
Voilà presque deux mois que le chef de l’Etat, Béji Caïd Essebsi, avait mis la scène politique tunisienne au pied du mur, avec son initiative de former un gouvernement d’union nationale. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts : les parties prenantes se sont accordées sur les priorités du nouveau gouvernement, certaines ont sommé le chef du gouvernement au départ, d’autre sont restées plus mitigées. Le fait est que Habib Essid est toujours là et prêt à passer à la seconde phase.
Certains observateurs relèvent que Habib Essid ne voudrait pas céder à la pression et ne se laisserait pas aussi facilement pousser à la porte. Le chef du gouvernement tient à avoir une sortie digne ou à gagner du temps… Hier, il a été, comme à l’accoutumée, à la réunion hebdomadaire avec le président de la République. A l’ordre du jour : accélérer le processus initié par Béji Caïd Essebsi.
Dans une brève allocution diffusée lundi, Habib Essid insiste sur la nécessité d’accéder à la « deuxième étape » de l’initiative du président de la République concernant la formation du gouvernement d’union nationale, et ce cette semaine ou au plus tard en début de la semaine prochaine. Les choses commencent à se préciser, d’autant plus qu’il était question que toute cette affaire soit « réglée » avant la date butoir du 25 juillet, quoiqu’il semble, aujourd’hui, assez difficile de respecter ce délai.
Habib Essid a donc signifié, lors de sa courte intervention, qu’il s’est mis d’accord avec le président de la République pour accélérer le processus : « Le passage à la deuxième étape de l’initiative présidentielle, se fera en fin de semaine prochaine via l’Assemblée des représentants du peuple ». Ainsi, ce qui reste de cette semaine sera consacré à entamer les procédures nécessaires au passage devant le parlement.
La désignation du nouveau chef du gouvernement pourrait encore s’enliser. Pourtant, Habib Essid avait la possibilité, d’accélérer encore plus les choses, en déposant sa démission, option rejetée par l’intéressé. De ce fait, sa démission aurait été considérée comme étant celle du gouvernement entier et il devait la présenter au président de la République. Les semaines ont passé sans que Habib Essid ne se décide. Cette hypothèse est définitivement écartée, puisque le chef du gouvernement a décidé de se maintenir en place tout en invoquant l’article 98 de la Constitution, dans son deuxième paragraphe.
Le texte dispose que le chef du gouvernement peut solliciter de l'Assemblée des représentants du peuple un vote de confiance quant à la poursuite par le gouvernement de ses activités, le vote se faisant à la majorité absolue des membres de l'Assemblée des représentants du peuple. Si l'Assemblée ne renouvelle pas la confiance accordée au gouvernement, celui-ci est réputé démissionnaire, et c’est là que le président de la République charge la personnalité la plus apte pour former un gouvernement.
Vendredi 15 juillet 2016, les députés de l’ARP se sont réunis pour discuter du passage de Habib Essid à un vote de confiance. A l’unanimité ceux-ci ont accepté la démarche. Par là même, l’idée du recours à une motion de censure à l’encontre du gouvernement est écartée.
En passant devant l’Assemblée des représentants du peuple, Habib Essid fera un exposé de son programme et surtout de son bilan, afin d'obtenir la confiance de la majorité absolue des députés. Dans le but de justifier son recours à l’ARP pour un vote de confiance, le chef du gouvernement insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas d’ « une fuite en avant » et que sa décision ne fait que primer l’intérêt supérieur du pays comme unique motivation : « Ce qui compte, c’est de permettre au pays de sortir de la crise dans laquelle il se trouve, et de prendre un nouveau cap». Pour lui, passer par l’Assemblée des représentants du peuple ne traduit pas son attachement au pouvoir, mais sa volonté de «respecter le texte de la Constitution», qui prévoit, entre autres scénarios, le vote d’une motion de censure par les députés.
