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Béji Caïd Essebsi, l’art de faire d’une pierre deux coups
13/08/2018 | 20:59
4 min
Béji Caïd Essebsi, l’art de faire d’une pierre deux coups

 

« La loi sur l'égalité successorale sera transmise à l’Assemblée », voilà la décision claire et ferme prise par le président de la République en cette journée nationale de la femme. Une annonce faite par Béji Caïd Essebsi lors d’un discours prononcé au palais de Carthage comportant plein de messages et de signaux politiques. 


Le 13 août est une date tant attendue par les observateurs de la scène nationale qui ont suivi de près toute la polémique déclenchée depuis la publication du rapport de la commission des libertés individuelles et de l’égalité (Colibe). Et c’est, précisément, le discours traditionnel du président de la République qui devait répondre aux multiples interrogations et attentes dans la mesure où c’est bien lui qui avait initié cette commission.

Ainsi, Béji Caïd Essebsi ne s’est pas fait attendre. Il a décidé de trancher le point le plus controversé du rapport, à savoir l’égalité de l’héritage. « L’égalité de l’héritage est l’un des points les plus marquants du rapport élaboré par la Commission des libertés individuelles et de l’égalité (Colibe). Cela dit, je n’ai pas un pouvoir décisionnel, ce point sera, donc, soumis au parlement sous forme d’un projet de loi, et on laissera le choix à l’héritière de renoncer au principe de l’égalité, si elle a un référentiel religieux. Notre volonté étant de rassembler le peuple et non de le diviser ».

Précis et déterminé, le chef de l’Etat n’a pas mâché ses mots en rappelant le caractère civil de l’Etat tunisien à multiples reprises dans son discours, rejetant tous les propos proférés par les détracteurs du rapport de la Colibe ayant affirmé la référence religieuse de la Tunisie. La constitution à portée de main, Béji Caïd Essebsi a tenu à rappeler que toute initiative entreprise ne peut que répondre aux dispositions de cette même constitution, élaborée et approuvée par le parti islamiste.

 

D’ailleurs, une bonne partie du discours présidentiel a été consacrée au parti islamiste. Béji Caïd Essebsi a tenu à recadrer, frontalement, son allié d’hier, lui rappelant son référentiel religieux malgré la remise en question exprimée par Ennahdha lors de son 10ème congrès. « Le parti Ennahdha m’a remis une lettre contenant sa position. Le parti approuve certains points et émet des réserves sur d’autres, et c’est évident. Nul ne peut contester son référentiel religieux malgré tout. Nous avons traité avec ce parti durant près de 3 ans et nous avons réussi à maintenir une stabilité relative grâce au consensus. En tout cas, je ne parlerai pas du contenu de la lettre et je laisse le choix à Ennahdha s’il veut la rendre publique ». C’est ainsi que Béji Caïd Essebsi a choisi de confronter le parti islamiste à ses bases. Une manière subtile de « coincer le parti Rached Ghannouchi, d’ailleurs absent de la cérémonie officielle, et le pousser à afficher aussi bien ses réserves que les points sur lesquels il est en accord ».  

 

Cela dit, la réponse du parti islamiste n’a pas tardé à venir, à travers la déclaration du président du conseil de la Choura, Abdelkarim Harouni qui a affirmé que « la base est de se conformer aux préceptes de l’islam. Les exceptions sont faites pour d’autres domaines et les recherches doivent être menées par des experts selon des règles et des conditions. Cela dit, le président de la République n’a pas approuvé le rapport de la commission des libertés individuelles et de l’égalité, appelant à approfondir le débat autour de ce rapport ». D’autre part, le président du conseil de la Choura du parti islamiste a indiqué que le président de la République a interprété l’article 2 de la Constitution pour rejeter le référentiel religieux de l’Etat tunisien omettant l’article premier qui précise que l’islam est la religion de la Tunisie.

 

Entre Ennahdha qui campe sur sa position et le président de la République qui a tranché une partie du rapport de la Colibe, des milliers de Tunisiens et Tunisiennes ont choisi de s’exprimer et faire parvenir leur voix à travers une manifestation massive tenue en cette fin d’après-midi à l’avenue emblématique Habib-Bourguiba. Munis de leurs drapeaux rouges et scandant des slogans prônant les libertés individuelles, les participants ont défendu les principes de l’égalité rejetant toutes les formes d’intégrisme et d’obscurantisme.

 

Toujours est-il, certaines personnes estiment que la décision du président de République constitue un pas de géant sur le chemin des libertés et de l’instauration de l’égalité, d’autres considèrent que la position du président de la République n’est pas à la hauteur de leurs aspirations dans la mesure où il ne s’est prononcé que sur un seul point du rapport de la Colibe, sans revenir sur la proposition concernant le Code des libertés individuelles.

 

En tout état de cause, la décision de soumettre le projet de loi sur l’égalité successorale est un pas important et constitue une première dans le monde arabo-musulman. Cependant, la polémique et le débat qui en découleront ne s’arrêteront pas de sitôt.

 

Sarra HLAOUI

 

13/08/2018 | 20:59
4 min
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Commentaires (11)

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Sandra
| 14-08-2018 18:54
Certains et certaines délirent, ils croivent tout est permis. Et ils oublient où leur place se situe exactement.

La démocratie c'est le respect de l'autre, la tolérance, la modération, la bienveillance.

Quelle éducation !!!!!




Sandra
| 14-08-2018 17:59
Vraiment khzit, vous n'arrêtez pas n'est-ce pas. Prenez les rênes chiche à votre place je le ferai, comme ça vous pouvez ramener le pays dans un bain de sang et de cette façon vous seriez débarrassé définitivement de khwanjiya. Ya akla alosfour.
Allons allons un peu de sagesse Madame. Arrêtez de vous adresser de cette facon immonde à un président de la République. Respectez au moins son âge. Ou c'est un peu trop pour lui.

