visite assez souvent un grand centre commercial de la banlieue nord,et je confirme que le contrôle à l'entrée du parking tout comme celui des entrées, sont vraiment insuffisants, puisque le contrôle des voitures n'est fait qu'aux camionnettes ou à certains véhicules avec une plaque étrangères.
En voiture avec plaqué tunisienne, vous passez sans contrôle.
Les employés de service de sécurité semblent n'avoir aucune formation en la matière et ça vous saute au visage.
Au grand centre situé sur la route de Bizerte, plus isolé,le contrôle est plus draconien et tous les véhicules passent à la fouille.
Bref, aucun espace recevant des clients n'est à l'abri aujourd'hui d'un acte terroriste isolé ou commandité et des scénarios d'attaque sont possibles.
Un acte terroriste peut arriver dans n'importe quel endroit recevant du public: super marché, hôtel, restaurant, café, centre d'animation,cinéma et même les cliniques ne seront plus à l'abri.
Le monde a basculé et plus rien ne sera comme avant.
Pour le tourisme et l'hôtellerie, il y a une véritable mise en place à développer : matériel et humain avec un encadrement et formation spécifique.
A ce sujet, l'ONTT et le MI ont mis en place un véritable cahier de charges qui sera exigé en pré ouverture et en exploitation.