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Chroniques
Augmentation des tarifs des cliniques : Honteux, scandaleux et criminel
29/04/2018 | 18:24
3 min

Par Sofiene Ben Hamida

 

Honteux, scandaleux et criminel à la fois. C’est ainsi que l’on pourrait qualifier la décision des cliniques privées d’augmenter de 30 pour cent leurs tarifs des interventions chirurgicales. Ni en Tunisie, ni dans aucun autre pays dans le monde ; dans n’importe quel secteur, qu’il soit stratégique ou même insignifiant ; dans les crises les plus graves comme dans les périodes de prospérité, nous n'avons vu des prestataires de service augmenter leurs honoraires du tiers en une seule fois.

 

Dans un communiqué rendu public vendredi dernier, la chambre syndicale des cliniques privées a annoncé l’augmentation des tarifs des interventions chirurgicales dans les cliniques privées de 30 pour cent et ce à partir du 1er mai prochain.

Le communiqué justifie cette hausse des tarifs décidée d’une manière unilatérale par les pertes accumulées des cliniques privées, la stagnation des tarifs contractuels avec la CNAM depuis 2007, l’augmentation des prix des équipements et des produits ainsi que la dévaluation du dinar tunisien.

Le communiqué avoue enfin que cette augmentation sera supportée par les seuls patients. Pour toute réaction, la CNAM et son département de tutelle, le ministère des affaires sociales, ont annoncé dans un communiqué lapidaire publié samedi, que la décision unilatérale émanant de la chambre syndicale nationale des cliniques privées d’augmenter les tarifs contractuels des interventions chirurgicales de 30% est « contraire à la convention, à la loi et aux engagements » et nuit « aux relations contractuelles basées sur le partenariat responsable ».

 

Bref, un communiqué minimaliste qui ne dégage aucune position et dénude même le désarmement de l’Etat et son impuissance en pareilles circonstances. En effet, il faut avouer que les cliniques privées sont dans leur droit de chercher à sauvegarder leurs investissements, générer un profit et garantir la pérennité de leurs entreprises.

Le secteur privé n’a pas la même vocation, ni les mêmes obligations que le secteur public. Il offre des prestations, de qualité si c’est possible, en échange d’honoraires conséquents. C’est la logique implacable de la loi du marché ; et c’est partant de cette logique que la décision de la chambre syndicale nationale des cliniques privées est compréhensible et justifiable.

 

Par contre, ce qu’on pourrait reprocher aux cliniques privées, c’est le côté anti commercial de cette hausse qui ne manquera pas de rendre les patients, ou du moins une partie d’entre eux, par réaction ou par manque de moyens, plus récalcitrants et réfléchir à deux fois avant de choisir d’aller dans une clinique privée.

Ce que l’on reproche aussi aux cliniques privées, c’est d’avoir largement profité de la manne financière et des liquidités que leur offrait la CNAM depuis sa création en 2004 jusqu’aux dernières années. Aujourd’hui, sachant que les difficultés de la CNAM sont désormais structurelles, la poule aux œufs d’or est devenue un boulet que les cliniques privées voudraient bien s’en débarrasser.

 

On pourrait aussi reprocher à ces cliniques privées un tas d’autres griefs à commencer par les chèques de garantie, la qualité des services et de l’hébergement, la surfacturation des soins, sans parler des autres pratiques frauduleuses dans certaines cliniques, comme les notes d’honoraires des médecins non conformes et l’exigence du paiement en cash.

 

Maintenant que le mal est fait et que la résiliation de la convention entre la CNAM et les cliniques privées s’est faite d’une manière unilatérale, il serait peut-être temps de penser à la mise à niveau du secteur public de la santé.

Rappelons qu’au début des années 2000, l’Etat avait assuré qu’il allait rénover les hôpitaux, les équiper et les doter des moyens financiers et humains pour les rendre compétitifs avec les cliniques privées. Nous savons maintenant que l’Etat a arnaqué les Tunisiens et que la création de la CNAM a profité surtout au secteur privé. Il est peut-être temps que la CNAM retrouve sa vocation sociale et se concentre sur le secteur public exclusivement.

Les Tunisiens qui préfèrent aller dans des cliniques privées pourraient se faire rembourser par les assurances privées qui proposent toujours leurs services dans ce domaine.

