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Chroniques
Balance ton prof !
Par Synda Tajine
13/12/2022 | 16:59
4 min
Balance ton prof !

 

A chaque mouvement d’indignation, une campagne sur les réseaux. De nos jours, la jeunesse actuelle ne manifeste plus dans la rue comme nous le faisions avant, du moins pas de la même manière et avec la même fréquence. Ils ont d’autres moyens bénéficiant d’une plus grande portée. Ils tweetent, postent sur Facebook et tiktokent.

C’est justement à cause d’une vidéo TikTok que Nour Ammar a été radiée de son lycée. Elle a exprimé sa colère et a dénoncé un professeur qu’elle a jugé insultant et harceleur. En réaction, elle n’aura plus le droit de poursuivre ses études dans son lycée.

 

Nous nous rappellerons tous de ces professeurs politiquement incorrects que nous avons subis à l’école, au collège, au lycée ou même sur les bancs des facultés. Ceux qui vous enseignent des informations erronées, mais refusent qu’on les corrige, ceux qui vous demandent de refaire un examen car ils remettent en doute votre intégrité et vous accusent d’avoir triché, ceux à qui il faut acheter les faveurs, et tous ceux qui ne se remettent jamais en question.

Dans  ma génération, la génération Y, mais aussi celle qui l’a précédée, la X, on nous a appris que le professeur était un prophète et qu’il ne se trompait jamais. Un vieux bagage hérité des générations précédentes qui considéraient l’enseignement comme un privilège accordé aux plus chanceux.  Pour nous, le professeur doit être respecté, jamais corrigé, jamais interrompu, ni remis en cause. Ceci nous a permis de côtoyer tout au long de notre scolarité de véritables modèles qui nous ont poussé vers l’avant et donné des ailes mais aussi d’autres qui nous ont brimés, rabaissés et coupés dans notre élan. Mais nous avions rarement le droit de protester. Le droit de s’indigner contre ses aînés, de leur demander des comptes et de leur dire leurs erreurs ne nous était pas accordé.

On se rappelle toujours de ce professeur qui nous dit que nous ne pouvons choisir la spécialité de nos rêves car nous ne sommes pas suffisamment intelligents, de celui qui ricane en nous écoutant au tableau car nous ne sommes pas suffisamment rapides, et de tous les autres qui vous ridiculisent en classe, devant nos camarades, à un âge où notre estime de soi et notre confiance sont à construire. Ceci vous marque et ne vous quitte, parfois, jamais. Dans les exemples que je pourrais vous citer, nombreux d’entre vous pourraient se reconnaitre. Certains souvenirs sont en effet indélébiles et influencent négativement vos décisions et vos choix d’adultes.

 

La toile s’est indignée ces dernières semaines du renvoi de la jeune Nour Ammar. Reprenant les paroles de Another Brick In the Wall des Pink Floyd – chanson engagée mythique de la fin des années 70 - les publications ont été accompagnées du hashtag « leave them kids alone », ou laissez ces enfants tranquilles. Les internautes, pas seulement ceux de la génération Z, mais tous ceux ayant été traumatisés par un prof, ont pris la parole. Semblable à la campagne « balance ton porc » ou « balance ton hôpital » - mais avec certes moins d’ampleur – cette nouvelle campagne sur les réseaux a permis le temps qu’elle a duré de démystifier de très nombreux mauvais souvenirs.

Elle a aussi permis de rappeler que la génération Z possède une chose que nous n’avons pas eue. Le pouvoir de la parole et la facilité de l’exprimer sur les réseaux. Ceci ouvre évidemment la porte à toute sorte de dérapages mais permet aussi de faire parvenir la voix de ceux qu’on n’aurait pas pu entendre autrement.

 

Ce que Nour a fait est évidemment discutable et interprétable, mais son message d’indignation a permis d’ouvrir la boîte de Pandore et dire haut et fort que même si un prof a un ascendant sur vous, de par son statut, son âge ou son métier, il n’a nullement le droit de vous rabaisser, de vous insulter ou de vous faire douter de vous-même.

Le rôle d’un professeur n’est-il pas de vous transmettre ses connaissances et de vous permettre de tirer au maximum profit de l’enseignement qu’il vous prodigue ? Que penser donc d’un enseignant qui vous empêche de poursuivre vos études en réaction à son égo égratigné ? N’est-ce pas faillir à sa mission première, celle d’enseigner et – soyons fous – d’éduquer, ses élèves ?