Habib Essid ne fait pas montre d’un grand empressement à quitter la Kasbah, en préférant s’adresser au Parlement pour solliciter sa confiance. En présentant sa démission et celle par extension de son gouvernement, Essid aurait pu faciliter les procédures et raccourcir les délais. Lâché de toutes parts et alors que pratiquement tout le monde demande sa démission, notre chef du gouvernement fait la sourde oreille et poursuit ses activités comme si de rien n’était. Vraisemblablement, il compte à travers le recours au vote de confiance, défendre son bilan et surtout partager la responsabilité d’un échec annoncé, aux partis de la coalition au pouvoir. Ainsi, le chapeau, il ne le portera pas seul.
Les concertations sur l’initiative présidentielle ont été parachevés par la signature par les partis et organisations nationale, ayant pris part au dialogue, du document de synthèse « l’ Accord de Carthage » et énumérant les priorités du futur gouvernement. Avec cette deuxième phase, comme qualifiée par Essid, l’initiative atteint ses dernières étapes.
Dans les prochains jours, l’hémicycle verra, une nouvelle et probablement une dernière fois, le passage au vote de confiance du gouvernement Essid.
Le sort de Habib Essid semble être scellé et avec son départ, la Tunisie entrera dans une nouvelle étape. Depuis la chute du régime Ben Ali, six Premiers ministres et chefs de gouvernement se sont succédé, une situation qui reflète l’instabilité d’une scène politique qui peine à trouver le cap.
Ikhlas Latif


Commentaires (8)
CommenterCe combat se décide en combien de rounds ?
IL Y'A ANGUILLE SOUS ROCHE !!!
Alors le peuple a le DROIT D'EN SAVOIR PLUS.
Et c'est l'occasion pour ESSID de nous éclairer, ce vendredi, pour sauver la face et défendre son bilan et ne pas porter seul le chapeau.
ESSID aura plus besoin de la confiance du peuple que de celle de ses " représentants".
N'est-ce pas Messieurs les signataires de l'accord de Carthage?.
Lorsque l'on est un chef de gouvernement .....
Si l'on n'est pas en mesure de bien gouverner le pays tout en sachant nager dans ces eaux-là, alors on doit penser à partir.
Trop facile, comme cela est précisé dans un post, de dire que c'est la faute des autres et de leurs « manigances » ou peaux de bananes ('. ceux qui ont failli à leurs promesses électorales, ceux qui ont des prétentions successorales, les individus et organisations irresponsables, les opportunistes, les pseudo-'''.."bien cités par ailleurs.").
Un politique sait que ces embuches seront présentes tout au long de son parcours et qu'il doit y faire face et assumer la responsabilité de leurs gestions.. Ne pas savoir gérer, cela se peut, alors on doit le dire franchement et à défaut jeter l'éponge lorsque l'on respecte son pays, ses institutions et son peuple .. Ne pas le savoir est encore plus grave.
Ceci dit, j'ai noté tout au long du parcours d'Essid, la faiblesse de sa communication qui ne reflète pas convenablement sa capacité de travail et je partage tout à fait l'avis de Synda Tajine de « Business news » quand elle dit que certains de ses conseillers ont encore du chemin à faire pour être performants en communication politique.
En démocratie ou en transition démocratique, nous qui sommes de l'autre côté de la barrière, sommes dans l'obligation d'exiger la maximum de nos gouvernants pour obtenir en fait le « mieux nécessaire » car gérer politiquement en Tunisie et de plus en transition démocratique, est loin d'être de tout confort et Habib Essid le sait dans sa chair. Mais c'est ainsi et c'est son choix.
Tout en respectant l'homme, je pense que Habib Essid s'honorerait à démissionner de suite tout en défendant son bilan dans une intervention à l'encontre du peuple ; cela fera gagner du temps précieux à la Tunisie qui souffre déjà durement. De plus la partie de cet épisode n'est pas terminée, le président de la république devra faire le bon choix du remplaçant d'Essid qui devrait être doté d'un faisceau épais de qualités politiques, professionnelles, personnelles et humaines tout en étant loin d'être un « enfant de ch'ur »'
Ex Elu et grand électeur
le piége
dite plutôt :
Essid,personnage énigmatique.
"Il tient a defendre son bilan".Oh mon Dieu! Quel bilan? zero croissance,plus de chomage,de pauvreté, de corruption,d'ordures dans nos rues,d'inertie face a l'arret du travail dans les mines,la faillite de toutes les entreprises et caisses publiques etc....!