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Chroniques
Abdelkader, Youssef et Hammouda ne seront pas les derniers…
Par Synda Tajine
15/04/2025 | 16:59
5 min
Abdelkader, Youssef et Hammouda ne seront pas les derniers…


Ils s’appelaient Abdelkader Dh'hibi, Youssef Ghanmi et Hammouda Messâadi. Ils avaient entre 18 et 19 ans. Ils ne connaîtront jamais la joie de décrocher leur baccalauréat, de rêver à une carrière, de construire la vie à laquelle ils aspiraient. Leurs parents, leurs frères et sœurs, leurs amis et proches, se sont couchés, hier soir, avec la morsure d’une perte brutale, insoutenable. Ils ont été broyés par une école censée les protéger.

 

Une colère à la hauteur de la douleur


Le choc a traversé le pays comme une déflagration. Dans les rues, sur les réseaux sociaux, la douleur s’est muée en colère : pneus brûlés, établissements en grève, slogans criés et partagés — « Les enfants sont morts à l’école… », « Sa mère était rassurée de le savoir en classe pendant qu’un mur l’écrasait… ». Des phrases déchirantes, une onde de choc nationale, brisée par le mur du silence des autorités.

 

Un pouvoir absent, une réaction glaciale


Hier, un pays tout entier retenait son souffle, suspendu à la page Facebook de Carthage. On attendait un mot, un geste, une parole présidentielle pour pleurer le drame de Mezzouna. Mais le pouvoir avait la tête ailleurs. Ce n’est qu’à deux heures du matin qu’un communiqué a été publié. Froid, clinique, distant. Le président y évoque un « mauvais sort », promet des « sanctions » et conclut, sans frémir, qu’il faut une « révolution des mentalités ». Comme si l’on pouvait enterrer trois vies avec des formules toutes faites et toujours aussi déconnectées de la réalité.


À l’heure où ces lignes sont écrites, aucune réaction officielle du ministère de l’Éducation. Pas un mot. Pas un déplacement. Aucun responsable n’a pris la peine de présenter ses condoléances aux familles, d’affronter leur douleur, de regarder en face les conséquences de leur négligence. Ces enfants sont morts à l’école. Non pas à cause d’une fatalité, mais à cause de l’effondrement littéral — et symbolique — d’un système. L’école n’est plus un espoir d’ascension sociale. C’est devenu un lieu où l’on espère simplement que nos enfants rentrent vivants. Cette chance, Abdelkader, Youssef et Hammouda ne l’ont pas eue. Paix à leurs âmes.
Mais ce qui est peut-être encore plus insupportable, plus amer que la tragédie elle-même, c’est cette certitude glaçante : rien ne changera.


Une série de drames trop familiers


Le drame de Mezzouna n’est pas une exception. Il est la conséquence logique d’un pays où l’on meurt de murs qui s’effondrent, de fenêtres qui cèdent, d’ascenseurs jamais réparés. En septembre 2024, à Sfax, un homme est mort à cause de l’effondrement d’un mur d’un bâtiment abandonné. En novembre 2024, un élève de quatorze ans a été éjecté d’un bus scolaire bondé, par une fenêtre cassée. En 2023, des plafonds se sont effondrés dans des écoles à Sidi Bouzid, Monastir et Tozeur. En décembre 2020, Badreddine Aloui, jeune médecin de 26 ans, est mort dans l’hôpital où il travaillait, après une chute de cinq étages, faute d’un ascenseur en état de marche. En 2019, à Jendouba, Maha Gadhghadhi, alors âgée de douze ans, a été emportée par les eaux alors qu’elle traversait l’oued pour se rendre à l’école. En 2019 aussi, douze bébés sont morts au service de néonatalogie de l’hôpital Wassila-Bourguiba à Tunis.

Depuis, l’infrastructure des écoles a-t-elle été améliorée ? Celle des hôpitaux est-elle désormais aux normes ? Qu’en est-il de toutes ces écoles délabrées et inaccessibles, dans lesquelles des milliers d’enfants sont scolarisés un peu partout dans le pays ?


L’État regarde ailleurs


Et pendant ce temps, l’État est préoccupé… par les murs de Facebook, comme l’a si cruellement résumé un internaute, en référence aux poursuites engagées contre les utilisateurs de réseaux sociaux. Pendant que l’on traque des statuts, les murs des écoles, eux, s’écroulent. Et tuent. 


On a vu le pouvoir s’enflammer pour bien moins que cela. Au moindre soupçon de complot, le chef de l’État est monté au créneau, a convoqué l’arsenal des discours et des limogeages. Combien de hauts responsables ont été congédiés, accusés de défaillances, de trahison, de complaisance — parfois sans preuves, souvent sans procès — depuis 2011 ? Combien de fois a-t-on entendu des diatribes enflammées contre de supposés conspirateurs tapis dans l’ombre ?


Et voilà qu’un drame national, un manquement d’une gravité indiscutable, un échec institutionnel criant, passe dans le plus glacial des silences. Pas un mot plus haut que l’autre. Pas une colère, pas un blâme. Mais, il serait trop facile de tout imputer au manque de ressources de l’État. Car ce qui tue, ce n’est pas seulement la pauvreté, c’est l’indifférence. Ce sont les appels d’offres bâclés, les chantiers inachevés, la maintenance jamais assurée, les responsabilités diluées dans la bureaucratie. Ce sont aussi les marchés attribués sans contrôle, les inspections fictives, les rapports ignorés. Il y a, derrière chaque mur effondré, toute une chaîne humaine de renoncements, de négligences et parfois de compromissions.

