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Bilan en demi-teinte en attendant la pleine saison
27/06/2008 | 1
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Bilan en demi-teinte en attendant la pleine saison
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Destination touristique leader en Afrique du Nord jusqu’en 2001, la Tunisie continue à perdre du terrain sur la majorité des marchés européens au profit de ses principaux concurrents du sud de la Méditerranée. C’est du moins ce qui ressort des résultats des cinq premiers mois de 2008 publiés par l’Office National du Tourisme Tunisien (ONTT). A l’exception d’une légère reprise sur le marché allemand, la destination ne semble plus faire recette auprès des touristes du Nord avides de soleil et de plages dorées. Simple question de faiblesse des fonds alloués à la promotion budget ou symptôme d’une profonde crise structurelle ?

La Tunisie a reçu quelque 2,218 millions de touristes au cours des cinq premiers mois de 2008, ce qui représente une augmentation de 4,1% par raport à la même période de l’année précédente, selon les chiffres de l’ONTT. Cette hausse des entrées des non résidents s’explique notamment par une progression de 9% du nombre des touristes maghrébins. Les Libyens arrivent en effet toujours en tête des marchés émetteurs de touristes vers la Tunisie avec 645.322 visiteurs, alors que le nombre des Algériens a atteint 258.000 durant la période sous revue.
L’embellie des entrées découle également de la hausse du nombre des touristes originaires de Russie (+17%), de Pologne (+29%), des Pays-Bas (+15,6%), des pays scandinaves (+14,7%) et de France (+4,3%). Les marchés canadien et américain, qui ont enregistré respectivement une évolution de 21,5% et de 9,1 %, ont également contribué à la hausse des entrées.
Si le bilan global de l’industrie touristique tunisienne semble de prime abord positif, il n’en demeure pas moins que le secteur affiche des signes d’essoufflement certains. La destination à moins de trois heures de vol des principales capitales européennes continue en effet à perdre ses parts de marché sur le vieux continent.
A preuve: les entrées globales des européens ont régressé de 0.1 % entre le 1er janvier et le 31 mai 2008. Les plus fortes baisses ont concerné la majorité des marchés stratégiques qui ont fait, pendant plusieurs décennies, les beaux jours du tourisme tunisien. Il s’agit notamment des marchés britannique (- 19,5%), espagnol( -14,5%) et italien (-7,9%). Des baisses notables ont été aussi enregistrées sur les marchés moins importants pour la Tunisie comme les marchés hongrois (-23,3%), tchèque (-20%), chinois (-14%) et suisse (-5,4%). La Tunisie était naguère un modèle à suivre pour les autres pays de la rive sud de la Méditerrranée.
Maigre consolation quand même: le nombre des Allemands ayant séjourné dans nos murs est passé de 128.025 durant les cinq premiers mois de 2007 à 131.372 au cours de la même période de l’année en cours, soit une évolution de 2,6%.

De l’avis des observateurs, la baisse des performances de la Tunisie sur les marchés stratégiques ne s’explique pas uniquement par le budget dérisoire réservé à la promotion de la destination. Ce dernier s’élève à 15 millions de dinars par an , autant dire une enveloppe sans commune mesure avec les fonds investis par ses concurrents sud-méditerranéens.
Dans un rapport publié fin 2007, l’ agence de notation Fitch rating explique “l’essoufflement” du tourisme tunisien par une offre très abondante mais peu diversifiée. “Depuis les années 1960, la Tunisie s’est concentrée exclusivement sur le développement des sites balnéaires. Cette stratégie de croissance a abouti à une surcapacité d’offre peu diversifiée qui rend les hôtels très dépendants des tours-opérateurs internationaux et favorise ainsi le bradage des prix”, a notamment précisé l’agence dans ce rapport intitulé « l’industrie touristique tunisienne, un modèle à rénover » .
Touristik Report, une étude annuelle publiée en mai 2007 par la revue allemande Touristik Aktuell - qui fait autorité chez les professionnels - montre du doigt la baisse de la qualité des services. Dans le classement des destinations touristiques établi d’après des notes attribuées par les grands tours-opérateurs, la Tunisie recule d’un rang entre 2006 et 2007 et occupe la 10ème position, avec une note de 3,19 sur une échelle où les premiers classés (Espagne, Turquie, Baléares) ont obtenu 6.
Selon ce même classement, la Tunisie réalise sa meilleure performance en matière de rapport qualité/prix, où elle se classe troisième. Ce rang renforce l’image d’une Tunisie spécialisée dans le tourisme de masse et se présente comme le résultat du bradage des prix, pratiqué au détriment de la qualité des services.

Outre la diversification de l’offre, les autorités de tutelle doivent repenser la politique de développement du secteur qui représente 6,5% du PIB et génère plus de 380.000 emplois directs et indirects. Les principales pistes à creuser, selon la stratégie de développement du tourisme tunisien à l’horizon de 2016, concernent la mise en place de nouvelles normes très strictes de classification des hôtels, l’augmentation du budget alloué aux actions promotionnelles et l’assainissement de la situation financière des hôtels endettés.
En attendant, la Tunisie aura beaucoup de mal a retrouver d’ici peu les premières marches du podium en Afrique du Nord. Elle en a été chassée par l’Egypte en 2002 et le Maroc en 2007.
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