BCE veut réviser la loi électorale, pas la Constitution !
Le président de la République a adressé un long discours à la Nation ce mardi 20 mars 2018 au Palais de Carthage à l’occasion de la cérémonie de commémoration du 62eme anniversaire de la fête de l’Indépendance.
Devant l’ensemble des ministres, des hauts responsables civils et militaires de l’Etat, des hommes de médias et des représentants des partis (on notera toutefois l’absence remarquée de Moncef Marzouki et Hamma Hammami), Béji Caïd Essebsi a annoncé une initiative de réviser la loi électorale « avant les prochaines élections municipales ». Une commission se penchera à partir de demain sur la question a annoncé BCE. Toutefois, il n’a pas dévoilé les points dans la loi qu’il souhaitait réviser.

Par ailleurs, si le blocage concernant les élections de la future Cour constitutionnelle persiste, BCE a affirmé que « le gouvernement n’hésitera pas à proposer une modification de la loi organique n°2015-50 du 3 décembre 2015, relative à la Cour constitutionnelle », le but étant de faire baisser la majorité requise pour faire élire les 4 futurs membres, d’une majorité qualifiée des 2/3 des membres de l’ARP à une majorité absolue (plus de 50% des députés). La présence d’une Cour constitutionnelle permettrait au président de la République de proposer une révision constitutionnelle.
Evoquant la Constitution du 26 janvier 2014, le président de la République a indiqué que celle-ci était « imparfaite, mais qu’il ne proposerait pas d’initiative pour la réviser, car cela ne serait pas bon pour la stabilité juridique d’un pays » a-t-il expliqué. Toutefois, il a mentionné le fait qu’il n’a pas participé à sa rédaction et qu’il ne partageait donc pas tous ses articles, ouvrant timidement la porte à une révision constitutionnelle dans le futur.
Aussi, le président de la République a déclaré que le gouvernement mettra tout en œuvre pour accélérer l’adoption du Code des collectivités locales.
Sur un autre volet, BCE a qualifié la situation économique du pays de difficile, ce qu’il explique par plusieurs indicateurs : « La masse salariale a doublé, le déficit commercial s’est aggravé, il y a eu une dépréciation du dinar, une augmentation du taux de chômage et un ralentissement du taux de croissance » a-t-il déploré. Pour redresser la situation du pays, il invite toutes les parties au travail. Il a tenu à rassurer l’UGTT concernant les orientations sociales de la politique Etatique : « une bonne politique économique doit prendre en compte les aspects sociaux » a-t-il déclaré.
Le président de la République a également lancé un avertissement aux partis politiques, les invitant à cumuler leurs efforts pour sauver le pays : « les élections viendront après ! » a-t-il affirmé.
BCE a en outre relevé un contraste entre l’image « rayonnante » dont jouit la Tunisie à l’international ( il a lu des extraits de lettres adressés par Donald Trump et Emmanuel Macron pour féliciter la Tunisie à l’occasion de l’anniversaire de l’indépendance), et le pessimisme ambiant qui règne dans le pays.
Le chef de l’Etat a indiqué que la Tunisie est un Etat de droit, qui est géré par un gouvernement d’Union nationale issu de l’Accord de Carthage, auquel ont participé toutes les sensibilités politiques du pays : « On est contre l’exclusion » a martelé le président de la République. A ce titre, il considère que les partis politiques qui se sont retirés du processus de Carthage « ont commis une erreur ».
Enfin, le président de la République a affirmé que la Tunisie est un Etat souverain et indépendant depuis 62 ans, « n’en déplaise à tous les détracteurs » (en référence aux récents documents dévoilés par l’Instance Vérité et Dignité concernant une exploitation française des ressources naturelles tunisiennes). Il a aussi fustigé les déclarations de Samia Abou, estimant qu’elles sont inacceptables. La députée ayant qualifié Béji Caïd Essebsi de chef de la mafia…
N.B.G