alexametrics
vendredi 29 mars 2024
Heure de Tunis : 16:38
A la Une
Covid-19 en Tunisie, le point sur la situation
10/03/2020 | 19:59
8 min
Covid-19 en Tunisie, le point sur la situation

 

Le lundi 2 mars 2020, la Tunisie enregistrait son premier cas d’infection par le Covid-19. Depuis, d’autres cas d’infection ont été décelés et les analyses se poursuivent pour détecter si d’autres cas sont confirmés. Entre information et désinformation, les Tunisiens cèdent à la panique et les rumeurs se propagent plus vite que le virus. Le ministère de la Santé œuvre pourtant à informer régulièrement les citoyens sur le développement de la situation dans le pays…

 

Le premier cas de Covid-19 enregistré en Tunisie a touché un homme d’une quarantaine d’années, revenu d’un voyage en Italie par bateau le 27 février dernier et qui a commencé à développer les symptômes de la maladie deux jours plus tard. Il a été hospitalisé et pris en charge par les services de santé, son état s’est stabilisé et il a quitté l’hôpital hier.

 

Dimanche 8 mars 2020, un deuxième cas d’infection au coronavirus Covid-19 a été annoncé en Tunisie. Un Tunisien âgé de 65 ans arrivant de Rome a été placé en isolement dans l'un des hôpitaux universitaires du pays mais a entretemps infecté son épouse qui a été diagnostiquée positive ainsi que son frère dont les résultats des analyses sont apparus aujourd’hui même. Le patient, diabétique, est dans un état grave mais stable, a précisé la directrice de l’Observatoire des maladies nouvelles et émergentes, Nissaf Ben Alaya, qui a assuré que les enquêtes sur terrain sont menées pour déterminer si le patient en question a pu infecter d’autres personnes, surtout qu’il n’a pas respecté les consignes de sécurité.  

Le ministre de la Santé Abdellatif Mekki a annoncé hier trois nouveaux cas de coronavirus Covid-19 en Tunisie. Avec ces deux cas importés de l’étranger et un troisième par contagion locale, le nombre de cas d’infection au Covid-19 s’élevait hier à 5 cas confirmés.

 

Le directeur général des soins de santé de base au ministère de la Santé, Chokri Hammouda, avait tenu une conférence de presse pour revenir sur les cas diagnostiqués. Il s’agit d'une personne retournant d’Italie et plus précisément de Rome dont l’épouse a contracté le virus en Tunisie à Mahdia, d’une Italienne résident à Tunis qui est arrivée d’Italie il y’ a deux jours et d’une personne résidant à Bizerte qui est revenue d’un voyage à Strasbourg. 

Sur les cas contaminés que compte la Tunisie, deux seulement ont été hospitalisés, a précisé Chokri Hammouda, soulignant que le premier patient était en phase de guérison et devrait bientôt quitter l’hôpital.   

« Les dépistages sont quotidiens et centralisés au laboratoire dédié à l’hôpital Charles Nicolle. A l’heure actuelle, des tests réalisés sur 20 personnes résidant à Mahdia et ayant été en contact avec la personne infectée sont en cours d’analyse et les résultats seront annoncés demain. Les commissions régionales sont mobilisées et un grand travail d’enquête sur terrain est entrepris par un staff formé pour déceler tout risque de contagion locale » a-t-il poursuivi.

 

 Avec la détection de ces nouveaux cas, la Tunisie est passée à la situation épidémique de niveau 2, dans la mesure où plus de 4 cas ont été confirmés avec de surcroit une contagion locale.

« Atteint le stade 2, les mesures de prévention et de lutte contre la propagation du virus sont renforcées. Nos recommandations sont communiquées aux autorités compétentes pour ce qui est de la fermeture des écoles ou encore de la suspension des vols entre la Tunisie et l’Italie. Ces décisions ne sont pas prises arbitrairement et ne sont pas dans nos prérogatives » a ajouté Chokri Hammouda.

Trois services, dans le nord, le centre et le sud du pays ont été préparés à accueillir les malades. « Pour ce qui est de la quarantaine volontaire, elle a fait ses preuves notamment en Angleterre et dans les pays nordiques, évidemment il peut y avoir des défaillances mais si elle n’est pas respectée, le contrevenant risque des peines pénales. Le travail des enquêteurs régionaux est très important dans ce sens et la stratégie nationale de lutte contre le Covid-19 repose sur un travail collectif » a confié M. Hammouda.

Jusqu’à hier la Tunisie avait compté 2000 personnes placées en quarantaine volontaire dont 1400 encore sous suivi.