29/04/2018 | 18:24
3 min
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Commentaires (24)

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GHAZALI
| 02-05-2018 12:07
Ainsi donc l'intox est le maître mot des campagnes des grands patrons ou qui se prétendent ainsi ,
1-Comment peut on invoquer des pertes structurelles causées par les arriérés de la CNAM alors que les indicateurs de gestion durant les AGO des SA des cliniques affichent des résultats positifs?
2-L'autre explication que les Gestionnaires veulent passer sous silence consiste en des créances accrochées et non recouvrées auprès des clients libyens et estimées selon les propres déclarations des cliniques !
3- Ces mêmes structures de santé privée se permettent d'exiger des avances sur séjour de 3000,000 sinon plus alors que que pour d'autres les crédits sur facture sont ouverts !

Avant de taper sur les malades tunisiens qu'ils aillent récupérer les 70.000,000 d'impayés malgré les cautions des autorités du pays voisin

Il faut boycotter "ces grands Seigneurs "et leur infliger des contrôles fiscaux rigoureux et nous verrons le résultat .il est évident de voir leur signes extérieurs de richesse C'est HONTEUX !!!

safsaf123
| 01-05-2018 19:50
Pour infos la lybie à une ardoise auprès des cliniques de plus de 200 millions de dinars. Ces derniers n'ont rien foutu pour que les lybiens règlent le montant par exemple en refusant de soigner les lybiens. Par contre avec leur pays exangue ils musclent leurs langages. Pour rappel aussi les médecins sont les champions de fraude fiscale. Certains déclarent gagner en un mois moins qu'un smicart. Bref une majorité de **** même s'il faut avouer qu'ils sont compétents mais quand on est citoyen et que l'état à dépensé des fortunes pour les former les médecins doivent commencer tous les autres citoyens leurs impôts

'? sofiene
| 30-04-2018 20:11
Je suis médecin HU et je partage ton avis si sofiene...bravo et sois tjs égale à toi...bravo

A_Zut !
| 30-04-2018 19:19
De telles décisions font tout le charme du secteur privé, pratiquement débridé sous cette Seconde République (issue, faut-il le rappeler, de la "meilleure Constitution au monde") !

Vous comprenez maintenant pourquoi certains courent derrière, et d'autres (la masse) devant la privatisation ?

Gg
| 30-04-2018 17:43
Cette augmentation brutale et inique est une conséquence de la décrépitude économique.
Il faudrait nettoyer le pays, ramasser et trier les déchets, les traiter, même basiquement. Cela peut, doit se faire au niveau des communes. Au lieu de passer ses journées au café, on ramasse.
En même temps, restaurer la tolérance, de moeurs et de religion.
Alors pourront revenir les touristes, en masse, et avec eux les devises et le travail pour les plus mal formés.
Ensuite, on fait rentrer l'impôt en même temps que l'on chasse sévèrement l'économie parallèle.
Alors l'état retrouvera des recettes, et donc la CNAM, et donc les personnels soignants pourront être payes et les médicaments fabriqués ou achetés...

takilas
| 30-04-2018 17:27
Lors troïka, nahdha a tout préconisé pour avoir des rentrées d'argent de partout et en tout.
Ils se sont comporté comme si la Tunisie est la leur, et que lors de leur descente de l'avion qui les à ramené de Londres en 2011, qu'ils ont obtenu les clés pour avoir non pas un état parallèle, mais pour s'approprier l'état tunisien lui-même, et ce comme leur ont laissé croire leurs commanditaires, qui les ont réfugiés, en gâtés, et qui ont livrés de la part de Ben Ali le naif en tant que boucs émissaires (puisqu'ils ont ils ont des antécédents de malfrats et dont leurs dossiers en justice sont sales donc aptes à leur servir de leur frayer un chemin vers le pétrole libyen une fois qu'ils auront la gouvernance, d'autant que lesdits commanditaires ont, certainement, fait croire et promis à Ben Ali qu'il sera leur chef indéfectible.
Mais, il faut rappeler que la défaite électoral de nahdha en 2014, à énormément chambardées tous ces plans de traîtrise au peuple tunisien, et leurs manigances se sont, dès lors, découvertes de plus en plus au fil des dernières années surtout que l'apport d'argent, comme celui parvenu à l'agence de Tataouine, s'est fait de plus en rare, ce qui fait que la tension et la nervosité parmi ce clan mafieux de nahdha s'accentuèrent et perdirent tout contrôle ne sachant plus en quoi s'accrocher pour répéter la duperie au peuple tunisien ; même avec le petit espoir d'élections municipales avec lesquelles ils espèrent du peu qu'il soit , trouver pour quelque temps d'autres influences et mensonges calquées sur celle d'utiliser la religion comme moyen indécent et ridicule, que tout le monde s'en est rendu compte de sa futilité en d'une part, et de la bassesse et ce clan ignoble d'autre part, dont il sagit comme seul objectif qui leur permettra entre autre de sauver leur peau des innombrables accusations et procès à leur encontre.

