La relation entre l'Iran et Israël, marquée par des décennies d'hostilité, a atteint un nouveau seuil d'escalade en 2024 et 2025, plaçant le programme nucléaire iranien au cœur des préoccupations mondiales. Les attaques directes et répétées entre les deux nations, notamment les frappes israéliennes sur des sites iraniens, ont ravivé les craintes d'un incident nucléaire aux conséquences potentiellement catastrophiques pour la région et au-delà.

La volatilité actuelle et les sites nucléaires iraniens ciblés

Le conflit Iran-Israël de 2024-2025 a été caractérisé par une série d'attaques sans précédent. Après une frappe israélienne sur un consulat iranien en Syrie en avril 2024, l'Iran a riposté par l'opération "Promesse Honnête" en avril 2024, lançant des drones et des missiles sur Israël. Israël a ensuite mené des frappes de représailles limitées.

Cependant, la situation s'est considérablement aggravée en juin 2025. Dans le cadre de l'opération "Lion Dressé", Israël a lancé une offensive militaire d'envergure contre l'Iran. De nombreuses installations nucléaires iraniennes ont été directement touchées par les missiles israéliens, notamment les usines d'enrichissement de Natanz et de Fordo, le centre de recherche d'Ispahan et le réacteur nucléaire d'Arak. Ces frappes visaient explicitement à empêcher Téhéran de se doter de l'arme nucléaire, une ambition que l'Iran a toujours niée, affirmant que son programme est exclusivement pacifique.

Les scénarios d'un accident nucléaire à l'heure du conflit

Dans ce contexte de guerre ouverte, les risques d'un accident nucléaire sont démultipliés et peuvent se matérialiser de plusieurs manières :

 * Dommages directs et rejets radioactifs suite à des frappes militaires :

   - Contamination à grande échelle : Les récentes attaques israéliennes sur Natanz, Fordo, Ispahan et Arak sont particulièrement alarmantes. Même si les sites d'enrichissement ne sont pas des centrales productrices d'énergie, des dommages structurels profonds pourraient entraîner la libération de matières radioactives, en particulier l'uranium enrichi. Bien que l'uranium ne soit pas aussi dangereux que les produits de fission d'un réacteur, sa dispersion, notamment sous forme de fines particules, pourrait contaminer des vastes zones, affectant l'air, l'eau et les sols.

   - Réacteur d'Arak : Un réacteur à eau lourde comme celui d'Arak, s'il était gravement endommagé, représente un risque plus élevé de dissémination de plutonium, une matière fissile directement utilisable pour des armes nucléaires et extrêmement dangereuse.

    - Conséquences sanitaires immédiates et à long terme : L'inhalation ou l'ingestion de particules radioactives pourrait provoquer des maladies aiguës, des cancers et des malformations congénitales. Les populations iraniennes et des pays voisins seraient les premières victimes, mais les panaches radioactifs n'auraient pas de frontières.

    - Crise environnementale et agricole : La contamination des terres agricoles et des ressources en eau entraînerait une crise alimentaire majeure et rendrait des zones inhabitables pour des décennies, nécessitant des opérations de décontamination massives et coûteuses.

 Accident opérationnel ou défaillance des systèmes de sécurité en temps de guerre :

   * Pression et imprécision : Dans un climat de guerre, la pression sur les opérateurs et le personnel des sites nucléaires est immense. Les systèmes de sécurité pourraient être compromis par des cyberattaques ou des tentatives de sabotage.

   * Centrale de Bouchehr : Bien que non directement ciblée dans les dernières frappes, la seule centrale nucléaire commerciale de Bouchehr reste une source potentielle de danger. Un accident majeur sur un réacteur en fonctionnement, même sans attaque directe, pourrait libérer une quantité considérable de matières radioactives, provoquant une catastrophe de type Tchernobyl ou Fukushima.

Les implications géopolitiques et internationales de l'inédit

Un accident nucléaire en Iran dans le contexte actuel aurait des ramifications mondiales :

 - Catastrophe humanitaire sans précédent : Des millions de réfugiés climatiques et nucléaires devraient être pris en charge, exacerbant les tensions régionales et la capacité d'accueil des pays voisins.

 - Effondrement économique régional : La contamination des territoires, l'interruption des activités économiques, et la panique des marchés mondiaux, notamment ceux de l'énergie, plongeraient la région dans une crise économique dévastatrice.

 - Réflexion sur la sûreté nucléaire : Un incident de cette ampleur remettrait en question les protocoles de sûreté nucléaire à l'échelle mondiale et la capacité de la communauté internationale à prévenir de telles catastrophes en temps de guerre.

 - Escalade militaire incontrôlable : L'attaque des sites nucléaires est une ligne rouge. Si l'Iran subissait une destruction majeure de ses installations, la riposte pourrait être d'une violence inouïe, plongeant le Moyen-Orient dans un conflit généralisé aux conséquences imprévisibles pour la sécurité mondiale.

L'appel urgent à la désescalade

Face à cette situation explosive, l'AIEA a une fois de plus réitéré l'importance de ne jamais attaquer des installations nucléaires, quelles que soient les circonstances, en raison des conséquences dévastatrices pour les populations et l'environnement. 

La situation actuelle est bien plus grave qu'il y a dix ans, comme l'a souligné l'ancien ambassadeur suisse Yves Rossier, car l'Iran se sent "dos au mur". La seule voie viable pour éviter un désastre nucléaire semble être une désescalade immédiate des tensions, un retour aux négociations diplomatiques crédibles et un renforcement drastique des inspections et de la transparence du programme nucléaire iranien. Sans cela, le spectre d'un accident nucléaire en Iran pourrait bien devenir une sombre réalité, avec des conséquences incalculables pour des générations.