 

 

Au même temps que se tenait le point de presse du ministère de la Santé, une réunion d’urgence du conseil de sécurité nationale dédiée au Covid-19 avait lieu. Plusieurs décisions ont été annoncées. D’abord la restriction des vols entre la Tunisie et l’Italie, désormais seuls les vols en provenance de Rome seront acceptés en Tunisie.

Les vols entre la Tunisie et l’Italie ont donc été réduits de 14 à 3 vols seulement par semaine. Les traversées maritimes avec l’Italie et aussi les traversées avec la France seront restreintes. Il a été décidé de se restreindre à une seule traversée hebdomadaire en provenance de Marseille. Les vols à destination de la France ne sont pas aujourd’hui concernés par les suspensions. D'ailleurs, les cours seront suspendus dans tous les établissements scolaires du pays à partir du jeudi 12 mars.

 

Coup de théâtre dans la soirée d’hier. Le patient âgé de 84 ans, citoyen français résidant à Bizerte s’est enfui sur un vol Tunisair desservant Strasbourg.

Le patient, accompagné par sa fille, n’a pas respecté la quarantaine imposée par les autorités tunisiennes et a choisi de quitter le territoire. A son arrivée à l’aéroport de Strasbourg, l’avion a été mis en isolement durant une heure par les autorités françaises, affirme le consulat de Tunisie à Strasbourg dans un communiqué. 

Le patient a été pris en charge par le SAMU, alors que les autres passagers du vol ont pu finalement quitter l’avion après avoir rempli la fiche de renseignements et donné leurs coordonnées. Ainsi, pour des raisons de sécurité sanitaire l’avion a dû quitter Strasbourg sans passagers. Tunisair a expliqué aujourd’hui que les mesures nécessaires ont été prises dès qu’elle a eu l’information après le départ de l’avion. Elle a immédiatement  informé l’équipage qui a appliqué à la lettre le programme de prévention mis en place.

Le passager et son accompagnatrice, qui portaient des masques de protection, ont été isolés et éloignés des autres passagers. Les autorités françaises ont été prévenues ce qui a permis de mettre en quarantaine l'avion dès son arrivée à Strasbourg et de prendre les dispositions nécessaires avec les passagers.

En outre et en prévention, Tunisair a décidé le retour à vide (sans passagers) de l’avion et l’isolement de l’appareil jusqu’à décontamination totale. L’équipage qui a assuré le vol a été appelé à se mettre en isolement sanitaire, le tout en garantissant leur suivi par les services de la compagnie.

 

Un point de presse du ministère de la Santé s’est tenu aujourd’hui dans l’après-midi. La directrice de l’Observatoire des maladies nouvelles et émergentes, Nissaf Ben Alaya est revenue sur l’évasion du patient de Bizerte. « Ce patient n’a pas respecté les consignes de sécurité. Il est revenu de Starsbourg et quand il a commencé à présenter des symptômes il a contacté les services sanitaires qui l’ont tout de suite pris en charge. On lui a fait les prélèvements et on est resté en contact avec lui mais vers 18h lui et sa famille ont cessé de répondre au téléphone. Il ne présentait pas de signes graves donc il a été maintenu en confinement chez lui, il ne s’est pas enfui de la clinique comme le disent les rumeurs. A 20h un membre de sa famille a répondu aux services régionaux de santé et a affirmé que le patient en question s’était rendu à l’aéroport pour prendre l’avion. A ce moment même sont sortis les résultats de ses analyses qui se sont avérés positifs. On ne peut pas dire qu’il y a eu manquement mais plutôt un manque de conscience et de sens des responsabilités, néanmoins nous tirons les leçons qui s’imposent et prendrons les mesures qu’il faut pour que cela ne se reproduise plus » a-t-elle poursuivi, rappelant que selon le code pénal tunisien, les personnes qui enfreignent les consignes d’isolement en période d’épidémie sont passibles de 6 mois de prison et d’une amende de 120 dinars.

Nissaf Ben Alaya a ensuite précisé que la décision de fermer les établissements scolaires a été prise pour aider à limiter l’éventualité d’une propagation du virus en milieu scolaire, précisant toutefois que la période d’examens étant terminée il était plus simple d’avancer la date des vacances. Elle a expliqué que les écoles étrangères ne sont pas concernées mais qu’elles restent soumises aux consignes de sécurité énoncées par l’Etat tunisien.

 

Sur l’accostage à la Goulette d’un bateau arrivant d’Italie à bord duquel se trouvent 268 passagers, Mme Ben Alaya a précisé que les consignes appliquées depuis l’apparition du Convid-19 restent de rigueur, soulignant que les passagers y seront soumis et qu’un suivi sera mis en place.

