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Comment les physiciens envisagent (sérieusement) de voyager dans l’espace sans bouger ?
23/06/2025 | 12:05
3 min
Comment les physiciens envisagent (sérieusement) de voyager dans l’espace sans bouger ?

 

Et si l’avenir de l’exploration spatiale ne consistait pas à aller plus vite… mais à ne plus bouger du tout ? C’est l’idée, en apparence absurde, que défendent certains physiciens parmi les plus sérieux. Grâce à une étrange théorie appelée « métrique d’Alcubierre », il serait possible de se déplacer dans l’espace… en restant immobile. Explication d’un concept qui pourrait bien bouleverser notre manière de penser le voyage interstellaire.

 

Tout commence avec une limite bien connue : celle de la vitesse de la lumière. D’après la théorie de la relativité d’Einstein, aucun objet ayant une masse ne peut atteindre ou dépasser cette vitesse. Cela signifie que, même en voyageant à une vitesse proche de celle de la lumière, il faudrait des dizaines d’années pour atteindre les étoiles les plus proches. Une barrière infranchissable ? Pas tout à fait.

 

En 1994, le physicien mexicain Miguel Alcubierre propose une idée audacieuse : au lieu de tenter d’aller plus vite que la lumière, pourquoi ne pas… courber l’espace-temps autour d’un vaisseau ? L’image la plus parlante est celle d’un tapis roulant. Le vaisseau, posé dessus, ne bouge pas par lui-même. C’est le tapis (l’espace-temps) qui se contracte devant lui et s’étire derrière. Ainsi, le vaisseau semble se déplacer à une vitesse supraluminique, sans jamais briser les lois de la physique.

 

C’est ce qu’on appelle communément la « bulle d’Alcubierre ». À l’intérieur de cette bulle, l’espace est plat : les passagers ne ressentiraient ni accélération ni secousses. Mais vue de l’extérieur, cette bulle glisserait dans l’espace à une vitesse vertigineuse. En théorie, un tel engin pourrait rejoindre l’étoile Proxima du Centaure en quelques semaines au lieu de plusieurs années.

 

En 2025, le physicien américain Erik Lentz a relancé l’intérêt pour ce concept en publiant une nouvelle étude qui propose une approche différente de la bulle d’Alcubierre. Contrairement aux travaux initiaux qui exigeaient une énergie « négative » – une notion hypothétique et non maîtrisée – Lentz avance qu’un certain type de configuration énergétique, plus « classique » selon les lois connues de la physique, pourrait suffire à générer un effet similaire. Cela ne signifie pas qu’un tel voyage est pour demain, mais cela ouvre une brèche dans ce qui était jusque-là considéré comme pure science-fiction.

 

Malgré tout, de nombreux obstacles demeurent. Les quantités d’énergie nécessaires restent immenses. Les technologies pour manipuler l’espace-temps sont inexistantes. Et aucun prototype ou simulation concrète n’a encore vu le jour. Mais la communauté scientifique prend de plus en plus au sérieux cette idée de voyage par déformation de l’espace.

 

Ces recherches permettent aussi d’inspirer des innovations dans d’autres domaines, comme la propulsion spatiale, la modélisation cosmologique, ou même la physique quantique. Elles nous obligent surtout à revoir notre façon de penser le mouvement et la distance dans l’univers.

 

En attendant de pouvoir voyager dans une bulle spatiale, il est fascinant de constater que les questions autrefois réservées à la fiction deviennent peu à peu des objets d’étude sérieux. Voyager sans bouger, ce n’est peut-être pas pour demain… mais ce n’est plus une idée qu’on rit au nez

23/06/2025 | 12:05
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