
Contrairement à certains de ses confrères qui affirment que la décision finale du Conseil d’administration du FMI ne serait rendue qu’après les résultats des élections législatives et que celui-ci pourrait signifier un non à la conclusion de l’accord, l’expert a expliqué que le Conseil d’administration du FMI suivait son propre agenda et que la prochaine réunion se tiendrait, naturellement, le mois prochain. Il a rappelé qu’historiquement le Conseil d’administration du FMI n’avait jamais contredit ses experts.
Au sujet du programme présenté par le gouvernement tunisien, M. Boudriga a ajouté que les démarches de négociations avec le FMI avaient changé depuis 2008. Celui-ci n’impose plus de conditions spécifiques pour accorder son aide mais laisse plutôt les gouvernements lui proposer un programme de réformes qu’ils peuvent exécuter, selon l’expert.
Il a signalé, dans ce même contexte, que l’accord entre les parties sociales – la Centrale syndicale – et le gouvernement était le facteur principal qui a poussé vers la conclusion de cet accord préliminaire entre la Tunisie et le FMI.
Il a évoqué, par ailleurs, les points sur lesquels le FMI et le gouvernement tunisien s’étaient accordés notant que le bailleur de fonds les a mentionnés dans son communiqué. Selon le FMI, le programme de réformes des autorités tunisiennes devrait permettre de :
- Renforcer l’équité fiscale en prenant des mesures pour intégrer progressivement le secteur informel dans le système fiscal et en élargissant l’assiette fiscale pour assurer une contribution équitable de toutes les professions ;
- Maîtriser les dépenses et dégager un espace budgétaire pour l’aide sociale. Les autorités ont déjà pris des mesures pour maîtriser la masse salariale de la fonction publique et ont commencé la levée graduelle des subventions généralisées et coûteuses des prix, en procédant à des ajustements réguliers pour aligner les prix nationaux aux prix mondiaux, tout en offrant une protection ciblée adéquate aux catégories vulnérables de la population (notamment par le biais de transferts sociaux) ;
- Renforcer le filet de sécurité sociale en augmentant les transferts monétaires et en élargissant les dispositifs existants de protection sociale afin de compenser les ménages vulnérables de l’impact des hausses de prix ;
- S’engager dans un programme complet de réforme des entreprises publiques, en commençant par l’adoption d’une nouvelle loi les encadrant ;
- Accélérer les réformes structurelles visant à stimuler la concurrence et à créer un environnement transparent et équitable pour les investisseurs, en rationalisant et simplifiant les mesures d’incitation à l’investissement ;
- Renforcer la gouvernance et la transparence dans le secteur public, notamment à travers un diagnostic exhaustif de la gouvernance en vue d’établir une feuille de route pour les réformes ;
- Favoriser l’adaptation et renforcer la résilience aux changements climatiques en encourageant l’investissement dans les énergies renouvelables ainsi qu’à travers la gestion des terres et de l’eau (y compris les eaux usées), et en prenant des initiatives pour la protection du littoral tunisien, et des secteurs de l’agriculture, de la santé et du tourisme ;
- Préserver le pouvoir d’achat des Tunisiens face à une inflation élevée et en accélération. Pour renforcer la stabilité macroéconomique, la Banque centrale de Tunisie a commencé à resserrer sa politique monétaire.
M. Boudriga a souligné, par ailleurs, qu’une politique d’austérité ne pourrait être la solution aux problèmes économiques en Tunisie mettant en garde contre la détérioration de la machine de production. « La politique d'austérité pourrait créer un espace fiscal à court terme mais ne peut être la solution en cette période de stagnation économique ».
Le FMI a annoncé, samedi, que ses services et les autorités tunisiennes étaient parvenus « à un accord au niveau des services pour appuyer les politiques économiques de la Tunisie par un accord au titre du mécanisme élargi de crédit (MEDC) d’une durée de 48 mois et pour un montant d’environ 1,9 milliard de dollars », précisant que « le nouveau programme (…) vise à rétablir la stabilité macroéconomique, à renforcer les filets de protection sociale et l’équité fiscale, et à accélérer les réformes favorisant un environnement propice à une croissance inclusive et la création d’emplois durables ».
N.J.