Abir
| 14-08-2018 17:10
Monsieur le président perdre de votre autorité ça n'engage que votre personne,mais faire perdre la valeur des lois et de l'autorité à la Tunisie nous choque,les islamistes que vous bloque jusqu'en devenir une marionnette dans leurs mains laisse une poignée de Kwanjias vous défient et que certain nommé Ben Hassen,annonce qu'à partir de 13 Aout ne donnera plus de l'importance aux lois du pays,je crois que vous ne pouvez pas être fier de vous et de votre mandat ! Et je trouve que plus que vous avantagiez ces créatures de Kwanjias,plus qu'ils marcheront sur l'honneur du pays !

Lion
| 14-08-2018 14:57
Bce ne fait que jouer sur l'electorat feminin pour sauver son siege en 2019, ni plus, ni moins.
Autre chose soyez plus objectif en renvoyant tout ceux qui sont contre a l'islamique ou ennahdha. Si vous ne croyez pas c votre pb et vous ne pouvez pas rendre la tunisie un pays laic parce qu'il est islamique et le restera quoi que vous fassiez.

Microbio.
| 14-08-2018 13:54
Cher TATA, vous avez vraiment raison d'écrire:
"Les pour et les contres sont mentalement bloqués! Une pareille action faudrait la faire après les élections de 2019 ou elle aurait dû être déjà faite en 2014 (Saha Noum, Si Béji Caïd Essebsi)! "

La vieillesse, malheureusement, n´est pas synonyme d'intelligence politique. Car L'intelligence (et non pas de BLABLA!) on l´a ou on l´a pas (SOBHAN RABBI!).

Ce rapport (COLIBE) initié par BCE (Nida) était intentionnel et son intention était de préparer son équipe pour le thème fondamental de la campagne électorale des élections 2019.
Comme aucun autre thème n´a été trouvé pour taquiner bzw. affaiblir Ennahda,
alors il a recours, et par réflexe, de nouveau à la vieille arnaque de tout le temps.!
Et, soi-disant pour attirer les femmes de nouveau, à la Bourguiba manière, la question de la femme a été repoussé au-dessus!

Curieusement, Ennida et BCE ont totalement oublié que la Tunisie est dans une phase révolutionnaire. Gannouchi et BCE, et voir inconsciemment, passivement encore tolerés, de la population jeune de Tunisie. Ils sont vus comme prémiere obstacle au développement et aux buts de la révolution.

Les partis prétendument grands sont vus, par les JEUNES, comme forces anti-revolutionaires!

C'est seulement une question de temps que ceux-ci seront et definitivement repoussés.

Qui vivra verra!

mansour
| 14-08-2018 09:47
Tandis que Youssef Chahed se laisse endormir par Rached Ghannouchi et se dit fière du soutien et vote unanimes des députés islamistes freres musulmans salafistes d'Ennahdha au parlement pour garder son poste de chef du gouvernement

Imbécile gouverné par des imbéciles
| 14-08-2018 08:08
SEBSI A OUBLIER DE LIRE çA !!!!

Article 1 - La Tunisie est un '?tat libre, indépendant et souverain, l'Islam est sa religion, l'arabe sa langue et la République son régime.

TATA
| 14-08-2018 06:12
ce que le fils a commencé par détruire au profit d'Ennahdha son père l'a terminé à la perfection!

Je redonne une réflexion intelligente du commentateur @Microbio:
"Un meilleur thème de campagne électorale pour les élections de 2019, n´aura Ennahdha sûrement pas !
Etant donné que la plupart des Tunisiens sont très inexpérimentés, émotionnels et conservateurs, Ennahdha n'a besoin que de s'asseoir, attendre et voir ce que les électeurs en font.
On peut être curieux de savoir les conséquences pour les élections 2019, du soi-disant tactique à la "Renard" BCE, que signifiera pour l'avenir des Tunisiens"


Non. ce n'est pas le moment à quelques mois des élections législatives de faire une pareille connerie électorale!

Les pour et les contres sont mentalement bloqués! Une pareille action faudrait la faire après les élections de 2019 ou elle aurait dû être déjà faite en 2014 (Saha Noum, Si Béji Caïd Essebsi)!

Comprendre l'allégorie de la caverne de Platon:
http://www.sagesse-marseille.com/lhomme-sage/philosophie-dans-la-vie/le-mythe-de-la-caverne-de-platon.html

Zied31
| 13-08-2018 23:43
Dernier paragraphe, dernière ligne il faudrait dire "de sitôt" et non "d'aussitôt"

B.N : Merci d'avoir attiré notre attention.

Citoyen
| 13-08-2018 22:53
BCE à travers ses déclarations au jour du 13/08/2018 met en péril la vie de dizaine milliers de couples qui ont trouvé leur équilibre. Aujord'hui cette nouvelle réglementation va me mettre, en tant ue chef de famille devant deux situations ;
1- face à bonne-famille; qui ont profité de l'argent de mon beau-père sans se soucier qu'il y avait d'autres bénéficiaires
2- Face à ma famille; avec deux soeurs divorcées et en étant le seul oncle qui assume le tout.
La COLIBE n'était pas présentent que,d je défendais ma soeur juste parce que son ex-mari était jaloux de sa situation professionnelle,la COLIBE n'était pas présente non plus quand j'accompagnais l'un de mes neveux pour ses séances de psychothérapie....
L'Homme avec un Grand H préserve sa famille y compris ses neveux. La COLIBE préserve les pédophiles, les malades, et les ...