Microbio.
| 30-04-2018 17:24
Je suis moi-même médecin spécialiste et écris des factures à des patients privés dejà depuis 35 ans. Je ne connais que la dernière version 2002 des frais GOA pour les médecins !
Une reforme de la version 2002 sera eventuellement pour la fin de cette annèe!

J'espère qu'on parler ici de la même chose:
GO'? c'est la tarification officielle pour le traitement des patients privés.

Bonne Journée

nabli
| 30-04-2018 17:07
bcp de ce que vous dites est faux ... il n'y a pas augmentation des tarifs des cliniques de 30% mais uniquement un 30% sur la différence supportée déjà par le patient par rapport à la prise en charge par la CNAM .. et d'ailleurs dans le sens d'un alignement sur le secteur privé ... car peut être vous ne le savez pas : un acte chirurgical coute plus cher à la CNAM dans un hôpital que dans une clinique ... c'est paradoxal ... mais c'est les tarifs de la CNAM ... bien évidemment la CNAM ne paye jamais les hôpitaux (d'où d'ailleurs les problèmes de notre santé publique) mais est obligé de payer le secteur privé ... la CNAM est en fait comme beaucoup de nos administrations illogiques dans leur raisonnement ... quant le communiqué de la CNAM dénonce une comportement des cliniques non conforme à la convention signée avec eux, il oublie de dire que la CNAM elle même était depuis longtemps non conformeà cette même convention ... car dans la convention, il y a l'engagement du payement dans les 15j, il y l'instauration d'une révision des cout tous les 3 ans, ...etc ... aucun de ces engagements n'est d'ailleurs respecté par la CNAM malgré toutes les tentatives de vouloir trouver un compromis ... la décision du syndicat des clinique n'est pas unilatéral ... il est la conséquence finale de tant de réunions avec la CNAM pour essayer de trouvez un compromis ...
.... et puis que dites vous par rapport au médecins spécialistes qui facturent leur consultation à 50 voir 70 dt quant la convention avec la CNAM est à 35 ... et ce depuis très longtemps ...
... c'est dommage pour vous en tant que journaliste de tomber dans le piège émotionnel d'un tel sujet sensible avec un titre évocateur d'une méconnaissance totale du systéme de santé ...
j'espère réellement pour vous que vous n'aurez jamais besoin d'un service médical public ... et encore plus privé maintenant puisque c'est honteux, criminel et scandaleux pour vous :)

Rationnel
| 30-04-2018 16:57
Les taux d'inflation en Allemagne depuis 2010 était de: 2010: 1,10 %, 2011: 2,07%, 2012: 2,01%, 2013: 1,50%, 2014: 0,91%, 2015: 0,23%, 2016: 1,68%, 2017: 1,74%. L'inflation en Allemagne n'a pas dépasse les 5% au total depuis 2010, en 2010, un dinar était 0,52 euro, en 2018 1 dinar tunisien rapporte 0,34 euro. Soit une baisse de 53%. La majorité des équipements et une grande portion des médicaments utilise par les cliniques est importée. Donc on doit prendre en considération l'inflation, les augmentations des salaires, et la dévaluation du dinar quand on compare les prix en Tunisie a ceux pratiques en Allemagne.

Les médecins allemands sont très bien payes, un radiologiste reçoit un salaire annuel de 300 milles euros (https://www.germanjobs.com/2016/09/26/salaries-for-doctors-in-germany-what-can-you-expect-to-earn/), l'Allemagne est devenue la destination favoris des médecins Tunisiens en quête d'exil malgré l'obstacle de la langue et le risque de se trouver dans une zone rurale en Allemagne.

Gg
| 30-04-2018 16:44
Outre cette hausse brutale et considérable, le secteur privé profite d'une étrange coutume qui consiste, pour les médecins du public, à recommander aux malades d'aller se faire soigner dans le privé, s'ils veulent être bien soignés.
J'ai constaté cela chaque fois qu'un membre de ma belle famille à dû se faire opérer. Soit 8 opérations en tout.
Cela dénote une connivence d'intérêts entre le public et le privé totalement insupportable, et c'est aussi une façon de dire au malade que s'il n'a pas d'argent, il peut crever.
Et justement cette augmente condamne plus de pauvres, plus de 30%...
Bref, c'est degueulasse.