Mais, comme disait Roger Waters, « après tout, vous n'êtes qu'une brique de plus dans le mur », autant apporter positivement sa pierre à l’édifice…

 

Par Synda Tajine
13/12/2022 | 16:59
4 min
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Commentaires
Gg
Souvenirs...
a posté le 17-12-2022 à 11:36
En même temps, nous avons tous en mémoire deux ou trois profs qui ont su créer en nous l'envie d'apprendre, et ont déterminé nos choix ultérieurs. Notre vie. Pour moi, ce sont un prof de mécanique et un prof d'électronique.
Je me souviens particulièrement du prof d'électronique, en début de cours il nous faisait une courte révision des notions de maths indispensables, et nous faisait comprendre en une demi heure ce que le prof de maths n'avait pas su expliquer en six heures!
Il nous avait dit un jour qu'il n'avait pas le temps de finir le programme, alors il nous avait proposé quatre heures de cours supplémentaires les samedis matins, facultatives.
Nous étions tous là!
Merci, Monsieur Hubé...
Et un prof de français, qui nous parlait de Platon, Aristote, Montesquieu... Tout cela hors programme.
Merci à vous, chers professeurs!
Lassaad
Parole d'un professeur qui a su rester un enfant
a posté le 16-12-2022 à 14:47
Malheureusement, madame, je ne peux que confirmer votre diatribe. De ma scolarité, je garde plus d'amertume que de bons souvenirs. De ma première année du primaire jusqu'au dernier jour à l'université, j'ai souffert des discours de certains enseignants qui profitent d'un auditoire désarmé pour déverser leur venin. Je regarde impuissant, maintenant, que je suis de l'autre côté du miroir, des collègues dégoûter une Jeunesse prometteuse du savoir, aidés en cela par des programmes abrutissants. Victime moi-même, je me suis juré d'être du côté des plus vulnérables. J'espère, au crépuscule d'une carrière qui a rempli ma vie de bonheurs, que je n'ai pas failli à mon sermon.

Fehri
Le bon sens
a posté le 15-12-2022 à 04:48
J'ai travaillé avec IBM, Sunlife, fireman's fund,CGI et le gouvernement de l'Ontario . Tous exigent conformité et confidentialité faute de quoi licenciement immédiat. Cela n'a rien avoir avec la génération. Absolument rien!
Tunisie va mal
NI Professeur ni artiste
a posté le 14-12-2022 à 14:08
Ce prof doit absolument voir ce que a fait LE MUSICIEN José Antonio Abreu a la jeunesse perdue de la Venezuela et la création du programme SISITEMA qui a donné des étoiles comme le Maestro DUDAMEL.
Nos prof renvoient des élèves brillants et doués WALLAH CHEY IBAKI
NB : je suis pour les sanctions mais jamais la destruction de l'avenir d'un mineur. Mr Rmili vous n'estes fait ni pour l'enseignement non plus pour l'art . cherchez votre place ailleurs loin de cette jeunesse déjà souffrantes.
Christian
Les « Profs »
a posté le 13-12-2022 à 22:44
Excellente votre indignation envers le corps professoral, imbu de leur petite personne. Oublient-t'il qu'à vaincre sans péril, il triomphe sans gloire ?

Je suis d'une autre époque que la vôtre et j'ai subit les mêmes brimades sans avoir le droit de me justifier et de répondre.

Je ne compte pas les coups de règles sur les doigts joints, les cheveux tirés pour faire mal, le piquet. Je n'ai pas connu le bonnet d'âne qui aurait été le summum de la honte.

J'étais scolarisé à l'école des garçons de Maxula Rades. Je me souviens d'une punition que j'ai eue, pour je ne sais plus qu'elle raison. Ces pages d'écritures débiles m'ont occupé tout un week end.
'?tudes supérieures, je ne comprenais rien à une démonstration sur les torseurs, notion utilisée en mécanique. Je pose une question, le prof me répond « Vous avez atteint votre niveau maximum, vous perdez votre temps », devant toute la classe qui s'est mise à rire. Sympa !
La jeunesse nous donne cette faculté d'oublier facilement. Oublier, mais pas définitivement. A 76 ans, j'y pense encore.

Si j'avais un conseil à donner à toute la jeunesse, c'est de laisser dire sans abdiquer. J'ai poursuivi mes études d'ingénieur et terminé divisionnaire. Bon courage