L’effondrement est collectif — il commence bien avant que les briques ne tombent. Ce pouvoir n’a pas besoin de comploteurs pour saboter ses propres efforts. Il s’en charge très bien tout seul...

Par Synda Tajine
15/04/2025 | 16:59
5 min
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Commentaires
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Exercices obligatoires
a posté le 16-04-2025 à 16:45
Moi qu'avait fait partie des  guide-files et serre-files (bénévoles) qui sont les premiers maillons de la chaîne de secours liés à l'évacuation. Ainsi, en cas d'incident, ils doivent prendre rapidement connaissance de la situation.

Exercice d'évaluations tous les mois

'?a me fait très très mal au c'?ur de voir qu'on est très très loin du monde développer..
Et des enfants meurent bêtement alors qu'on aurait pu l'éviter et épargner ces pauvres gens d'une douleur la plus atroce

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Correction
a posté le à 17:48
Monde développé
Citoyen_H
@ ******* 16-04-2025 à 13:29 PAS TOUT à FAIT
a posté le 16-04-2025 à 16:27
"Les syndicats chez nous sont là que pour la destruction"

Les chléyék, à la tête de ces usines d'armes à destruction massive, feront de leur mieux pour contrecarrer toutes les décisions de l'Etat et semer la discorde au moindre incident, ayant un rapport ou pas avec les travailleurs, afin de perdurer à leur poste, opportunité de plusieurs vies, pour se remplir les poches à l'aide de pelleteuses, en "catimini", ta7tt hiss, miss !!!!!


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Le rôle de syndicats
a posté le 16-04-2025 à 13:29
De la Prévention à la Protection des Travailleurs le rôle des Syndicats
Le droit à la santé et sécurité au travail est un droit fondamental de l'homme et le travail décent implique un travail en toute sécurité. Parmi les principaux acteurs du monde du travail, les syndicats ont un rôle actif à jouer dans la construction d'une culture de la prévention sur la santé et sécurité au travail, à la fois au niveau national et sur les lieux de travail.

Les syndicats chez nous sont là que pour la destruction
Nephentes
Ils ne seront pas les derniers
a posté le 16-04-2025 à 10:01
L'autocratie de Saed empêche toute initiative préventive voire toute analyse critique de l'existant c'est à dire une analyse objective mettant clairement en avant les problématiques les causes racines et les moyens nécessaires y compris les réformes de rupture

Le tout au sein d'une administration aux mains des cartels semi-mafieux et dans le cadre d'un contexte de rétention et/ou de manipulation de l'information transmise à l'équipe présidentielle

Le mur et le dortoir de Mezzouna il y en a des centaines à travers le pays

C'est le degré zéro de la médiocratie
Abidi
Mauvaise augure
a posté le 15-04-2025 à 22:03
Vous oiseaux de malheur, vous ne faites que parler et ne dire que du mal d'ailleurs c'est ce que vous apportez à ce pays,on espère qu'il n'y aura plus de victimes, victimes dont vous citez les noms, est ce que vous les connaissez ou est ce que vous vous êtes jamais soucies du sort des autres, bien sûr que non, il n'y a que l'hypocrisie qui guide vos pas et vos pensées, que Dieu nous garde de ces oiseaux de mauvaise augure
Libre
Magnifique
a posté le à 11:34
Magnifique votre logique. Donc la presse ne doit rapporter que les évènements heureux pour ne pas être traité de oiseaux de mauvaise augure !!! Une presse novembrienne, que dis je! juilletiste, qui nous fera bien avancer !!! Qu'est ce qu'il faut pas inventer ! Vous devez lire "discours de la servitude volontaire" ou encore "1984".
DHEJ
La réplique est venue de Kasserine...
a posté le 15-04-2025 à 20:30
Zaquafouna ton argent est fini!
Patriote
Ajouter l huile sur le feu
a posté le 15-04-2025 à 17:25
Profiter des malheurs des autres pour attaquer le pouvoir!!!!
Un 4ème pouvoir doit participer à la solidarité de tout ke monde afin de pouvoir dépasser les périodes difficiles
Sachant que les drames et les accidents surgissent partout dans le monde et qu on voit tout le monde s'unir pour aider et non attaquer
Libre
Non non non
a posté le à 11:37
Non, n'attaque pas le pouvoir. Le pouvoir est infaillible. Il ne se trompe pas...dans nos contrées. Ce n'est que des complots. Il n'y a que des comploteurs qui manipule, entre autres, le vent. Ah désolé, je me suis trompé, c'était le destin cette fois ci !
Citoyen_H
VOUS PERDEZ VOTRE TEMPS.....
a posté le à 21:19
L'occasion fait le larron.
Le milieu pourri qui s'est profondément enraciné au sein de notre NATION, a excellemment fructifié, et les fruits rongés par la vermine, prirent le pas sur la bonne marche, de ce que fut notre NATION, avant le débarquement des ravageurs brouettistes.
Ils corrompirent 95% du pays.
Vous comprenez leur amertume depuis le 25 juillet BENI, et leurs réactions, dès qu'un événement malheureux se produit. !!
Après l'épisode du faible taux de pluviométrie, les voilà tous qui s'engouffrent dans l'avènement du mur qui s'est effondrait tuant trois jeunes élèves.
Dans un pays composé de plus de 90% de rkhass, de vendus et de traitres, le résultat est prévisible.
Retrouver leur statut de « Dandy » est le rêve de tous ces parvenus qui se retrouvèrent, du jour au lendemain, à faire la manche.