 

44 analyses ont été menées aujourd’hui, dont une qui s’est révélée positive au Covid-19. Il s’agit donc du 6ème cas enregistré en Tunisie. A l’heure actuelle, les seules contagions détectées concernent la famille du second patient et les investigations se poursuivent. Un autre point de presse est prévu pour demain au ministère de la Santé. Il est à noter que l’OMS a mis en garde contre la propagation de fausses informations et de rumeurs concernant le Covid-19, raison pour laquelle le ministère tient à livrer quotidiennement et de manière régulière tous les développements liés à la situation en Tunisie.

 

 

Myriam Ben Zineb

 

10/03/2020 | 19:59
8 min
Suivez-nous
Commentaires
Microbio
Pouvons-nous contrôler 2000 personnes en quarantaine à domicile?
a posté le 11-03-2020 à 14:57
Pouvons-nous contrôler 2000 personnes en quarantaine à domicile?
Je dirais qu'il est presque impossible de vérifier si les nombreuses personnes mises en quarantaine à domicile à cause du coronavirus respectent les conditions des autorités.

Cependant, si trop de personnes sont concernées par la quarantaine, les autorités doivent supposer que les citoyens respectent les mesures prescrites.

Rabbi Yahdinè..
OUA
A Milan, tous les lits sont occupés par des patients Corona
a posté le 11-03-2020 à 14:07
Un confrère médecin d'un hôpital de l'est de Milan vient de rapporter que l'évolution de la maladie a également empiré chez les jeunes patients. Jusqu'à présent, les personnes âgées et les plus faibles couraient un risque aigu. Maintenant, cependant, le cours devient de plus en plus sérieux, même pour les patients jeunes et en bonne santé. Il n'y a également pratiquement aucun respirateur (artificiel) qui soit absolument nécessaire pour les patients atteints de coronavirus.

En attendant, le tri devrait commencer là. Cela signifie que vous ne donnez un traitement intensif qu'à ceux qui ont encore des chances de survie. Les patients âgés ou faibles ne reçoivent plus un maximum de soins, ce qui réduit considérablement leurs chances de survie. Le triage est en effet une procédure qui n'est prévue qu'en temps de guerre ou en cas de catastrophe extrême.

Des médecins et des infirmières expérimentés dans l'unité de soins intensifs sont particulièrement nécessaires pour traiter les cours difficiles. Dans les hôpitaux normaux, cependant, il n'y en a que le nombre normalement requis. Apparemment les hôpitaux ordinaires en Italie ne sont pas suffisamment équipés pour faire face à une épidémie.

Rabbi Youstorna !
Titou
At TH
a posté le 11-03-2020 à 09:19
Tout à fait d'accord avec vous. Mais le mensonge a les jambes courtes. Les gouvernants sont convaincus que la solution viendra des mosquées, car ils excellent dans l'obscurantisme et pas dans la science, donc il ne feront rien, pour la simple raison qu'ils n'ont ni les compétences et ni les moyens, à part noyer le poisson, en attendant des jours meilleurs. Mais d'ici là, ...... !
Jha
Réforme ...
a posté le 11-03-2020 à 09:05
De quoi faire réfléchir, et revenir en arrière en matière de formation médicale...
Remettre en avant la PREVENTION ... et pas que pour les infections !
Le régime alimentaire, le tabagisme, l'activité physique ... si les médecins s'occupaient plus de tout ça au lieu de distribuer des ordonnances pleines de médicaments ....
Hatem
Ils ont trouvé la parade !
a posté le 11-03-2020 à 09:03
Envoyer des positifs chez les koffars dans des avions de ligne et dire qu'ils ne savaient pas. Les vrais koffars sont les salopards qui commettent ce genre d'infraction puis vont à la mosquée.
TH
On ne nous dit pas tout
a posté le 11-03-2020 à 08:15
On ne nous dit pas tout.
Un article lu hier, daté du 04/3, et signé Ahmed Asmar d'Ankara, affirme que la Tunisie aurait atteint 996 cas et que la situation est au stade 2.
Certes, nous n'avons pas atteint les chiffres de l'Italie, mais cela ne saurait tardé si des actions correctives régionales ne sont pas prises à plusieurs niveaux.
Je ne suis pas médecin ni biologiste,et à ce jour, on ne connait pas l'ampleur des actions menées par le gouvernement dans les aéroports, dans les zones affectées, dans les établissements scolaires, au niveau des grandes surfaces, des cinémas, des salons de thé et cafés, des compétitions sportives etc. etc.
Ceux qui parlent presque quotidiennement de ce virus sont les plateaux de télé qui essaient tant bien que mal de faire intervenir des médecins spécialistes.
Est-ce suffisant je dis que non.